Les derniers développements de la question du Sahara
Par Jawad KERDOUDI Professeur de Relations internationales et Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Notre cause nationale a connu ces derniers temps de nouveaux développements. D’abord une bonne nouvelle, la désignation du Portugais Antonio Guterres aux fonctions de Secrétaire Général de l’ONU à partir du 1er Janvier 2017. Ce socialiste connaît bien le Maroc et a entretenu de bonnes relations avec la gauche marocaine. Il remplace Ban Ki-moon qui avait adopté une position déséquilibrée sur la question du Sahara en faveur de nos adversaires, notamment lors de son séjour en Mars 2016 en Algérie et à Tindouf. M. Guterres a été pendant dix ans (2005-2015) Haut Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés et a fixé le nombre de personnes déplacées à Tindouf à 90.000 au lieu de 160.000 avancé par l’Algérie et le Polisario. M. Guterres avait déjà demandé en 2009 le recensement des réfugiés à Tindouf sans résultat, et va certainement le demander à nouveau une fois Secrétaire Général de l’ONU. Notre diplomatie doit s’activer auprès de M. Guterres pour remettre de nouveau à l’ordre du jour le Plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 à l’ONU, du fait que ce plan avait été occulté par Ban Ki-moon.
L’autre développement positif est le retour du Maroc à l’Union africaine qui sera certainement acté en Janvier 2017 à Adis Abéba. Ce retour va permettre à notre pays de défendre ses intérêts sur le Sahara à l’intérieur de cette enceinte africaine. Un demi-succès a été obtenu par le Maroc quant à l’Accord agricole Maroc/UE qui a fait l’objet de suspension le 10 Octobre 2015 par le Tribunal de justice de l’Union européenne. Suite à un pourvoi contre ce jugement le 19 Février 2016 du Conseil de l’Union européenne, l’Avocat général de la Cour européenne de justice a donné un avis recommandant le rejet du jugement du Tribunal de justice, et le rétablissement de l’accord dans tous ses effets. Cependant, cet avis précise que l’Union Européenne ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Il faut s’activer auprès de Bruxelles, car la décision finale de la Cour européenne de justice aura lieu dans un mois. En ce qui concerne les relations du Maroc avec le Suède, la visite au Maroc le 7 Septembre 2016 de la Ministre suédoise des affaires étrangères a permis de rétablir la confiance entre les deux pays. Cependant, les socialistes et les communistes suédois reviennent à la charge contre le Maroc, et comptent soutenir à l’avenir le droit à l’autodétermination de la population sahraouie au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, où la Suède deviendra membre non permanent à partir du 1er Janvier 2017.
Enfin l’Ambassadeur du Maroc à l’ONU Mr. Omar Hilale a demandé à la 4ème Commission de l’Assemblée Générale de l’ONU chargée des questions de décolonisation de se décharger de la question du Sahara, étant donné qu’elle est déjà traitée par le Conseil de Sécurité, et ce en vertu de l’alinéa 1 article 12 de la Charte des Nations-Unies. D’autre part, Mr Omar Hilale a défié l’Algérie devant cette même Commission de contester le chiffre de 30.000 personnes vivant dans les camps de Tindouf. Malgré cette demande, la 4ème Commission de l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté le 10 Octobre 2016 une résolution qui appuie le processus onusien pour le règlement de la question du Sahara, et appelle les Etats de la région à coopérer pleinement avec le Secrétaire général de l’ONU et son Envoyé spécial pour parvenir à un règlement politique de ce différent régional.
En conclusion, la question du Sahara est loin d’être réglée, et il appartient à toutes les forces vives du Maroc de se mobiliser jusqu’à la victoire finale. Outre le Ministère des Affaires étrangères, le nouveau Parlement qui vient d’être élu doit se saisir de la question du Sahara, ainsi que la société civile. Il faut mettre en valeur en plus des arguments juridiques et politiques, la forte participation des Provinces sahariennes aux diverses élections, avec 52% aux dernières élections législatives du 7 Octobre 2016. Enfin, il faut mettre en exergue le Plan de développement des Provinces sahariennes lancé par le Roi Mohammed VI le 7 Novembre 2015 à Laayoune portant sur de nombreux projets totalisant 77 milliards de dirhams d’investissement avec la création de 120.000 emplois.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI