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Le Développement des Provinces Sahariennes : Cas de la Région de Oued Eddahab-Lagouira


Par Jawad Kerdoudi


Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Une délégation de 32 personnes s’est rendue à Dakhla le 20 Mars 2010 pour participer au séminaire organisé par l’IMRI sur le développement de la région Oued Eddahab-Lagouira. Composée d’hommes d’affaires, de représentants de professions libérales, et de professeurs universitaires, elle a eu comme objectifs de se rendre compte sur place du développement de la région, et de tisser des relations avec la population.

Au cours du séminaire organisé en la collaboration avec Wilaya de Oued Eddahab-Lagouira, les différents responsables de la région ont exposé la situation actuelle de leur secteur et les perspectives d’avenir. Rappelons tout d’abord que la région de Oued Eddahab-Lagouira a été récupérée par le Maroc en 1979, à la suite du désistement de la Mauritanie sur ce territoire. A l’époque de la reprise, Dakhla chef-lieu de la région, n’était constituée que de quelques casernes militaires et bidonvilles avoisinants. D’une superficie de 140.000 Km2 (20 % du territoire national), la région dispose d’un littoral de 667 km et d’une baie de 37 km, et bénéficie d’un climat tempéré (entre 16 et 26°). La population de la région qui n’était que de 50.000 habitants en 2006 atteint 160.000 actuellement, dont 90 % vivent à Dakhla, ce qui en fait une ville-région. Enfin, sa situation géographique, la place à quelques kilomètres de la Mauritanie et des Iles-Canaries.



Incontestablement, l’activité qui présente le plus de perspectives est le tourisme. En effet le climat, la beauté des paysages désertiques, et un vent favorable, en font un lieu privilégié pour les sports de glisse. Pour promouvoir ce secteur, est organisé chaque année un grand Festival intitulé « Mer et Désert » alliant musique, windsurf, kitesurf et surf. Les grands noms internationaux des sports de glisse viennent également participer au Championnat mondial de kitesurf. Sont également organisées des activités culturelles (Forum Hassani), des rencontres cinématographiques, un semi-marathon, et des courses de chameaux. Disposant déjà de quatre hôtels classés, avec plusieurs autres en construction, Dakhla est reliée par voie aérienne à Las Palmas, et dispose de 5 vols par semaine sur Casablanca par Boeing 737-800. De nouvelles liaisons aériennes sont en cours de discussion pour relier Dakhla aux autres villes du Royaume et aux pays européens. Enfin, une nouvelle aérogare a été construite, et n’attend que son inauguration.



Le second secteur promoteur est celui de la pêche qui constitue 65 % du potentiel national exploitable, dont 6 millions de tonnes de poisons pélagiques. La région dispose de 85 unités de traitement de poisson agréées pour l’exportation dont 45 unités de congélation, et un centre de cuisson de crustacés. Outre le port de pêche, la région est équipée de cinq villages de pêcheurs, alors que la baie de 400 km2 est propice à l’aquaculture. La troisième activité de la région est l’agriculture, particulièrement pour les primeurs et les cultures fourragères .Sur un potentiel de 2000 ha prévu par le Plan vert, environ 600 ha sont actuellement exploités. La Délégation a pu visiter une ferme où sont cultivés en hors-sol et sous-serre, des tomates arrosées par le système de goutte à goutte, et destinées à l’exportation. Cependant, le développement de l’agriculture, grosse consommatrice d’eau, est conditionné par les études en cours de la nappe phréatique. Des projets de dessalement de l’eau de mer sont également à l’étude. Dakhla a été déclarée en Janvier 2010 « Ville sans bidonvilles », suite à l’éradication des logements insalubres par une politique intensive des pouvoirs publics en matière de logement social. Le Plan de développement urbain (PDU) prévoit l’installation d’un dépotoir à 43 km au nord de la ville, l’épuration des eaux usées, l’agencement urbain, ainsi qu’une zone industrielle municipale de 40 ha.



Le développement économique de la région est assuré par l’Agence de Développement des Provinces du Sud. Créé en 2004, cette Agence constitue en fait le back-office pour les collectivités locales, pour les aider à trouver les financements et à mettre en place et exécuter les projets. Les réalisations de l’Agence ont consisté en la construction d’un point de débarquement pour les pêcheurs, l’élargissement des voies routières, le règlement du problème de la décharge publique, l’installation du marché de gros, et de multiplies programmes d’équipements collectifs (terrains de sport, médiatique, centre de conférences). L’Agence est accompagnée sur place par le Centre Régional d’Investissement, qui tente d’attirer le maximum d’investissements privés marocains et étrangers. L’atout principal de la région est la disponibilité d’une grande assiette foncière qui fait partie du domaine privé de l’Etat. A cela s’ajoutent les incitations fiscales : exonération de la TVA, des droits d’enregistrement, du prélèvement fiscal à l’importation, ainsi que d’autres avantages qui peuvent être accordés par l’Etat pour des projets d’ envergure. Malgré la crise économique, l’année 2009 a été bonne pour la région, puisque les investissements qui n’étaient que de 958 millions de dirhams en 2006 ont atteint 18 milliards de dirhams en 2009. Constitués de 58 projets, ces investissements vont permettre la création de 5280 emplois. L’année 2009 s’est caractérisée également par la création de 242 entreprises. Les secteurs porteurs sont le tourisme, l’agro-alimentaire et les énergies renouvelables. Les investissements étrangers proviennent d’Allemagne, France, Espagne, Italie et Libye. A noter qu’un plateforme éolienne de 11 mégawatts a été validée par la Commission des investissements.



En conclusion, on ne peut que se féliciter des projets considérables qui ont été déjà réalisés pour le développement économique et social de la région Oued Eddahab-Lagouira en trois décennies. Cependant, il y a lieu de redoubler d’efforts pour développer davantage cette région, afin que l’intervention de l’Etat qui était nécessaire, puisse diminuer progressivement au fur et à mesure que la population locale intégrera le circuit économique, et participera au processus de création de la richesse. Tout l’effort de développement doit se faire dans le strict respect de l’environnement, afin de ne pas défigurer cette belle région.





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