logo_imri
logo_imri

La COP22 de Marrakech
Quelles perspectives ?

Par Jawad KERDOUDI
Professeur de Relations internationales et Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


L’IMRI a invité Samedi 21 Octobre 2016 Monsieur Abdelouahed FIKRAT Secrétaire Général du Ministère Chargé de l’Environnement qui a fait une excellente Conférence sur la COP22 de Marrakech et ses perspectives.

Mr FIKRAT a d’abord expliqué ce qu’est le changement climatique : jusqu’à la Révolution industrielle de 1850 et grâce à l’action de l’atmosphère qui entoure la terre, la température moyenne était de 18°C. Mais à partir de la Révolution industrielle, et du fait des émissions de gaz à effet de serre provenant principalement de la combustion des énergies fossiles, la température moyenne de la terre a augmenté de 1°C et risque d’augmenter à 4°C d’ici 2100 si rien n’est fait. Les conséquences de cette augmentation de la température sont catastrophiques. Il s’agit tout d’abord du dérèglement climatique avec une fréquence différente des saisons, des sécheresses, et des tempêtes. Cette augmentation de la température fait fondre les glaciers et élève le niveau de la mer avec le risque de disparition de certaines îles en 2050. Si rien n’est fait, les villes côtières seraient gravement endommagées d’ici 2100, sans compter les conséquences graves sur l’agriculture et la santé. Les responsables de cette situation sont surtout les pays développés, alors que l’Afrique ne participe qu’à 4% des émissions de gaz à effet de serre et le Maroc à 0,2%.

Les premières discussions à l’ONU pour le changement climatique ont commencé en 1972, mais ce n’est qu’en 1992 que les réunions internationales sur le sujet ont démarré sérieusement. Au départ, elles furent houleuses du fait que les pays en voie de développement ont porté la responsabilité du changement climatique sur les pays développés, et que leur priorité était d’abord d’assurer le développement économique et social de leur peuple. Au fil des réunions, et du fait que le changement climatique n’a pas de frontières, un consensus a été trouvé entre toutes les nations de la terre pour lutter contre le changement climatique. Deux notions fondamentales sont apparues : l’atténuation, c'est-à-dire toutes les mesures pour diminuer l’émission de gaz à effet de serre, et l’adaptation à savoir les mécanismes pour s’adapter au changement climatique.

Il y a eu 21 COP (Conférence entre les parties) qui se sont réunies sous l’égide de l’ONU pour discuter des problèmes très complexes du changement climatique. La COP21 qui a eu lieu à Paris du 30 Novembre au 12 Décembre 2015 a obtenu des résultats très positifs qui ont été adoptés par 194 pays. L’Accord de Paris a décidé de diminuer l’augmentation de la température à la surface de la terre à moins de 2°C d’ici 2100, avec un objectif de ne pas dépasser 1,5°C. Pour atteindre cet objectif, chaque pays signataire doit déposer auprès de l’ONU les NDC (Contributions déterminées nationales), à savoir les mesures qu’il compte prendre pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. A moyen terme, l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone en 2050, c'est-à-dire l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et l’absorption par les puits de carbone : forêts, océans, capture et stockage du CO2. Afin d’aider les pays en voie de développement à réduire leur émission de gaz à effet de serre, l’Accord de Paris a décidé la création à partir de 2020 d’un Fonds Vert de 100 milliards de $ par an dont le montant sera révisé en 2025. Afin d’assurer une utilisation optimale de ce Fonds Vert, l’Accord de Paris a décidé également le renforcement des capacités des pays en voie de développement, afin de leur permettre de présenter aux bailleurs de fonds des projets bien étudiés et rentables. Pour que l’Accord de Paris soit valide, il faut qu’il soit ratifié par 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre. Valeur aujourd’hui ce niveau a été atteint, et l’Accord de Paris sera validé formellement à Marrakech le 4 Novembre 2016.

La COP22 qui va se tenir à Marrakech du 7 au 17 Novembre 2016 va traiter de quatre sujets très importants. Il s’agit tout d’abord du mode de gestion du Fonds Vert de 100 milliards de $ : Qui va contribuer ? Sous forme de dons ou de prêts ? Qui va en bénéficier et selon quelles modalités ? Le deuxième sujet est le renforcement des capacités des pays en voie de développement. Figure également à l’ordre du jour le pré-2020, c'est-à-dire les mesures à prendre d’ici 2020. Le quatrième sujet sera le transfert de technologie et les mesures à prendre pour que le Brevets en relation avec le changement climatique puissent tomber rapidement dans l’espace public. Enfin, la société civile fera l’objet de larges discussions afin de mobiliser toutes les organisations non-gouvernementales.

En conclusion, le Maroc en diminuant largement ses émissions de gaz à effet de serre (-42% d’ici 2030) et en développant d’une façon spectaculaire les énergies renouvelables tels que l’éolien et le solaire, s’est placé en première ligne des pays en voie de développement en ce qui concerne le changement climatique. C’est ce qui lui a valu l’honneur d’organiser la COP22 à Marrakech, dont il prendra la Présidence le 18 Novembre 2016. Il se place également comme le porte-parole des pays africains et insulaires. Enfin la ville de Marrakech va recevoir les délégations de 196 pays signataires de la Convention cadre des Nations Unis sur le changement climatique. Ce grand événement aura un impact très positif sur notre pays et dans tous les domaines : politique, économique, et social.

CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI

page numéro [ 1 ] 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121