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Sommet du G7 en Sicile
Des résultats décevants

Par Jawad KERDOUDI,
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Rappelons tout d’abord que c’est le Président Giscard d’Estaing qui en 1975 avait créé le G5 qui était une réunion informelle regroupant cinq grands pays : Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne et Japon. Ce groupe devait alors faire face à l’augmentation considérable du prix du pétrole décidée par l’OPEP en 1973. Le G5 est devenu le G7 avec l’adjonction du Canada et de l’Italie, puis le G8 avec le rajout de la Russie qui a été exclue en 2014 après l’invasion de la Crimée. Plus tard et après la grande crise financière de 2008, a été crée le G20 qui regroupe également des pays émergents d’Afrique, d’Amérique latine, et d’Asie.

Les membres du G7 qui ne représentent que 40% du PIB mondial se sont réunis les 26 et 27 Mai 2017 à Taormine en Sicile (Italie). La particularité de ce Sommet est la présence de nouveaux dirigeants : Donald Trump pour les Etats-Unis, Emmanuel Macron pour la France, Theresa May pour le Royaume-Uni, et Paolo Gentiloni pour l’Italie. Le Chancelière allemande Angela Merkel a évoqué des échanges très difficiles et des résultats très décevants. La preuve en est que dans les Sommets précédents du G7, la déclaration finale est bouclée à l’avance, alors celle du Sommet de Sicile n’a été conclue que le dernier jour des négociations. La cause de cette situation est la présence de Donald Trump, qui sur de nombreux sujets s’est opposé aux positions des six autres pays membres du G7.

La première difficulté a eu lieu concernant le changement climatique et la conclusion de l’Accord de Paris. Alors que les six se sont engagés à le mettre en œuvre le plus rapidement possible, Donald Trump a déclaré « Je ne rendrai ma décision formelle sur l’Accord de Paris que la semaine prochaine ». Ceci est très grave, car il a fallu des décennies de négociations sous l’égide de l’ONU pour parvenir à l’Accord de Paris, qui a été approuvé par 195 délégations dont les Etats-Unis, et dont l’objet est de réduire le réchauffement climatique au-dessous de 2° C à l’horizon 2100 par rapport aux niveaux préindustriels. Les Etats-Unis étant le second pollueur de la planète après la Chine, son retrait de l’Accord de Paris risque d’être catastrophique pour l’avenir du changement climatique.

Le second problème posé par le Sommet du G7 en Sicile est le commerce international, où la nouvelle administration américaine veut rétablir le protectionnisme, pour défendre l’industrie américaine et éviter les délocalisations. Les discussions ont été très longues pour convaincre les Américains d’inclure dans le communiqué final la lutte contre le protectionnisme, et le respect des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais cette question n’est pas totalement tranchée, étant donné que Donald Trump pendant toute sa campagne électorale, avait menacé d’établir des droits de douane à l’entrée des produits étrangers et notamment chinois. Ceci alors que le Président Macron a mis en garde contre « La fragilisation du multilatéralisme, avec des régimes tentés de ne pas respecter ses règles ».

Alors que les années 2016 et 2017 ont connu un flux migratoire extraordinaire partout dans le monde, et notamment en Europe où l’Allemagne a reçu prés d’un million de migrants venant d’Afrique Subsaharienne et du Moyen-Orient, là aussi les résultats fûrent décevants. Le Président du Conseil italien Paolo Gentiloni voulait placer le problème de la migration en tête de l’agenda du Sommet du G7, du fait même que la Sicile a reçu des centaines de milliers de migrants au cours des quatre dernières années. Les Etats-Unis et les Britanniques ont coupé court à cette initiative et ont surtout insisté sur l’aspect sécuritaire, et ce malgré l’invitation au Sommet de cinq pays africains : Ethiopie, Kenya, Niger, Nigeria, Tunisie.

La seule décision unanime du G7 de Sicile a été la volonté commune de lutter contre le terrorisme international. Pour cela, la déclaration du Sommet préconise de faire pression sur les grands acteurs du web (Google, Facebook, Twiter) pour qu’ils s’engagent à détecter, signaler, et supprimer les appels au Jihad. Cet aspect sécuritaire avait été également soulevé lors de la réunion spéciale de l’OTAN qui a eu lieu le 25 Mai 2017 à Bruxelles. En effet a été prise la décision que l’OTAN rejoigne la Coalition internationale contre Daesh. Cependant, il ne s’agit pas pour l’OTAN d’envoyer des troupes en Irak et en Syrie, mais d’entraîner les forces locales, d’utiliser les avions AWACS pour la surveillance, et de renforcer la coordination des renseignements entre les alliés de l’OTAN, particulièrement pour les combattants étrangers. Cette réunion de l’OTAN du 25 Mai 2017 ne s’est pas passée non plus dans de bonnes conditions. Donald Trump n’a pas explicitement endossé l’article 5 du Traité de l’OTAN sur la défense collective, et a demandé aux autres membres de l’OTAN un meilleur partage du fardeau des dépenses de l’Alliance.

En conclusion, l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis risque d’avoir un impact négatif sur les relations internationales tant en ce qui concerne le changement climatique que le retour du protectionnisme. Il faut espérer que les contre-pouvoirs aux Etats-Unis, à savoir le Congrès et le lobby économique puissent peser sur le Président pour l’amener à prendre des décisions plus rationnelles. Notre pays le Maroc doit suivre attentivement l’évolution de ces négociations, car il est impliqué fortement dans la lutte contre le changement climatique et pour la libéralisation du commerce international.

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