Sommet du G20 de Ryad
Priorité à la pandémie et à la relance de l’économie
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Un Sommet du G20 a été organisé par l’Arabie Saoudite sous forme de visioconférence les 21 et 22 Novembre 2020. Rappelons que le G20 est un groupement informel de 19 pays plus l’Union européenne. Il a été créé en 1999 pour faire face aux crises financières des années 1990. Les pays membres ont été choisis de façon arbitraire selon leur poids économique, et de manière à ce que les cinq continents soient représentés. C’est ainsi que l’Afrique est représentée par l’Afrique du Sud et le Moyen-Orient par l’Arabie saoudite. Réuni au départ au niveau des ministres des finances, le premier Sommet du G20 a eu lieu en 2008 pour faire face à la crise financière qui est née aux Etats-Unis à la suite du scandale des subprimes.
La déclaration finale du G20 de Ryad publiée le 22 Novembre 2020 aborde un grand nombre de problèmes économiques avec une large part accordée à la pandémie du Covid 19 et ses conséquences sanitaires et sociales. Cette pandémie qui a pris naissance à Wuhan en Chine en Décembre 2019 s’est répandue sur toute la planète au cours de l’année 2020. Elle a causé des pertes humaines considérables du fait de la contagion du virus. C’est ainsi qu’au 29 Novembre 2020 on déplore plus de 62 millions de personnes contaminées et 1.452.608 décès. Du fait du confinement imposé par la pandémie dans la quasi-totalité des pays, les conséquences économiques et sociales se sont avérées très lourdes. C’est ainsi qu’il est prévu une récession de l’économie mondiale de 4,4% en 2020, la perte de 25 millions d’emplois, et une augmentation de la pauvreté de 90 millions de personnes. Devant la gravite de la situation, chaque pays a pris des mesures à l’échelle nationale pour sauver les vies et parer à la détérioration de l’économie et ses conséquences sociales.
Le Sommet du G20 de Ryad a partagé la conviction que la concertation internationale, la solidarité et la coopération multilatérale sont des plus nécessaires pour relever les défis de la pandémie du Covid 19. Il a confirmé son soutien aux pays en développement et les moins avancés, notamment les pays d’Afrique et les petits Etats insulaires. Sur le plan sanitaire, le G20 de Ryad s’est engagé à mobiliser les ressources financières dans le secteur mondial de la santé, afin de soutenir la recherche, le développement, la fabrication et la distribution des moyens de diagnostic, de traitement et de vaccination contre la Covid 19. Ceci afin d’assurer l’accès universel équitable, à un coût abordable, de tous les moyens nécessaires pour lutter contre la pandémie. Le G20 considère qu’une large vaccination est un bien public mondial. Il appelle les banques multilatérales de développement à renforcer leur soutien financier en faveur des pays en développement pour l’achat des outils de lutte contre la Covid- 19.
Le G20 de Ryad confirmé qu’il y aura une forte contraction de l’économie mondiale en 2020. Certes l’activité économique dans le monde a partiellement repris, mais cette reprise est inégale et très incertaine. D’où la nécessité de continuer à contrôler la propagation du coronavirus. Il y a lieu également sur le plan national et international à mettre en œuvre des mesures inédites en matière budgétaire, monétaire et de stabilité financière. Un autre mesure consiste à élargir protection sociale au plus grand nombre conformément au souhait de l’Organisation mondiale du travail (OIT) qui indique que 645 millions de personnes bénéficient de cette protection dans le monde. Le G20 de Ryad confirme la suspension du service de la dette bilatérale publique pour les pays éligibles jusqu’au 30 Juin 2021, et fixe au printemps 2021 l’étude de la prorogation de cette suspension pour 6 mois supplémentaires. Il souhaite également la participation des créanciers privés à cette suspension. Au 13 Novembre 2020, 46 pays ont sollicité le bénéfice de cette suspension du service de la dette qui est chiffrée à 5,7 milliards de dollars pour l’année 2020.
Le G20 de Ryad s’est engagé également à améliorer la préparation aux pandémies mondiales, la prévention et la détection de ces pandémies, et la réponse à y apporter. Il s’engage également à renforcer et réformer l’Organisation mondiale de la santé. Le Sommet du G20 apporte son soutien au système commercial multilatéral, à l’ouverture des marchés, tout en réformant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Il insiste sur la nécessité de garder les itinéraires de transport internationaux ouverts et sûrs, ainsi que les chaînes d’approvisionnement, tout en respectant les règles de prévention sanitaire. Il affirme sa détermination à garantir la sécurité financière mondiale au travers du FMI, à qui il demande ainsi qu’à la Banque mondiale de déployer de nouveaux instruments financiers en faveur des pays en développement à faible revenu.
En conclusion, le G20 de Ryad a apporté certains éléments positifs concernant la pandémie du Covid19 et la réponse qu’il faut lui donner. Il a mis en exergue la nécessité de la concertation internationale, la solidarité et la coopération multilatérale pour vaincre ce fléau mondial. Il a mentionné l’accès universel équitable et à coût abordable de tous les moyens nécessaires pour lutter contre la pandémie et notamment la vaccination. Il a recommandé l’extension de la protection sociale au plus grand nombre de personnes dans chaque pays. Il s’est engagé à renforcer et réformer l’OMS et l’OMC. Mais force est de constater est que la seule mesure concrète pour les pays en développement à faible revenu concerne la suspension du service de la dette au 30 Juin 2021 avec une possible extension au 31 Décembre 2021. Valeur aujourd’hui rien n’a encore été décidé pour le financement de la vaccination massive qui seule mettra fin à la pandémie. Il est urgent que le G20 aborde cette question en mettant tous les moyens financiers nécessaires pour la vaccination de toute la population des pays en développement à faible revenu.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI