Mission économique marocaine à Shanghai
Pour le développement des relations sino-marocaines
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
L’IMRI a organisé en Septembre 2010 une délégation économique marocaine en Chine, à l’occasion de l’Exposition Universelle qui se tient actuellement à Shanghai. Ce voyage a permis à la délégation marocaine de se rendre compte des immenses progrès réalisés par la Chine durant les trois dernières décennies.
En effet sous l’impulsion de Deng Xiaoping, la Chine a opté dans les années soixante dix pour « l’économie socialiste de marché ». Ce dirigeant chinois a déclaré en 1976 « Il est glorieux de s’enrichir ». En fait, c’est un capitalisme pur et dur qui a été instauré sur le plan économique, qui a permis à la Chine de devenir en 2009 le premier exportateur mondial, et en 2010 la deuxième économie de la planète après les Etats-Unis et devant le Japon. En trente trois ans, la Chine a rattrapé deux siècles de retard. Les atouts de la Chine sont : une population de 1,3 milliards d’habitants, une grande productivité et discipline dans le travail, le sens de l’innovation, et enfin des bas salaires (le salaire minimum moyen est de 120 $ par mois). Ceci lui a permis grâce à la délocalisation d’entreprises asiatiques et occidentales, de connaître une croissance à deux chiffres, et de résister superbement à la grave crise économique mondiale de 2008-2009. La Chine dispose actuellement de 2.000 milliards de $ de réserves de changes, et est devenu le principal créancier des Etats-Unis. Les entreprises chinoises se hissent au premier rang des entreprises internationales. Les chinois possèdent 600 millions de téléphones portables, et 1000 chaînes de télévision. Le potentiel du marché automobile chinois est immense, puisqu’il n’y actuellement que 3 voitures pour 100 chinois, alors que les américains possèdent 80 voitures pour 100 habitants. Enfin, grâce à la diaspora chinoise forte de 200 millions de personnes, la Chine est très active sur tous les continents, et notamment en Afrique, où elle s’approvisionne en matières premières, et construit des routes, des ponts, des hôpitaux. Il est prévu que le G2 (Etats Unis - Chine) constituera 30 % du PIB mondial en 2025.
Cette transformation de la Chine était palpable par la visite de Shanghai, grande agglomération moderne de 20 millions d’habitants et de 3.000 gratte-ciel. Cette ville a reçu plus de 300 milliards de $ d’investissements pendant les cinq dernières années, permettant la construction d’infrastructures, dont des ponts, des tunnels et des lignes de métro. La délégation marocaine a été particulièrement impressionnée par les autoroutes à plusieurs niveaux qui se chevauchent les unes au-dessus des autres, et par l’éclairage multicolore qui illumine tous les bâtiments à la tombée de la nuit. Shanghai ambitionne de devenir en 2020 un important centre financier et logistique d’importance mondiale.
La visite de l’Exposition universelle (de Shanghai a été également pour la délégation marocaine une source d’admiration par les efforts déployés par les autorités chinoises. En effet, cette Exposition inauguré le 1er Mai 2010 et qui durera jusqu’ai 31 Octobre 2010, a nécessité un budget de 43 milliards de dollars pour équiper une surface de 5,3 Km2, et pour y accéder par route, rail, et voie maritime. Outre le pavillon chinois qui est immense et qui regroupe les 60 régions de la Chine, la participation étrangère est massives : 186 pays et 47 organisations internationales. Le thème choisi de cette exposition est « Une ville meilleure pour une vie meilleure ». La participation du Maroc à l’Expo de Shanghai est à la hauteur de cet événement plantaire. Construit en dur par un architecte marocain, et décoré par des artisans de notre pays, le pavillon marocain a été édifié sur une terrain de 2000 m2 en trois étages, permettant une superficie couverte de 4.000 m2. Ce pavillon décrit par la presse chinoise de « Palais des mille et une nuits » a dédié le premier étage à l’art de vivre ancestral marocain. Le second étage a été réservé à la richesse du patrimoine et de l’artisanat, représenté par une série d’échoppe des divers métiers. Le troisième étage reflète à travers des réalisations numériques, les mutations que connaît le Maroc moderne dans le secteur des infrastructures, de l’industrie, de l’agriculture, des services et des loisirs. L’objectif recherché est de faire connaître le Maroc à un grand nombre de chinois. Cet objectif a été largement atteint, puisqu’il a été décompté 30.000 visiteurs par jour, qui attendent patiemment de deux à trois heures avant d’accéder au pavillon.
Compte tenu de ce qui a été constaté par la délégation marocaine, il y a nécessité de développer d’avantage les relations économiques entre le Maroc et la Chine. Dans ce cadre, la délégation marocaine a été reçue le 27 Septembre 2010 par la Chambre de Commerce et d’industrie de Shanghai, où des contacts fructueux ont eu lieu entre les hommes d’affaires chinois et marocains. Les secteurs qui ont fait l’objet de discussion sont : ouvrages métalliques, pièces détachées automobiles, matériel électrique, promotion immobilière, nouvelles technologies de l’information, et produits pharmaceutiques. La Chine est devenu le troisième fournisseur commercial du Maroc, après la France et l’Espagne. Ses exportations vers le Maroc ont dépassé les 20 milliards de dirhams en 2009, contre seulement 1,2 milliard de dirhams d’importations en provenance du Maroc. Il y a donc de la place à des exportations marocaines pour tenter d’équilibrer la balance commerciale. D’après les commerçants marocains installés en Chine, des opportunités importantes existent pour l’huile d’olive, les agrumes et les argiles. Mais au-delà des échanges commerciaux, le Maroc doit surtout chercher à attirer les investissements et les touristes chinois au Maroc. Les investisseurs chinois sont très compétitifs dans les travaux d’infrastructures, et le marché touristique de la Chine est immense.
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