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BORDEAUX : Un exemple d’urbanisation réussie

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

L’IMRI en collaboration avec les Associations Bordeaux Aquitaine Maroc et Casablanca Chaouia Aquitaine, a organisé du 8 au 12 Mai 2010 une délégation marocaine composée d’élus, d’hommes d’affaires et de représentants de la société civile. Cette délégation s’est rendue à Bordeaux où elle a notamment visité la Foire internationale de Bordeaux, les installations du tramway, et l’Institut des sciences de la vigne et du vin. Ella a été également reçue avec beaucoup d’amitié et de chaleur par les autorités de la ville : Chambre de Commerce et d’Industrie, Mairie, et Communauté Urbaine de Bordeaux.

A la Foire Internationale de Bordeaux qui se tient dans de vastes bâtiments modernes au bord du Lac, la délégation a été reçue par le Président de la Foire qui nous a réservé une réception officielle, avec notamment l’écoute des deux hymnes nationaux : marocain et français. La Foire internationale de Bordeaux se décompose en quatre pôles : environnement et développement durable, le pôle international avec la Russie comme invité d’honneur et 200 exposants provenant du monde entier, un bâtiment consacré au loisirs, services et artisanat, enfin le salon de l’Agriculture en Aquitaine. La Délégation a été particulièrement impressionnée par les 5.000 animaux présentés au Salon de l’Agriculture, et notamment de magnifiques vaches laitières d’une taille et d’un poids énorme. Situé à Villenave d’Ornon, l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin occupe un bâtiment de plus de 10.000 m2 qui a été financé à 60% par le Conseil régional d’Aquitaine et d’autres partenaires. Il a été dévolu à l’Institut trois missions : la recherche, l’enseignement et le transfert de technologie. La recherche étudie tous les aspects techniques qui concernent la vigne et le vin, la formation prend en charge plus de 400 étudiants, le transfert de technologie consiste à prolonger la recherche scientifique par des applications pratiques au profit de la filière. Après la visite, un dîner nous a été offert dans un hôtel géré exclusivement par des élèves de l’Ecole hôtelière de Bordeaux.



La délégation a été particulièrement intéressée par la visite aux autorités de la ville. A la Chambre de commerce et d’industrie, il a été surtout question de développer les relations économiques entre les deux régions : l’Aquitaine et la Chaouia. La délégation marocaine a présenté les réalisations économiques de notre pays durant la dernière décennie, et les opportunités d’échanges et d’investissements qui s’ouvrent aux investisseurs bordelais en matière agricole (Plan vert), industrielle (Plan Emergence) et services (Tourisme et Nouvelles technologies de l’information et de la communication). A la Maire et à la Communauté urbaine ont été examinées surtout les questions d’urbanisation et de transports. Ce fût l’occasion pour la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), de nous présenter son organisation et ses projets. Créée le 1er Juin 1968, elle regroupe 27 communes autour de trois objectifs : réaliser les grands équipements d’agglomération, moderniser les services urbains, et développer l’économie locale. Ses missions spécifiques sont : l’urbanisme et l’habitat, la collecte et le traitement des déchets, l’eau et l’assainissement, les transports urbains, la voirie et la signalisation, le stationnement, les abattoirs et les parcs. La CUB est administrée par le Conseil de communauté qui réunit 120 conseillers pour un mandat de 6 ans, qui représentent les 27 communes qui la composent en nombre proportionnel à la population de chaque commune. Le Conseil se réunit 11 fois par an, et vote les projets qui ont été préalablement étudiés par les commissions spécialisées et le bureau. Ce dernier est constitué d’un Président, de 36 vice-présidents et de 4 maires conseillers délégués. La CUB couvre une population de 720.000 habitants, son budget 2010 d’un montant de 630 millions d’euros est alimenté par des impôts, des taxes et des dotations. Les dépenses couvrent les frais de fonctionnement (2500 Agents) et d’investissements.



Les projets et réalisations de la CUB sont très nombreux. On peut citer à titre d’exemple les plans et programmes : PLU (Plan local d’urbanisme), PLH (Programme local de l’habitat), et PDV (Plan de déplacement urbain). D’autre investissements ont été réalisés ou programmés : pôle d’échanges autour de la gare Saint-Jean, un nouveau pont sur la Garonne, les aides et participation financière à la rénovation au profit des propriétaires et locataires. Enfin le programme phare de la CUB : le tramway dont la délégation a visité le Centre technique dédié à la maintenance, le stockage et la gestion quotidienne de réseau. L’histoire du tramway de Bordeaux a débuté en 1995, le choix de ce mode de transport collectif a été motivé par le coût (5 fois moins cher que le métro) et les considérations écologiques (alimentation par l’électricité). En 2010 le tramway de l’agglomération de Bordeaux dispose de 3 lignes, 89 stations et une longueur de 44 km. Certains tronçons du tramway sont alimentés par le sol (systèmes APS), afin d’éviter les câbles aériens, et il a été intégré au réseau des bus dans le cadre du TBC (Train et bus de CUB). Les résultats de la CUB sont impressionnants : le Centre ville de Bordeaux est transformé en allées piétonnière où ne circulent que le tramway et les bicyclettes, les espaces verts sont partout, la circulation dans l’ensemble de l’agglomération est maîtrisée, les façades des immeubles ravalées, les monuments éclairés, et les lieux de culture multiples et variés.



Quelles leçons peut-on tirer par le Maroc de ce voyage à Bordeaux ?



En premier lieu, il y a lieu de déplacer la Foire internationale de Casablanca qu’abrite toujours au Centre-ville, un vieux hangar datant du Protectorat. Comme à Bordeaux, il faudrait construire un lieu moderne en dehors de la ville sur la route de Marrakech ou d’El Jadida. La deuxième nécessité est l’installation au plus vite d’un tramway dans l’agglomération Casablancaise, afin de remédier à la situation chaotique de la circulation qui existe actuellement. Il faut multiplier les rues piétonnières, les espaces verts, et les lieux de culture. Il faut obliger ou aider les propriétaires d’immeubles à ravaler leur façades très souvent sales et hideuses, et assurer une plus grande propreté de la ville. La tâche est lourde, mais il n’y a pas de raison pour que Casablanca ne puisse réaliser ce que Bordeaux a réussi.







CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI

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