72ème Assemblée Générale de l’ONU
Les grands défis mondiaux
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le 19 Septembre 2017 a été ouverte à New York la 72ème Assemblée Générale des Nations Unis qui regroupe 193 pays et en présence de 130 chefs d’Etat. Cette Assemblée Générale aura à traiter de nombreux défis mondiaux d’une grande dangerosité.
Le plus explosif est celui de la Corée du Nord qui avance très rapidement vers l’acquisition de l’arme nucléaire, et qui a multiplié le lancement de missiles balistiques ces derniers mois. A chaque lancement de missile, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté des sanctions contre la Corée du Nord, mais qui semblent avoir peu d’effet sur le dictateur Nord-Coréen. Dans son discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU, le Président américain Donald Trump a déclaré que s’ils étaient contraints de se défendre ou défendre ses alliés, les Etats-Unis n’auront pas d’autre solution que de détruire complètement la Corée du Nord. Pour appuyer ses dires, des bombardiers américaines ont longé Samedi 23 Septembre les côtes nord-coréennes. Le Président français Emmanuel Macron également dans son discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU, s’oppose à l’usage de la force contre la Corée du Nord, et insiste sur la pression des sanctions et le nécessaire engagement de Moscou comme Pékin pour forcer Pyongyang à s’asseoir à la table des négociations. Il faut espérer que la solution de Macron triomphe, car l’attaque de la Corée du Nord par les Etats-Unis pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la Corée du Sud et pour le monde.
Un autre problème important est l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 après des décennies de négociations, et qui a pour but de geler les progrès iraniens vers l’arme atomique contre la levée des sanctions.
Là aussi Donald Trump menace de mettre en cause cet accord, alors qu’Emmanuel Macron se prononce sur le respect des accords. Si l’accord nucléaire avec l’Iran est dénoncé par les Etats-Unis, l’Iran va reprendre sa course vers l’arme atomique, avec des risques importants pour la paix régionale et internationale. Dans le même cadre du non respect des accords, Donald Trump a déjà retiré les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le changement climatique conclu en 2015. Certes les autres signataires de l’accord l’ont confirmé, mais le départ des Etats-Unis, second pollueur de la planète, aura des effets sur la lutte contre le fléau. Donald Trump a également retiré les Etats-Unis du Traité Transpacifique et veut renégocier les autres Accords commerciaux signés par les Etats-Unis dont l’Alena.
Le monde connaît malheureusement plusieurs conflits soit intérieurs soit régionaux. Les plus graves sont ceux d’Irak, Libye, Syrie, et Yémen. L’Assemblée Générale de l’ONU aura du mal à trouver des solutions, car les membres sont divisés sur ces conflits. Pour ce qui est de la Syrie, si tous sont pour l’éradication de l’Etat islamique, la Russie et l’Iran soutiennent le régime de Bachar Al Assad, alors que les Etats-Unis et la France sont plus favorables à une solution politique qui éliminerait à terme le Président syrien. Au Yémen, se livre une guerre atroce opposant indirectement l’Arabie saoudite et l’Iran. Quant à la Libye, elle vit une impasse politique entre deux dirigeants qui n’arrivent pas à s’accorder pour le moment. L’Irak de son côté poursuit ses efforts pour reconquérir les territoires acquis par Daesh, et fait face à la velléité d’indépendance du Kurdistan. Concernant Cuba, alors que le Président Obama avait fait beaucoup d’efforts pour normaliser les relations entre les deux pays, Donald Trump refuse de lever l’embargo sur l’Ile tant que des réformes démocratiques ne sont pas prises. Donald Trump attaque violement le régime de Nicolas Maduro au Venezuela et déclare « Nous ne pourrons pas rester sans rien faire ». S’il y a unanimité des pays membres des Nations Unis sur la lutte contre le terrorisme, les positions sont différentes sur le dossier douloureux des migrations avec beaucoup de réticence des pays occidentaux d’accueillir les migrants dans leur propre pays.
En conclusion, ont peut affirmer que le monde en ce début du XXIème siècle va mal. Ce qui complique la recherche de solution, est l’opposition entre deux thèses concernant les relations internationales. Celle de Macron qui est fondée sur le multilatéralisme, la concertation entre les nations, le respect des accords, la priorité de l’action diplomatique pour résoudre les crises. Celle de Donald Trump qui proclame « L’Amérique d’abord » et qui réaffirme une vision du monde centrée sur la promotion de la souveraineté nationale et le grand réveil des nations.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI