La montée de l’extrême droite en Allemagne et en France
Par Jawad KERDOUDI Professeur de Relations internationales et Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
On note ces dernières années une montée des partis d’extrême-droite en Allemagne et en France où vit une importante communauté musulmane. Les plus représentatifs sont l’AFD (Alternative pour l’Allemagne) et le Front national pour la France. Le discours de ces partis porte sur la lutte contre le terrorisme, l’immigration, le protectionnisme et tend à renforcer la sécurité. Ils se positionnent comme des adversaires de l’islam politique, en profitant des derniers attentats jihadistes et de l’augmentation de l’immigration à partir de la Syrie.
En Allemagne, l’AFD a déjà réalisé des succès en devançant le SPD (Parti socialiste) en Saxe et en battant le CDU (Parti démocrate chrétien) en Poméranie occidentale. L’AFD s’érige en "Volkspartei" (Parti du peuple) en se vantant d’être de vrais patriotes et en disant la vérité aux citoyens. Aux élections législatives de 2017 en Allemagne ils sont crédités de 16% de vote.
En France, le Front national se vante d’être le premier parti de France. Aux dernières élections départementales, il a été crédité de 35% de vote des salariés du privé contre 32% pour les partis de gauche et de 31% pour les partis de droite. Il gagne terrain dans le monde ouvrier surtout dans les régions où sévit un chômage élevé. C’est ainsi que dans les régions où le chômage est supérieur à 14%, il accède à 40% des votes. Les ouvriers reprochent au PS de présenter comme candidats aux élections des cadres et des enseignants. D’ores et déjà, les sondages indiquent que pour les élections présidentielles françaises de 2017, Marie-Le Pen du Front National sera de toutes façon élue au premier tour avec 25 à 28% de voix. Elle prépare déjà le second tour en prenant des positions moins extrêmes que Eric Zemmour avec sa théorie fumeuse du « Grand remplacement » ou Robert Ménard avec son slogan d’une « France blanche et catholique ». C’est ainsi que sur le Burkini, alors que Nicolas Sarkozy préconise l’interdiction pure et simple, Marie-Le Pen se prononce pour l’interdiction sur les lieux publics de tous les signes ostensibles de religion, y compris la Kippa et les grandes Croix. Marie-Le Pen déclare aussi qu’elle n’est pas contre l’islam, mais contre le fondamentalisme islamiste.
Le Maroc ayant une communauté importante en France et la Turquie une communauté importante en Allemagne, on ne peut que déplorer le développement des partis extrémistes en Allemagne et en France. Il faudrait lutter contre ces partis en indiquant que les actes terroristes jihadistes ne sont commis que par une frange très minoritaire de musulmans, et que l’immense majorité de la communauté musulmane veut vivre en paix dans les pays d’accueil en respectant ses lois et règlements. Il faut aussi aider à lutter contre l’immigration clandestine qui porte un grand tort à l’image des pays africains et musulmans. Il faut espérer enfin que ni le FN ni l’AFD ne prendront le pouvoir en 2017.
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