OĂą va le Maroc ?
Par Mohamed El Ouahdoudi
Président Association Des Réseaux Economiques Europe Afrique, Admini
Les dernières études mondiales qui font de la prospective à l’horizon 2050 donnent des pays musulmans dans le top 5 (Indonésie) et le TOP 20 tels que l’Egypte, la Turquie, l’Arabie Saoudite. Quid du Maroc ?
L’excellente image de marque dont jouit le Maroc, son dynamisme affiché en Afrique, l’attrait des investissements étrangers n’arrivent pas à rejaillir en performance globale pour ses habitants. Une impression d’un Maroc à plusieurs vitesses, déjà constatée par de nombreux observateurs.
Ce pays si prometteur, si accueillant pour la diversité culturelle, modéré dans ses prises de position ne semble pas attiré par la performance économique à grande vitesse. Sa culture plusieurs fois millénaire et ses traditions semblent lui dicter une conduite à petite allure, en évitant les sauts à haut risque.
Ce choix permet à de larges pans de la population de rester en dehors de toute pression fiscale, de tout stress moderne, et leur fait apprécier les petites douceurs de la vie, si rude soit elle. Du moment qu’il y a des étalages pleins de légumes et de fruits, que le climat est tempéré, pas besoin de se stresser. La fête du sacrifice le montre chaque année, pas un seul marocain ne passe la journée sans avoir son lot de viande fraiche (sauf ceux, les plus fortunés, qui se réfugient dans les hôtels pour y déguster des salades).
L’informel et la circulation du cash renforcent cette existence hors du temps, et s’accompagnent de leurs mauvais lots habituels : corruption, népotisme, et absence de confiance dans l’économie formelle et l’administration.
Ce bonheur de la population est perceptible par les étrangers, comme un modèle économique alternatif, ce qui attire retraités et touristes. Les marocains vivant à l’étranger renforcent cette belle image, eux qui transfèrent depuis des décennies des milliards de dollars, et montrent un attachement exceptionnel à leur pays d’origine.
Ainsi les dirigeants du pays semblent avoir les yeux rivés sur un tableau de bord d’une grande simplicité : alimentation, sécurité, et zéro stress. Les programmes de télévision, les politiques sportives, toutes les initiatives n’ont pour but que d’adoucir l’existence des populations, et leur offrir le sentiment de satiété qu’elles recherchent en permanence.
Le PIB marocain fait du surplace, mais des pays qui ont deux fois voir trois fois sa richesse paraissent bien plus démunis. Feu Hassan II parlait de la Baraka, la Bénédiction, qui l’a sauvé à deux reprises de coups d’états sanglants… il semble avoir transmis cette Baraka à son royaume.
Top 10, Top 50, Et si les statistiques ainsi communiquées par les cabinets d’audit et les banques internationales ne rendaient pas compte de la réelle recherche du bien-être ?
Et si des pays tels que le Maroc, et ils ne sont pas nombreux, ont compris qu’il ne servait à rien de courir, mais au contraire une marche à pas assuré permet de garder la cohésion de tous, et de respecter le rythme des plus lents ?
Où va le Maroc ? Doucement, avec raison, mais il avance. Au grand bonheur des masses, mais en frustrant nombre de jeunes acteurs économiques, de jeunes tout court, qui n’ont plus qu’à courir le monde vers des terres volcaniques. Il me semble que je viens d’inventer une nouvelle théorie économique, qui s’intitulera désormais : Théorie de la Lenteur
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