La crise de l�esplanade des Mosqu�es
Quelles perspectives pour le conflit isra�lo-palestinien ?
Par Jawad KERDOUDI
Pr�sident de l�IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Rappelons rapidement les faits. Le 14 Juillet 2017 pr�s de l�esplanade des Mosqu�es � J�rusalem deux policiers isra�liens sont tu�s. Le gouvernement isra�lien ferme toutes les portes de l�esplanade et annule la pri�re du vendredi du m�me jour. Le 16 Juillet 2017 deux portes de l�esplanade sont r�ouvertes mais avec des portiques portant des d�tecteurs de m�taux. Les fid�les palestiniens refusent de passer par ces portes pour acc�der � la Mosqu�e, et prient � l�ext�rieur de l�esplanade. Des affrontements violents ont lieu le 21 Juillet entre les palestiniens et la police isra�lienne qui ont fait trois morts palestiniens. Pour la pri�re du vendredi 21 Juillet, la police isra�lienne ne laisse p�n�trer dans l�esplanade que les fid�les de moins de 50 ans. Ce m�me jour du vendredi un jeune palestinien de 19 ans a poignard� trois isra�liens dans une colonie en Cisjordanie et en blesse un quatri�me. Toujours ce 21 Juillet, Mahmoud Abbas Pr�sident de l�Autorit� Palestinienne annonce le gel de tout contact avec le gouvernement isra�lien. Le 23 Juillet, une fusillade a eu lieu dans la r�sidence de l�Ambassadeur d�Isra�l � Amman, o� un agent de s�curit� isra�lien a �t� bless� et deux Jordaniens ont �t� tu�s. Enfin le Conseil de S�curit� de l�ONU s�est r�uni le lundi 24 Juillet et veut que la crise soit r�gl�e d�ici Vendredi 28 Juillet, et a insist� pour que le statu quo de l�esplanade des Mosqu�es de J�rusalem soit pr�serv�. Ce m�me jour du 24 Juillet, le gouvernement isra�lien a d�cid� de retirer les portiques portant les d�tecteurs de m�taux. Dans une lettre du 26 Juillet 2017 au Secr�taire G�n�ral de l�ONU le Roi Mohammed VI Pr�sident du Comit� Al Qods a d�nonc� vivement les politiques isra�liennes inacceptables, et l�a exhort� de n��pargner aucun effort pour la cr�ation d�un Etat palestinien ind�pendant dans les fronti�res du 4 Juin 1967 avec pour capitale Al Qods-Est.
Ce nouvel incident s�ajoute � la politique du gouvernement Netannyahou qui s�appuie sur le camp national religieux, et qui multiplie la colonisation en Cisjordanie et � J�rusalem-Est. Selon plusieurs estimations, 600.000 colons isra�liens vivent en Cisjordanie, et une acc�l�ration a �t� enregistr�e apr�s l��lection de Donald Trump � la pr�sidence des Etats-Unis. C�est ainsi qu�a �t� autoris�e la premi�re colonie nouvelle � Amicha� depuis les accords d�Oslo en 1993, qui entoure des terres priv�es palestiniennes auxquelles les propri�taires auront de grandes difficult�s � acc�der. Un autre exemple de la politique anti-palestinienne du gouvernement Netannyahou est le cas de la ville de Kalkiliya forte de 50.000 habitants, o� le plan de construction de 14.000 logements pour les palestiniens a �t� suspendu le 12 Juillet 2017, apr�s avoir �t� valid� en Septembre 2016. D�ailleurs, le premier ministre isra�lien assure que son gouvernement est le plus acquis � la cause des colonies dans l�histoire du pays. Depuis Juillet 2017, les vannes de la colonisation ont �t� largement ouvertes tant en Cisjordanie qu�� J�rusalem-Est.
La strat�gie de Netannyahou est claire : construire une fronti�re unilat�rale entre Isra�l et les territoires palestiniens qui serait incompatible avec la solution � deux Etats. Refusant la cr�ation d�un Etat palestinien, il promet de garder le contr�le sur toute la terre � l�ouest du Jourdain, et de d�fendre J�rusalem comme capitale indivisible d�Isra�l. Sur le plan l�gislatif, le Knesset a vot� une loi en F�vrier 2017 l�galisant les milliers d�habitations b�ties sur des terres priv�es palestiniennes. Enfin l�extr�me-droite pousse pour que les l�gislations vot�es par le Knesset s�appliquent aux r�sidents isra�liens des colonies. Le but est d�arriver � annexer de facto 60% de la Cisjordanie emp�chant toute cr�ation d�un Etat palestinien.
On ne peut que condamner cette politique du gouvernement de Netannyahou qui est absolument contraire aux accords d�Oslo de 1993. Isra�l doit comprendre que les attentats commis par les palestiniens ne s�arr�teront que lorsqu�une solution politique sera trouv�e, permettant la cr�ation d�un Etat palestinien viable. L�histoire nous rappelle que ces attentats sont des formes de r�sistance contre l�occupant. Ce f�t le cas de la r�sistance des fran�ais contre l�occupation allemande, comme celle des alg�riens et des marocains contre l�occupation fran�aise. Isra�l ne peut vivre en paix que lorsqu�il r�soudra le probl�me palestinien, et qu�il signera des trait�s de paix avec tous ses voisins arabes. Il faut se d�barrasser des extr�mistes religieux, comme le G�n�ral de Gaulle a eu le courage de se d�barrasser des putschistes d�Alger, pour accorder l�ind�pendance � l�Alg�rie. Une partie minoritaire des isra�liens est favorable � la cr�ation d�un Etat palestinien. C�est ainsi que le 27 Mai 2017, des milliers d�isra�liens ont manifest� � Tel Aviv pour r�clamer une solution � deux Etats � l�appel de l�ONG � La Paix Maintenant � hostile � la politique de colonisation men�e par Netannyahou. Il faudrait effectuer un travail profond aupr�s de la soci�t� isra�lienne pour extirper son sentiment de peur, afin de la convaincre de voter lors des prochaines �lections pour des partis politiques favorables � la paix.
Le conflit isra�lo-palestinien pr�serve toute sa centralit� malgr� tous les autres probl�mes qui minent la r�gion du Moyen-orient. Il est n�cessaire que des pressions internationales concr�tes soient exerc�es sur le gouvernement isra�lien pour modifier sa position vis-�-vis des palestiniens. Notamment en exigeant l�arr�t de toute nouvelle colonisation en Cisjordanie et � J�rusalem-Est, et en reconnaissant l�Etat palestinien. Le recul du gouvernement isra�lien dans la question de l�esplanade des Mosqu�es est un bon signe. Il faut maintenant s�attaquer � la r�solution du conflit sur le fond.
En conclusion, le conflit Isra�lo-Palestinien est particuli�rement injuste dans la mesure o� un Etat fort impose sa loi � un peuple occup�. Mais cela ne peut se prolonger ind�finiment. L�histoire montre que la justice finit toujours par triompher.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI