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Le Sommet de Brazzaville
Leadership du Maroc dans la lutte contre le changement climatique en Afrique.

Par Jawad KERDOUDI,

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Dimanche 29 Avril 2018 s’est achevé à Brazzaville le premier Sommet des Chefs d’Etat de la Commission climat et du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, qui a donné lieu à la signature d’un protocole pour opérationnaliser cette initiative.

Dans son discours d’ouverture, le Roi Mohammed VI a rappelé que le Bassin du Congo est le second réservoir mondial de carbone, et le deuxième plus grand bassin fluvial, constituant ainsi une des plus grandes zones forestières, et abritant plus de la moitié des espèces animales du continent. Il est par conséquent un régulateur du climat de la planète et fait de l’Afrique le deuxième poumon du monde. Le Fonds bleu a pour objectif principal de sauvegarder et valoriser le bassin du fleuve Congo où vivent 200 millions d’africains. Les projets concrets à réaliser porteront sur l’amélioration des voies de navigation intérieure, l’aménagement de ports secondaires, le développement de la pêche durable, la lutte contre la pollution des cours d’eau, le renforcement de l’irrigation, et l’amélioration de la productivité agricole. Ceci d’autant plus que le fleuve Congo recèle une richesse inestimable : l’eau. Or la baisse des réserves en eau en Afrique risque d’entraîner d’importantes migrations de population, de fragiliser les Etats et de favoriser la précarité. Or, alors que le continent africain dispose de plus de 5.000 milliards de mètres cubes d’eau dans ses nappes phréatiques, 320 millions d’africains n’ont pas accès à l’eau. Pour la réalisation des objectifs de Fonds bleu, il faut une mobilisation de tous les acteurs économiques et de la société civile. L’autre défi majeur est celui du financement qui exige de convaincre les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, publics et privés.



Afin d’accompagner la Commission climat et le Fonds bleu, l’Union africaine nommera un Comité spécial qui se changera de la prise en compte des défis climatiques et des enjeux pour le continent. Le Sommet a été aussi l’occasion de souligner l’aggravation des effets climatiques sur les conditions de vie des populations. Ces effets se traduisent par la dégradation des ressources naturelles, la recrudescence des phénomènes extrêmes, tels que les sécheresses, l’apparition de maladies climato sensibles, et les inondations.



Rappelons que la Commission climat et du Fonds bleu pour le Bassin du Congo est une initiative lancée en marge de la COP22 qui s’est tenu à Marrakech du 7 au 18 Novembre 2016. Le Sommet africain de l’action a réuni à cette occasion une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains, ainsi qu’une cinquantaine de délégations de pays africains. L’enjeu de ce Sommet a été de donner au continent les moyens d’harmoniser les actions de la lutte contre les changements climatiques, et d’agir d’une manière collective en faveur du développement durable. Outre la Commission du Bassin du Congo, le Sommet africain de l’action a créé deux autres commissions : celle du Sahel et celle des Etats insulaires. Au cours de ce Sommet, le Roi Mohammed VI a fait part à ses homologues africains de mettre le savoir-faire du Maroc à leur disposition, notamment en matière des énergies renouvelables. Le Royaume animera également un réseau africain d’expertise climatique à partir d’un Centre de compétences en changements climatiques.

Un mois avant la COP22, le Maroc a lancé l’initiative « Triple A » consacrée à l’agriculture africaine qui emploie plus de 60% de la population et représente 25% du PIB. Le triple « A » vise « l’adaptation de l’agriculture africaine » pour faire face aux défis du changement climatique. L’objectif est de doubler la production agricole d’ici 2030, et de la tripler d’ici 2050 pour faire face à la population africaine qui sera à cette dernière date 2,5 milliards d’habitants. L’initiative « Triple A » vise à solutionner les deux défis majeurs de l’agriculture africaine : la gestion des sols e les ressources en eau.



En conclusion, l’Afrique qui est le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre, est celui qui subira les conséquences les plus dures du changement climatique. Les pays africains dans leur ensemble sont conscients de la menace écologique et sont prêts à y faire face. Trois obstacles sont à relever pour obtenir des résultats concrets. La conciliation entre le développement et le défi écologique, le savoir-faire nécessaire pour l’atténuation et l’adaptation, et le problème du financement. Il est du devoir des pays développés et des institutions internationales d’apporter leur concours à l’Afrique pour lever ces obstacles. En tout cas, le Maroc a mis en œuvre une politique écologique à l’intérieur du pays qui peut servir d’exemple aux autres pays africains. Par l’organisation de la COP22, le lancement du Sommet africain de l’action et le soutien au Fonds bleu pour le Bassin du Congo, le Maroc marque son leadership en Afrique pour ce qui est des défis du changement climatique.

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