Fermeture de l’esplanade des Mosquées
Une nouvelle humiliation d’Israël aux Palestiniens
Par Jawad KERDOUDI, Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Suite à une attaque le Vendredi 14 Juillet 2017 dans la vieille de Jérusalem-Est où deux policiers israéliens ont été tués, le gouvernement israélien a fermé l’esplanade des Mosquées, empêchant les fidèles musulmans de prier dans la Mosquée Al Aqsa, troisième lieu Saint de l’Islam. Suite aux protestations palestiniennes et celles du gouvernement jordanien, gardien des lieux Saints à Jérusalem, Israël a ouvert Dimanche 16 Juillet deux portes d’entrée de l’enceinte sur huit, mais en les dotant de détecteurs de métaux et de cameras. Une partie des fidèles palestiniens a refusé de passer par ces portes et a prié à l’extérieur de l’esplanade.
Cette nouvelle humiliation faite aux Palestiniens s’ajoute à la politique du gouvernement Netannyahou qui s’appuie sur le camp national religieux, et qui multiplie la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Selon les propres chiffres d’Israël, 380.000 colons vivent en Cisjordanie, et une accélération a été enregistrée après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. C’est ainsi qu’a été autorisée la première colonie nouvelle à Amichaï depuis les accords d’Oslo en 1993, qui entoure des terres privées palestiniennes auxquelles les propriétaires auront de grandes difficultés à accéder. Un autre exemple de la politique anti-palestinienne du gouvernement Netannyahou est le cas de la ville de Kalkiliya forte de 50.000 habitants, où le plan de construction de 14.000 logements pour les palestiniens a été suspendu le 12 Juillet 2017, après avoir été validé en Septembre 2016. D’ailleurs, le premier ministre israélien assure que son gouvernement est le plus acquis à la cause des colonies dans l’histoire du pays. Depuis Juillet 2017, les vannes de la colonisation ont été largement ouvertes tant en Cisjordanie qu’à Jérusalem-Est. La stratégie de Netannyahou est claire : construire une frontière unilatérale entre Israël et les territoires palestiniens qui serait incompatible avec la solution à deux Etats. Refusant de la création d’un Etat palestinien, il promet de garder le contrôle sur toute la terre à l’ouest du Jourdain, et de défendre Jérusalem comme capitale indivisible d’Israël. Sur le plan législatif, le Knesset a voté une loi en Février 2017 légalisant les milliers d’habitations bâties sur des terres privées palestiniennes. Enfin l’extrême-droite pousse pour que les législations votées par le Knesset s’appliquent aux résidents israéliens des colonies. Le but est d’arriver à annexer de facto 60% de la Cisjordanie empêchant toute création d’un Etat palestinien.
On ne peut que condamner cette politique du gouvernement de Netannyahou qui est absolument contraire aux accords d’Oslo de 1993. Israël doit comprendre que les attentats commis par les palestiniens ne s’arrêteront que lorsqu’une solution politique sera trouvée, permettant la création d’un Etat palestinien viable. L’histoire nous rappelle que ces attentats sont des formes de résistance contre l’occupant. Ce fût le cas de la résistance des français contre l’occupation allemande, comme celle des algériens et des marocains contre l’occupation française. Israël ne peut vivre en paix que lorsqu’elle résoudra le problème palestinien, et qu’elle signera des traités de paix avec tous ses voisins arabes. Il faut se débarrasser des extrémistes religieux, comme le Général de Gaulle a eu le courage de se débarrasser des putschistes d’Alger, pour accorder l’indépendance à l’Algérie. Une partie minoritaire des israéliens est favorable à la création d’un Etat palestinien. C’est ainsi que le 27 Mai 2017, des milliers d’israéliens ont manifesté à Tel Aviv pour réclamer une solution à deux Etats à l’appel de l’ONG « La Paix Maintenant » hostile à la politique de colonisation menée par Netannyahou. Il faudrait effectuer un travail profond auprès de la société israélienne pour extirper le sentiment de peur, afin de la convaincre de voter lors des prochaines élections pour des partis politiques favorables à la paix.
Il faut constater malheureusement que le conflit israélo-palestinien n’a plus la centralité qu’il devrait avoir. Il est nécessaire que des pressions internationales concrètes soient exercées sur le gouvernement israélien pour modifier sa politique vis-à-vis de palestiniens. Or que constatons-nous ? Donald Trump soutient sans réserve la politique de Netannyahou, et ne considère plus que la solution est dans la création d’un Etat palestinien. L’Europe est indifférente au conflit sauf la France où le Président Macron a renouvelé, mais du bout des lèvres, son attachement à la solution à deux Etats lors de la dernière visite de Netannyahou à Paris. L’Afrique est de plus en plus sensible aux avances de Netannyahou, preuve en est son invitation au dernier Sommet de la CEDEAO. L’Asie est plus préoccupée par les questions économiques et notamment la menace de protectionnisme de Donald Trump. Les pays Arabes sont très affaiblis par les conflits en Irak, Syrie, Libye, Yémen, et par la lutte contre le terrorisme jihadiste. De plus les pays Arabes du Golfe se sont divisés à la suite de l’embargo imposé à Qatar.
En conclusion, le conflit Israélo-Palestinien est particulièrement injuste dans la mesure où un Etat fort impose sa loi à un peuple occupé. Mais cela ne peut se prolonger indéfiniment. L’histoire montre que la justice finit toujours par triompher.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI