Inauguration de l’Ambassade américaine à Jérusalem
Massacre des Palestiniens à Gaza
Par Jawad KERDOUDI, Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le 14 Mai 2018 a été inaugurée en grande pompe l’Ambassade américaine à Jérusalem, tandis que l’armée israélienne tirait à balles réelles à Gaza sur des manifestants palestiniens désarmés faisant plus de 60 morts et 2400 blessés.
Rappelons que c’est le 14 Mai 1948 que fût proclamé l’indépendance d’Israël, et qu’en Novembre de la même année fût divisée la ville de Jérusalem dans sa partie occidentale sous contrôle israélien, et la partie orientale comprenant la « vieille ville » sous contrôle jordanien. La partie occidentale de la ville fût déclarée capitale de l’Etat d’Israël avec installation de la Knesset (Parlement israélien) et la plupart des ministères. Le 7 Juin 1967 durant la « Guerre des six jours », la partie orientale de Jérusalem fût occupée par Israël. Dès le 4 Juillet 1967, une résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU déclarait l’annexion de Jérusalem par Israël nulle et non avenue. Le 30 Juillet 1980, Jérusalem est déclarée par le gouvernement israélien entièrement unifiée et capitale d’Israël. Dans ses résolutions 476 (30 Juin1980), et 478 (20 Août 1980) le Conseil de sécurité de l’ONU (dont font partie les Etats-Unis en tant que membre permanent) déclarait que la loi israélienne établissant Jérusalem capitale « éternelle et indivisible » d’Israël est nulle et non avenue, et constitue une violation du droit international. La résolution 478 enjoint aux Etats membres de retirer leur représentation diplomatique à Jérusalem, et en 2017 aucune ambassade n’est installée à Jérusalem. Le 6 Décembre 2017, le Président Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël. Le 21 Décembre 2017, l’Assemblée Générale de l’ONU considère que la décision américaine n’a pas de force légale, et que la question de Jérusalem devait faire partie intégrité d’accord de paix final ente israéliens et palestiniens. Malgré cela, l’ambassade américaine à Jérusalem fût inaugurée le 14 Mai 2018. De tout ce qui précède, il ressort que la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël est illégale et contraire au droit international. Sur le plan politique, cette décision aligne les Etats-Unis sur le positionnement d’Israël, et éloigne toute solution de paix dans le conflit israélo-palestinien.
La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël a été condamnée un peu partout dans le monde, en Cisjordanie et plus particulièrement à Gaza. Cette ville est la capitale de la « bande de Gaza » d’une superficie de 360 Km2 (longue de 41 Km et large de 6 à 12 Km), et d’une population de 2 millions de personnes. Administrée par l’Egypte à partir de 1948, la bande de Gaza a été occupée par Israël en 1967, et placée sous administration intérimaire de l’Autorité palestinienne en 1993 suite aux Accords d’Oslo. En 2005, le gouvernement israélien a procédé au retrait de son armée et des 9000 colons qui y habitaient. En 2007, le mouvement islamiste Hamas prend le pouvoir à Gaza et mène une lutte acharnée contre Israël. Après trois affrontements armés très meurtriers pour les Gazaouis, Israël établit un blocus très strict de la bande de Gaza la transformant en prison à ciel ouvert. L’approvisionnement est très limité notamment en énergie et en eau, avec une dégradation du système de santé et un très fort taux de chômage. Les jeunes de Gaza ont manifesté le 14 Mai 2018 à la frontière avec Israël pour trois raisons : leur ras-le-bol du blocus israélien, l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, et le droit de retour des palestiniens après la Naqba (désastre) où 800.000 d’entre eux ont dû quitter leur foyer en 1948. Alors qu’ils étaient désarmés, les soldats israéliens ont tiré sur eux à balles réelles.
Le conflit israélo-palestinien dure depuis 70 ans. Les palestiniens n’ont jamais accepté l’usurpation de leur terre par Israël. Plusieurs guerres israélo-arabes ont eu lieu, qui ont causé des pertes humaines et matérielles considérables. Finalement, une solution à deux Etats a émergé après de multiples conférences internationales. Malheureusement, le gouvernent actuel israélien mené par Netanyahou, et soutenu par son allié inconditionnel Donald Trump, torpille cette solution en continuant la colonisation en Cisjordanie, et en proclamant Jérusalem capitale de l’Etat d’Israël. La seule façon d’amener Israël à changer de position, est l’application par la communauté internationale de sanctions politiques (reconnaissance de l’Etat palestinien, rupture de relations diplomatiques) et économiques (suspension des Accords commerciaux, et boycott des produits israéliens à l’instar du boycott des produits de l’Afrique du Sud contre l’apartheid). Seuls des mesures énergiques contre le gouvernement israélien peuvent changer la situation actuelle marquée par le viol quotidien des droits des palestiniens.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI