Pandémie du coronavirus
L’économie mondiale
De la crise de 2008 à celle de 2020
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
La pandémie du Covid 19 a infecté au 8 Avril 2020 1.450.000 personnes, a causé la mort de 83.568 individus, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à 308.617. Les pays les plus touchés par cette pandémie sont à ce jour les Etats-Unis, L’Espagne, L’Italie, la France, l’Allemagne et la Chine. Plus de la moitié de la population mondiale est en confinement. Du fait de l’arrêt total ou partiel des entreprises de production, des services notamment des transports, l’économie mondiale a reçu un choc brutal entraînant une récession pour l’année 2020 évaluée entre -2,3% et -4,8% selon la durée de la pandémie.
La récession de l’économie mondiale de -2,3%, rappelle celle de l’année 2009 suite à la " Crise des Subprimes " consécutive à des prêts immobiliers octroyés à la légère aux Etats-Unis. Cependant, la crise du Covid 19 est née à Wuhan en Décembre 2019 dans la province du Hubei au centre de la Chine. Alors que la crise de 2008 était au départ financière avec la faillite de la banque Lehman Brothers en Septembre 2009, la crise en 2020 s’est abattue directement sur l’économie réelle du fait du confinement. Les Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama s’étaient rapidement rapprochés de leurs alliées européens, notamment le Président français Nicolas Sarkosy et la Chancelière Angela Merkel pour trouver une solution à la crise. Ils ont élargi leurs discussions aux autres membres du G20, qui s’est réuni une dizaine de fois et qui a joué un rôle prépondérant dans la résolution de la crise de 2008. Malheureusement, ce n’est pas le même élan qui a présidé au G20 réuni sous forme de Viséo-conférence le 26 Mars 2020, et qui a pris pour seule décision d’injecter 5.000 milliards de dollars dans l’économie.
Pendant la crise de 2008, les banques centrales ont procédé à un véritable « big bang » en abaissant les taux directeurs et en injectant de grandes liquidités pour l’achat de la dette publique et privée. Certes, pour la crise de 2020 la Réserve fédérale et les banques centrales de l’Union européenne, du Canada et de l’Angleterre ont aussi injecté des liquidités, mais dans une moindre mesure, alors que les taux directeurs sont déjà très bas.
Dans la crise de 2008 les Etats ont procédé à des dépenses massives pour relancer l’économie. C’est ainsi que le déficit budgétaire de la France a atteint -7% en 2009, et que l’Etat américain a nationalisé Général Motors pour éviter sa faillite. Une autre différence entre 2008 et 2020 est le poids de la Chine, qui est devenu actuellement la seconde puissance économique de la planète et « l’Atelier du monde ». Cela a été bien constaté pendant la fermeture des usines chinoises du fait de l’épidémie du Covid 19, et qui a causé de gros problèmes d’approvisionnement pour le reste du monde. D’ailleurs de 2008 à 2020, la mondialisation s’est beaucoup accentuée avec des délocalisations d’entreprises américaines et européennes en Chine. A noter aussi avant la crise du Covid 19 des disputes entre les membres du G20 : Donald Trump a déclenché une guerre commerciale contre la Chine, et l’Arabie Saoudite a lancé une guerre des prix du pétrole, suite au refus de la Russie de diminuer sa production. Tout cela rend difficile une concertation efficace des Chefs d’Etat pour résoudre collectivement la pandémie du coronavirus.
Pour revenir à la crise économique mondiale 2020 et qui rend sa résolution épineuse, c’est le fait que c’est à la fois une crise de l’offre et de la demande. En effet du fait du confinement, la plupart des usines, des commerces, des services, sont fermés, ne produisent pas de richesses, et entraînent des pertes d’emplois. C’est aussi une crise de la demande, du fait que les salariés ne travaillent pas, ont mois de revenus et consomment moins. Il faut donc agir sur ces deux éléments pour sortir de la crise. La solution consiste tout d’abord à préserver les entreprises pour qu’elles ne fassent pas faillite. D’où le report des échéances sociales et fiscales, l’accord plus facile au crédit à des taux bas, et l’indemnisation des salariés en arrêt de travail. Pour éviter la perte d’emplois, il faut assurer des revenus aux personnes confinées pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins primaires. Tout ce sauvetage de l’économie ne peut être réalisé que par l’Etat qui doit injecter des montants importants dans l’économie, même en recourant à l’emprunt massif, national et international. Une autre forme de sauvetage peut être la nationalisation des grandes entreprises pour qu’elles ne fassent pas faillite.
En conclusion, la pandémie du Covid 19 qui frappe toute l’humanité est inédite, et peut avoir des conséquences catastrophiques si elle dure trop longtemps, et si les gouvernements ne prennent pas rapidement les dispositions nécessaires. Il faut souhaiter que face à ce danger mortel, les Chefs d’Etat oublient leurs querelles, et tentent de trouver, notamment au niveau du G20 et avec l’aide de la Banque mondiale et du FMI, une solution collective pour préserver l’avenir du monde. D’autres leçons peuvent être tirées de cette pandémie, comme la réajustement de la mondialisation, la priorité à accorder à la santé, à l’éducation et au développement humain. Sans oublier la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, et enfin le respect de l’écologie et la promotion de l’économie verte. Je ne saurai terminer cette chronique sans un appel pressant pour une aide immédiate en équipements médicaux et en personnel soignant en faveur de l’Afrique, où la pandémie se développe actuellement dans des proportions qui risquent d’être catastrophiques.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI