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XIème Anniversaire de l’intronisation du Roi Mohamed VI
Quel bilan en politique étrangère ?

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI ((Institut Marocain des Relations Internationales)

La politique étrangère marocaine sous l’impulsion du Roi Mohamed VI a connu durant la période (1999-2010) une continuité des principes fondamentaux établis depuis l’indépendance, et des novations. Les grands principes de politique étrangère établis depuis l’indépendance portent sur l’instauration de la paix et de la sécurité sur le plan mondial, la résolution des conflits par des voies pacifiques, le respect du droit international. Plus particulièrement, la politique étrangère du pays vise l’instauration de l’unité maghrébine, la solidarité avec le monde arabe et la défense de la cause palestinienne. Des liens privilégiés ont été établis avec l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique, avec un intérêt particulier pour l’Afrique sub-saharienne. La politique étrangère du Maroc a toujours pris en compte le développement économique du pays dans ses relations avec l’étranger. Enfin depuis 1975, la question du Sahara a pris une place incontournable dans la politique étrangère du pays.

Depuis son accession au Trône en 1999, le Roi Mohamed VI s’est inscrit dans la continuité avec cependant des novations. C’est ainsi qu’il n’a cessé de militer à la consolidation de l’Union du Maghreb Arabe, appelant le voisin algérien à normaliser ses relations avec le Maroc, et à ouvrir la frontière terrestre avec le Maroc. Concernant le monde arabe, le Roi Mohamed VI tout en continuant à soutenir les initiatives arabes, a employé dans ses déclarations et communiqués un franc-parler qui était inusité dans le passé. Il n’a pas hésité à ne pas participer personnellement à des Sommets Arabes lorsqu’il a jugé les conditions défavorables. Concernant le conflit israélo-palestinien, les données ont changé. Le conflit est si lourd que même les grandes puissances (Etats-Unis, Europe, Russie) n’ont pas réussi à le résoudre. Aussi, le Maroc depuis une dizaine d’années ne joue plus le rôle essentiel qu’il jouait dans cette question du temps du Feu Le Roi Hassan II. Cependant, le Roi Mohammed VI, qui a gardé la présidence du Comité Al Qods, continue à aider politiquement et matériellement la cause palestinienne. Le Roi Mohamed VI n’a cessé également de condamner les atteintes d’Israël à l’arabité d’Al Qods. De même qu’il a créé un Fonds « Bait El Mal Al Qods » pour promouvoir des investissements dans la ville sainte.



Concernant les liens avec l’Europe, le Roi Mohamed VI n’a cessé de développer les relations avec ce continent, et plus particulièrement avec nos voisins immédiats l’Espagne et la France. En l’an 2000, il a lancé un appel à l’Union européenne pour un statut qui soit « plus que l’Association et moins que l’Adhésion ». En Octobre 2008, cet appel a été exaucé par l’Union européenne qui a conclu avec le Maroc le « Statut avancé ». Le Maroc est le seul pays du sud de la Méditerranée à avoir accédé à ce statut. Ce statut répond, entre autres, aux réformes faites par le Maroc concernant le statut de la femme, l’amélioration de l’environnement des affaires, et les progrès réalisés en matière de droits de l’Homme. L’objectif de l’Union européenne est d’accompagner la dynamique endogène du Maroc, et d’accélérer le mouvement de partenariat. Ce statut avancé est une feuille de route ayant pour objectif la convergence des référentiels, et à terme l’accès libre des biens et services marocains au marché unique européen. Le statut avancé renforce également le dialogue politique entre le Maroc et l’Union européenne, et permet au Maroc de participer aux programmes européens en matière économique, scientifique, sociale et culturelle. Le Maroc peut espérer également une aide financière accrue à partir de 2013, dans le cadre du nouveau budget de l’Union européenne. La concrétisation de ce statut a été marquée avec éclat par le premier Sommet Maroc-Union Européenne qui s’est tenu à Grenade les 6 et 7 Mars 2010.



Par ce qui est des Etats-Unis, là aussi des résultats concrets ont été obtenus par la signature de l’Accord de libre-échange avec le Maroc, qui est le seul pays d’Afrique du Nord à l’avoir obtenu. Cet Accord mis en vigueur le 1er Janvier 2006, ouvre des perspectives intéressantes en matière d’échanges et d’investissements. Certes le bilan est assez maigre actuellement, et des efforts importants doivent être entrepris par le Maroc pour stimuler les exportations sur ce marché immense, et pour attirer les investissements américains dans notre pays. Grâce à ses bonnes relations avec les Etats-Unis, le Maroc a également obtenu le Millenium Challenge Corporation, qui est un don américain de 7 milliards de Dh destiné à promouvoir les secteurs sociaux et productifs du Maroc : agriculture, pêche, artisanat.



L’Afrique sub-saharienne a fait également l’objet de l’intérêt particulier du Roi Mohamed VI. Multipliant les voyages dans cette région, le Souverain outre l’aide publique notamment en matière agricole, a encouragé le secteur privé marocain à investir dans cette région dans les secteurs du BTP, télécoms, transports et banques. Le Maroc dans le même sens a annulé ses créances vis-à-vis des pays africains les moins avancés, de même qu’il a facilité l’accès du marché marocain à leurs produits. La novation qu’a apportée le Roi Mohamed VI en politique étrangère est le nouvel intérêt porté à l’Asie et à l’Amérique latine. Effectuant plusieurs voyages dans ces contrées, le Souverain a réussi à renforcer les liens politiques et économiques avec notamment la Chine, le Japon et le Brésil. Enfin, l’aspect économique a été toujours mis en exergue dans la politique étrangère du Roi Mohamed VI, en témoignent l’Accord de libre-échange signé avec la Turquie, l’Accord d’Agadir qui regroupe outre le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, et les délégations d’hommes d’affaires marocains qui accompagnent le Souverain dans ses voyages.



La question de la récupération de nos Provinces sahariennes a également fait l’objet du souci constant du Roi Mohamed VI. Cette question est vitale pour notre pays. Les Provinces sahariennes constituent un tiers du territoire national. Outre nos droits légitimes sur ces provinces, sur le plan géopolitique l’instauration d’un Etat indépendant sur le flan sud de notre pays, sous influence algérienne, est inacceptable. De plus, le Maroc a dépensé des milliards de dirhams depuis 1975 pour le développement économique et social de cette région. L’action du Souverain et de la diplomatie marocaine a permis de réduire le nombre de pays qui ont reconnu la pseudo « RASD » à moins d’une trentaine. Mais le trait le plus remarquable a été sans aucun doute le Plan d’Autonomie pour le Sahara, qui a été présenté en Avril 2007 à l’ONU. Ce plan qui accorde une large autonomie à la région du Sahara sous souveraineté marocaine, a été jugé « sérieux et crédible » par l’ONU. Les grandes puissances d’Europe et les Etats-Unis d’Amérique l’ont soutenu. L’Envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Peter Van Walsum, a déclaré le 21 Avril 2008 « l’indépendance du Sahara occidental n’est pas un objectif réaliste ». Ce plan a permis de lancer des négociations directes le Polisario sous les auspices de l’ONU, et place le Maroc dans une position favorable vis-à-vis de la résolution définitive de cette question. A preuve le retour vers la mère-patrie de centaines de séquestrés de Tindouf, dont de grands responsables du Polisario.



En conclusion, on peut affirmer que le bilan de la politique étrangère marocaine durant la période 1999-2010 est globalement positif. Le Roi Mohamed VI a imprimé à cette politique un aspect plus vigoureux et plus pragmatique. A preuve, le rappel des ambassadeurs marocains en cas de crise grave avec un pays étranger. Plus pragmatique, dans la mesure où la politique étrangère doit servir avant tout, à aider à régler les problèmes intérieurs qui sont la priorité du Souverain, et en premier lieu la question du Sahara et le développement économique et social du pays. Pour l’avenir, les efforts en politique étrangère doivent être intensifiés, car le monde est devenu plus complexe et plus dangereux, et la politique étrangère a de plus en plus d’impact sur la politique intérieure.

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