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Elections législatives marocaines du 7 Octobre 2016
Les programmes économiques des partis politiques

Par Jawad KERDOUDI,
Professeur de Relations internationales et Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Les partis politiques ont tous proposé des programmes économiques pour les élections législatives du 7 Octobre 2016. Trois remarques préliminaires. Ce sont souvent des propositions d’ordre général non chiffrées. Les propositions sont largement exagérées et ne correspondent pas à la réalité. Enfin lorsque les propositions sont chiffrées, le parti n’indique pas les moyens de parvenir à l’objectif fixé.

Prenons par exemple le taux de croissance. Alors que le taux de croissance moyen de l’économie marocaine a été de 3% pendant la période 2012-2016, tous les partis politiques proposent un taux de 4% et au dessus. Le PAM propose 6%, alors que l’Istiqlal propose un taux de 8% pour les activités non agricoles. De même en ce qui concerne le taux de chômage. Alors qu’il a été de 9,7% en 2015, le plupart des partis veulent le réduire à 8%. Plus chimérique est encore le chiffre de création d’emplois proposé à savoir 150.000 emplois par an, alors qu’il a été effectivement créé 21.000 emplois nets en 2014 et 33.000 emplois en 2015. Les partis politiques donnent un chiffre de création d’emplois sans soustraire les emplois perdus pendant l’année. Une autre proposition peu réaliste du PJD qui veut réduire l’endettement du Trésor de 64% à 56,5% sans donner les moyens d’y parvenir. De même le RNI qui veut réduire le déficit budgétaire à 2 ou 3%, ce qui un objectif irréaliste.

On peut noter cependant quelques propositions originales des partis politiques. L’USFP propose de consacrer à la recherche scientifique 1,5% du budget au lieu de 0,8%. Le parti de l’Istiqlal propose un IS progressif limité à 25% au lieu de 31%, et une diminution de la TVA à 18%. Le PAM est le seul parti qui parle de la régionalisation avancée et qui propose de passer le taux de l’industrie dans le PIB de 14 à 20%, et une TVA de 30% pour les produits de luxe. Le RNI propose un Fonds de financement pour les Start up et l’instauration de Crowfunding. Enfin l’UC ne fait pas de propositions chiffrées et consacre une bonne partie de ses propositions au chômage des jeunes de 15 à 25 ans. On ne peut que regretter que la plupart des partis attendent la dernière minute pour bâcler leur programme électoral. Il faudrait, soit qu’ils fassent adhérer à leur parti des économistes confirmés, soit qu’ils s’adressent à des Cabinets spécialisés.

Malheureusement, les résultats des élections législatives du 7 Octobre 2016 n’ont absolument pas tenu compte de ces programmes. Le PJD qui a gouverné les cinq dernières années avec un bilan économique mitigé a obtenu 125 sièges, et se classe comme le premier parti du Maroc. L’électorat marocain a voté sous le coup de l’émotion sans tenir compte des programmes. La démocratie ne peut avancer dans notre pays sans le développement de l’éducation du peuple. Ce dernier doit être capable de juger les programmes des partis politiques pour voter en connaissance de cause.

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