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Les pays émergents : Quel avenir à l’Horizon 2050 ?

Par Jawad KERDOUDI,
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Price Waterhouse Coopers vient de publier une étude sur l’économie mondiale à l’horizon 2050, dont les résultats sont quelques peu surprenants. Cette étude se base sur une croissance mondiale de 2,6% par an de 2016 à 2050. Cette étude classe les pays dominant l’économie mondiale en E7 : Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie, et G7 : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni. La première catégorie qui représente les pays émergents connaîtra une croissance de 3,5% par an, et représentera 50% du PIB mondial en 2050 dont 20% pour la Chine. La deuxième catégorie qui représente les pays développés actuels ne connaîtra qu’une croissance de 1,6% par an, et ne représentera que 20% du PIB mondial en 2050. L’étude s’est basée sur deux moteurs de la croissance : le développement démographique et la productivité, des forces elles-mêmes mues par l’investissement.

Selon cette étude il y aura un chambardement des dix premières économies du monde en 2050. C’est ainsi qu’elle établit le classement suivant : le premier seront la Chine, suivie de l’Inde, les Etats-Unis, l’Indonésie, le Brésil, la Russie, le Mexique, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Progresseront par rapport au classement de 2016 : la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie. Par contre, chuteront les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, tandis que la Russie sera stable à la sixième place, et la France disparaîtra des dix premières économies mondiales en 2050. L’étude indique également la croissance vertigineuse de trois pays : le Vietnam avec une croissance annuelle de 5,1%, les Philippines 4,3% et le Nigeria 4,2%. Pour l’Afrique l’étude cite deux pays qui connaîtront une forte progression : le Nigeria et l’Egypte.

Cette étude menée par un Cabinet de renommée mondiale appelle les remarques suivantes. Elle se base sur le PPA (Parité de pouvoir achat) et non pas sur le PIB (Produit intérieur brut). Si on prend le PIB qui détermine la richesse réelle d’un pays, le classement des dix premières économies mondiales serait différent en 2050.

De plus, cette étude se place selon les donnés de 2016, alors que beaucoup d’événements auront lieu d’ici 2050. En ce qui concerne les critères de classement : la croissance démographique et la productivité, l’évaluation de ces critères dépend largement de l’éducation et la formation. En effet, le développement démographique peut être un élément négatif s’il n’est pas accompagné d’éducation et de formation. Cette étude ne prend pas en compte le critère de l’innovation qui peut bouleverser l’économie d’un pays. La digitalisation, le développement de la robotique et du système 3D vont bouleverser les méthodes d’organisation des entreprises industrielles et de services. Aussi, le facteur démographique sera moins important d’ici l’horizon 2050. On a vu comment l’invention et le développement de l’internet et du smartphone ont bouleversé l’économie mondiale. Les réseaux sociaux ont maintenant une diffusion planétaire. Six réseaux dépassent un milliard d’utilisateurs actifs par mois : Facebook, Youtube, Whatsapp, Facebook Messenger, Facebook Groups, Google Hangouts. Or tous ces réseaux sont américains, et le réseau chinois Tencent QQ ne vient qu’en septième position. Rien n’indique que l’avance américaine dans ce domaine sera entamée d’ici 2050.

Aussi, faut-il prendre cette étude avec beaucoup de précaution. Certes les pays émergents vont monter en puissance d’ici 2050, mais il est difficile d’imaginer que les économies de l’Indonésie, de la Russie et du Mexique vont dépasser en 2050 celles de l’Allemagne, du Japon et du Royaume-Uni. En ce qui concerne l’Afrique, aucun pays africain ne figure dans les dix premières économies du monde en 2050, mais l’étude reconnaît une forte progression de l’Egypte et du Niger. Pour notre pays le Maroc, cette étude confirme la nécessité de diversifier notre économie non seulement en Afrique, mais également en Asie et en Amérique. En Asie il s’agit de promouvoir nos relations économiques avec la Chine, l’Inde, l’Indonésie, et la Russie. En Amérique avec le Brésil et le Mexique.

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