La crise de la Catalogne
Pour une solution négociée
Par Jawad KERDOUDI, Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
La Catalogne est une région historique d’Espagne régie par un statut d’autonomie qui depuis 2006 la définit comme « une réalité nationale ». Peuplé de 7,5 M d’habitants, c’est la communauté autonome la plus riche d’Espagne avec un PIB de plus de 255 milliards de dollars. Elle dispose d’une large autonomie avec un Gouvernement et un Parlement régional.
Dès le début de 2016, une crise aigue s’installe entre le gouvernement central de Madrid et le gouvernement régional de Catalogne qui réclame l’indépendance. C’est ainsi que le 1er Octobre 2017, le gouvernement régional de Catalogne a organisé un référendum d’autodétermination jugé illégal par le gouvernement espagnol. Alors que le taux de participation n’est que de 43,03%, il est annoncé 90,8% de oui, avec l’intention du Chef du gouvernement régional de déclarer unilatéralement l’indépendance de la Catalogne dans les prochains jours.
Cette crise de la Catalogne est la plus grave pour l’unité de l’Espagne depuis le retour de la démocratie en 1977. Des dizaines de milliers d’Espagnols ont manifesté dans plusieurs villes samedi 7 Octobre pour l’unité et le dialogue. A Barcelone une grande manifestation anti-indépendantiste a eu lieu dimanche dernier. En Catalogne même on estime à 50% les personnes défavorables à l’indépendance. Le premier Ministre Mariano Rajoy n’a pas écarté la menace de l’article 155 de la Constitution espagnole qui l’autorise à suspendre l’autonomie de la Catalogne. A titre exceptionnel, le Roi d’Espagne Felipe VI est sorti le 3 Octobre de son silence, et a estimé que les indépendantistes ont bafoué l’Etat démocratique, et qu’il s’engage pour l’unité et la permanence de l’Espagne.
Ils serait très risqué pour la Catalogne, l’Espagne et l’Europe, d’une déclaration d’indépendance unilatérale de la Catalogne. Déjà beaucoup de grandes sociétés ont transféré leur siège social hors de la Catalogne. La crise catalane menace l’Union européenne qui a averti qu’en cas d’indépendance, la Catalogne serait considérée comme pays tiers. L’exemple séparatiste de la Catalogne pourrait être suivi par d’autres régions en Europe et dans le monde. C’est pour cela qu’une solution négociée doit intervenir le plus rapidement possible entre le gouvernement central de Madrid et le gouvernement régional de Barcelone. Mariano Rajoy conditionne l’ouverture de négociations par l’abandon par les dirigeants Catalans de la déclaration d’indépendance.
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