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WORLD POLICY CONFÉRENCE
UN ÉTAT DU MONDE PRÉOCCUPANT

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


La World Policy Conference qui a eu lieu à Marrakech du 12 au 14 Octobre 2019 a passé en revue l’état actuel du monde. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est préoccupant tant en ce qui concerne les crises ouvertes avec confrontation, que les problèmes qui assaillent la scène internationale.
Le premier type de crises concerne presque tous les continents. En Afrique on peut citer la crise libyenne où depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, le pays vit dans une situation d’instabilité chronique. Au Moyen-orient le différent entre l’Arabie saoudite et l’Iran a failli déboucher sur un conflit armé. Une situation humanitaire désastreuse persiste en Syrie et au Yémen qui vivent une véritable guerre civile. Le conflit israélo-palestinien est dans l’impasse du fait du soutien total des Etats-Unis à Israël et de l’indifférence de la communauté internationale. Hong Kong connaît depuis plusieurs mois un soulèvement populaire contre le pouvoir central de Pékin. Enfin en Amérique latine Nicolás Maduro fait tout pour rester au pouvoir malgré l’opposition d’une large partie de la population.

Parallèlement des crises transversales traversent la communauté internationale. On peut citer en premier lieu le changement climatique qui risque si des mesures énergiques ne sont pas prises de mettre en péril la terre où nous vivons. Certes, grâce à des mouvements de jeunesse partout dans le monde, une prise de conscience de ce fléau est entrain de se renforcer. Il y a lieu maintenant de mettre en œuvre les mesures concrètes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris 2015, en maintenant l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à 2 dégrées Celsius par rapport au niveau pré-industriel. Le second fléau qui frappe un peu partout dans le monde est celui du terrorisme. Certes l’Etat islamique a perdu ses territoires, mais il survit grâce à la propagation de son idéologie perverse notamment au Sahel. Il y a lieu d’unifier au niveau régional et mondial la lutte contre ce fléau dévastateur en mettant en œuvre tous les moyens humains et matériels nécessaires.

La troisième problématique est celle de la mondialisation. Certes, ce phénomène a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté, et a contribué à l’accentuation de la croissance mondiale. Mais il s’est traduit aussi par une augmentation des inégalités, et a laissé en marge de la prospérité un grand nombre de pays et une partie même de la population des économies développées. Il s’en est suivi, en ajoutant les conséquences des conflits armés, une migration importante avec un coût humain considérable. La mer Méditerranée a été particulièrement concernée avec des milliers de victimes qui ont tenté d’atteindre l’Europe.

Une autre incidence des effets négatifs de la mondialisation est la montée des nationalismes partout dans le monde et plus particulièrement aux Etats-Unis et en Europe. Aux Etats-Unis le Président Donald Trump a utilisé la géoéconomie, à savoir l’utilisation de leviers non militaires pour atteindre ses objectifs. C’est ainsi qu’il a déclenché une guerre commerciale contre la Chine sans ménager d’ailleurs le pays alliés et les autres partenaires. En Europe on a vu apparaître quelques « démocraties illibérales » qui prônent le nationalisme et le protectionnisme. La Chine de son côté a utilisé la géoéconomie pour étendre son influence sur la planète notamment avec la route de la soie. Mais elle agit au niveau du développement en vue de réduire la pauvreté dans le monde. Il y a lieu de lutter contre les pratiques dangereuses du protectionnisme en réformant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et en faisant bénéficier tous les citoyens des éléments positifs de la mondialisation.

Un autre risque qui doit être évité est la prolifération nucléaire. Le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien à poussé l’Iran à reprendre sa marche vers l’acquisition de l’arme atomique. De même, malgré les trois rencontres entre Donald Trump et Kim Jong Un, la Corée du Nord n’a pas renoncé à l’arme nucléaire. Il y a lieu de reprendre les négociations avec l’Iran comme le souhaite la France qui veut jouer un rôle d’intermédiation entre les Etats-Unis et l’Iran. De même, il est souhaitable qu’une nouvelle réunion puisse avoir lieu entre les Etats-Unis et la Corée du Nord pour une dénucléarisation de la péninsule coréenne en échange de la levée des sanctions.

En conclusion, l’état du monde en ce début du XXIème siècle est inquiétant avec une montée des périls sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. On ne peut que regretter que les grandes puissances fassent passer leur intérêt national avant celui de la communauté internationale. Un sursaut est nécessaire sous l’égide de l’ONU pour éviter une catastrophe tant sur le plan du changement climatique, que celui des conflits armés et des crises transversales qui secouent le monde.

CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI

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