Sommet du G7 de Biarritz
Des avancées mais peu de décisions concrètes
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le Sommet du G7 a eu lieu du 24 au 26 Août 2019 à Biarritz en France. Rappelons que le G7 a été créé en 1974 à l’initiative du Président Giscard d’Estaing, et regroupe sept pays : Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada. C’est un Sommet informel permettant le dialogue et les échanges personnalisés entre les dirigeants des sept pays, avec l’ambition de définir des objectifs communs. Alors que le G7 détenait 2/3 de la richesse mondiale à sa création, il ne représente que 45% en 2019. Outre les Etats membres, le G7 a invité pour le Sommet de Biarritz plusieurs pays (Australie, Espagne, Chili, Inde, Afrique du Sud, Egypte, Rwanda, Burkina Faso et Sénégal) et plusieurs organisations internationales (OCDE, ONU, BM, UA, BAD, FMI, OMC, OIT).
Le Président Emmanuel Macron organisateur du Sommet, s’est dépensé sans compter et a su dynamiser le G7. Le Sommet a été également un succès sécuritaire puisqu’on a eu à déplorer aucun incident grave. La principale avancée de ce Sommet a été le problème du nucléaire iranien avec l’arrivée surprise à Biarritz du ministre iranien des Affaires Etrangères Mohammad Djavad Zarif. Rappelons qu’un accord sur le nucléaire iranien a été signé le 14 Juillet 2015 à Vienne entre le cinq membre permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne, et l’Iran. Cet Accord avait pour but de contrôler le programme nucléaire iranien et de lever les sanctions économiques contre l’Iran. Le 8 Mai 2018, le Président américain Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Vienne, et durcit les sanctions économiques contre l’Iran. Depuis cette date de nombreux incidents ont lieu entre les Etats-Unis et l’Iran (destruction de drônes), ainsi que l’attaque et l’arraisonnement de navires marchand dans le Golfe persique. La tension était si forte qu’un risque de guerre planait entre les Etats-Unis et l’Iran. L’arrivée du ministre iranien à Biarritz avec l’accord de Donald Trump, et la déclaration de ce dernier de rencontrer le Président iranien Hassan Rohani si les conduites étaient remplies, ont permis d’apaiser momentanément la tension entre les deux pays.
La seconde avancée concerne le commerce mondial où le G7 s’est déclaré attaché à « un commerce mondial ouvert et juste, et à la stabilité de l’économie mondiale ». Alors que Donald Trump menaçait à plusieurs reprises de sortir les Etats-Unis de l’OMC, le G7 préconise sa réforme pour une protection plus efficace de la propriété intellectuelle, le règlement plus rapide des différents, et l’éradication des pratiques commerciales déloyales. Par contre, rien n’a été dit sur la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui continue avec une nouvelle augmentation des tarifs douaniers sur les produits chinois à partir du 1er Septembre 2019. La déclaration très courte du G7 de Biarritz mentionne également un Sommet sur l’Ukraine, le soutien à une trêve en Libye ainsi que l’organisation d’une Conférence internationale pour trouver une solution politique au problème libyen. Enfin sur Hong-Kong la déclaration appelle à éviter les violences et rappelle l’accord sino-britannique de 1984.
On peut remarquer que la déclaration finale du Sommet du G7 de Biarritz ne reflète pas toutes les questions importantes qui ont été discutées lors de ce Sommet. C’est ainsi que le texte est muet sur la problématique environnementale, alors que les incendies de forêt en Amazonie ont été traités prioritairement au Sommet avec deux mesures : une aide financière de 20 millions de $ d’urgence pour stopper les incendies, et un plan de reforestation à moyen terme qui sera discuté lors de la prochaine Assemblée Générale de l’ONU en Septembre prochain. Le Sommet du G7 a rappelé l’objectif de protéger notre diversité et de limiter le réchauffement climatique de la planète à 1,5 degré. Les droits humains ont été également traités afin de protéger les victimes de violences sexuelles, renforcer le droit des femmes, réduire les inégalités notamment par l’intermédiaire des entreprises privées. Une autre question a été également traitée concernant la taxe GAFA qui a fait l’objet d’une initiative française et qui sera étudiée dans le cadre de l’OCDE.
L’Afrique a également fait l’objet d’une déclaration de partenariat avec le G7 concernant le plan d’action pour le Sahel, l’éradication de la pauvreté, l’accès à l’éducation et à la santé, le développement de l’entreprenariat et l’emploi des jeunes dans le secteur privé. Dans le cadre de la promotion de l’entreprenariat féminin en Afrique, le G7 a accordé à la BAD un prêt de 251 millions de $. Le G7 s’engage aussi à soutenir la transformation numérique en Afrique, notamment dans les régions les plus vulnérables. Enfin, le G7 est favorable au renforcement de la transparence dans les marchés publics en Afrique pour améliorer le climat des affaires et lutter contre la corruption.
En conclusion, le Sommet du G7 de Biarritz a été utile en apaisant momentanément le conflit entre les Etats-Unis et l’Iran, en prévoyant la réformer de l’OMC, en mettant l’accent sur les questions environnementales suite aux incendies de forêt au Brésil et en Afrique, et en renforçant la coopération entre le G7 et l’Afrique. Il faut cependant déplorer que peu de décisions ont été prises par ce Sommet, et qu’il faut attendre les mois à venir pour évaluer les résultats concrets de ce G7.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI