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FORUM IMRI DE CASABLANCA
«Bilan et Perspectives du Partenariat
Euro-méditerranéen »
Quelles recommandations ?

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

L’IMRI a organisé les 28 et 29 Mai 2010 à Casablanca en partenariat avec la Fondation allemande Hans Seidel son premier Forum annuel sur le thème : « Bilan et perspectives du Partenariat Euro-Méditerranéen ». Ont été étudiés durant ce Forum les aspects politiques, économiques et sociaux de ce partenariat très important pour les deux rives de la Méditerranée. Ont participé à ce Forum vingt et un intervenant nationaux et étrangers.

Parmi les personnalités étrangères présentes : Sidahmed Ghozali, Ancien Premier Ministre algérien, Franz Thedieck Professeur à l’Université des Sciences de Kehl (Allemagne), Ezzeddine Kerkeni, Ancien Ambassadeur de Tunisie et Vice-Président de l’AEI, Hassni Abidi Directeur du Centre d’Etudes et de Recherche sur le monde Arabe à Genève, et Brahim Gacem Président de l’Association des compétences algériennes à l’étranger.

L’IMRI a pris l’initiative d’organiser ce Forum sur le Partenariat Euro-méditerranéen, car il estime qu’il est la plus haute importance. En effet, la région méditerranéenne est la partie du globe où l’écart de développement est le plus élevé entre le Nord et le Sud. Cette situation créé un climat préjudiciable à la paix, à la sécurité et à la prospérité de la région. L’Europe a toujours porté un intérêt au sud de la Méditerranée. L’Union européenne a institutionnalisé ce partenariat en 1995 par la Déclaration de Barcelone, qui a tracé le cadre en vue de créer en Méditerranée un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée. Ce partenariat multilatéral devait concerner tous les domaines : politique, économique, financier, culturel et social. L’objectif était de créer à l’horizon 2010 une vaste zone de libre-échange Euro-méditerranéenne. Il a été également prévu au profit des pays Sud-méditerranéens une aide financière sous forme de dons (programme MEDA) et de prêts de la Banque européenne d’investissements. Dix ans plus tard, le Processus s’est quelque peu essoufflé, miné par les problèmes politiques : conflit israélo-palestinien, immigration clandestine, actes de terrorisme. Une seconde Conférence tenue à Barcelone en 2005 a tenté de remédier à cet essoufflement.



En 2004, l’Union européenne a lancé la Politique européenne de voisinage, qui avait par objet de compléter et renfoncer le Processus de Barcelone. Cependant, cette nouvelle politique ne concerne pas uniquement les pays Sud-méditerranéens, mais également les pays voisins européens non-membres de l’Union européenne. D’autre part, cette nouvelle orientation a remplacé le multilatéralisme par des plans d’action bilatéraux, convenus entre l’Union européenne et chacun des pays Sud-méditerranéens qui ont souscrit à cette politique. Comme pour le Processus de Barcelone, la Politique européenne de voisinage a été dotée d’un Instrument financier. Au total, l’Union européenne a décaissé au profit des pays Sud-méditerranéens 16 milliards d’euros entre 1995 et 2007, ainsi que des prêts de la BEI d’un montant de 2 milliards d’euros par an. Le Président français Nicolas Sarkozy estimant que le Partenariat Euro-méditerranéen n’était pas à la hauteur des résultats escomptés, a lancé le 6 Mai 2007 l’Union pour la Méditerranée, qui devait être instituée à Paris le 13 Juillet 2008. Cette Union regroupe 43 pays dont les 27 pays de l’Union européenne, et 16 pays du pourtour méditerranéen. Malheureusement, l’aggravation du conflit israélo-palestinien devait paralyser l’action de cette Union. Sous l’impulsion de la France, de l’Espagne et de l’Egypte, des efforts ont été entrepris pour remettre sur les rails le fonctionnement de l’UPM, avec le choix de Barcelone en tant que siège du Secrétariat Général, et la désignation en Janvier 2010 du jordanien Ahmed Massadeh aux fonctions de Secrétaire Général.



Force cependant est de constater la centralité des problèmes politiques de la région : conflit israélo-palestinien, différend algéro-marocain, problème de Chypre. Le différend algéro-marocain sur la question du Sahara empêche l’édification de l’unité maghrébine, tandis que la question de Chypre crée des tensions entre la Grèce et la Turquie. Mais le problème majeur de la région est le conflit israélo-palestinien : à preuve la lâche attaque israélienne contre la Flotte de la liberté de Gaza le 31 Mai 2010, et le report du Sommet de l’UPM qui devait se tenir à Barcelone le 7 Juin 2010. Ce problème ne peut être occulté par l’Union pour la Méditerranée. L’Union européenne doit le prendre à bras le corps, pour lui trouver une solution le plus rapidement possible. Il apparaît maintenant clairement que le gouvernement actuel d’Israël ne recherche pas la paix. Pour l’amener à changer de position en faveur de la paix, seules des mesures concrètes contraignantes seront efficaces.



Sur le plan économique, l’UPM est surtout axé sur les grands projets d’infrastructures. A ce titre, une lueur d’espoir est née par la signature le 26 Mai dernier du pacte de la création du Fonds InfraMed, doté au départ d’une mise de 385 millions d’Euros, avec une cible de 1 Milliard d’euros. C’est le premier fonds d’investissements Nord-Sud, puisque y sont représentées les Caisses de dépôt française et italienne, la BEI et la CDG marocaine à hauteur de 20 millions d’euros, et le Groupe EFG Hermès (Egypte). Ce fonds va axer ses investissements sur le financement des infrastructures dans les domaines de l’énergie, du transport et de la gestion urbaine. Sur le plan social, on peut citer les efforts importants de la Fondation Anna Lindh pour le rapprochement des cultures méditerranéennes. Malheureusement dans les autres secteurs : éducation, santé, logement social, circulation de personnes, les progrès du Partenariat Euro-méditerranéen sont nettement insuffisants.



A l’issue de ce Forum de la Méditerranée, il a été décidé de porter à la connaissance des décideurs du Nord et du Sud de la Méditerranée les dix recommandations suivantes :

- Implication plus grande de l’UPM dans la résolution des problèmes politiques de la région, et notamment le grave conflit israélo-palestinien.

- Nécessité impérative de la construction de l’unité maghrébine, notamment par l’ouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine.

- Promotion de l’intégration Sud-Sud par le renforcement et l’élargissement de l’Accord d’Agadir.

- Appui financier accru de l’UE pour les pays sud-méditérranéens, y compris la société civile de ces pays.

- Facilitation de la circulation des personnes entre le Nord et le Sud de la Méditerranée et vulgarisation accrue du Partenariat euro-méditerranéen vis-à-vis des sociétés civiles.

- Les pays du Sud doivent prendre des initiatives pour faire des propositions au Nord, et ne pas se contenter d’un rôle passif.

- L’UPM ne doit pas constituer une barrière entre l’Europe et l’Afrique sub-saharienne, qu’il faut impliquer sur le plan institutionnel et celui des projets.

- Consolidation du « Statut Avancé » accordé au Maroc, qui peut servir d’exemple aux autres pays-méditerranéens.

- Nécessité de concrétiser les projets prévus par le Sommet de l’UPM de Paris de Juillet 2008, et d’en lancer au moins un le plus rapidement possible.

- Renforcer la coopération de l’Union européenne vis-à-vis du Sud jugée insuffisante dans le secteur social : Education et recherche scientifique, Santé et couverture sociale, Habitat et logement social, Culture.

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