La question du Sahara marocain
Appel à l’Europe pour s’impliquer dans le processus de règlement
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
La question du Sahara marocain qui dure depuis 45 ans vient de connaître ces dernières années un tournant décisif. Rappelons que devant l’impasse au niveau des négociations sous l’égide de l’ONU, le Maroc avait proposé en 2007 une initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région sous souveraineté marocaine. Cette initiative a été jugée crédible et réaliste par la majorité de la communauté internationale et notamment par le Conseil de sécurité de l’ONU. Malheureusement pendant toutes les sessions de négociations sous l’égide de l’ONU, la partie adverse s’est cramponnée au référendum dont l’organisation s’est avérée impossible du fait du désaccord des parties sur l’identification du corps électoral.
Quatre événements récents ont créé une nouvelle dynamique dans le processus de règlement de la question du Sahara. Le 13 Novembre 2020, le Maroc a procédé à une opération militaire sans faire aucune victime, qui a permis la libre circulation entre le Maroc et la Mauritanie. En effet, des éléments armés du Polisario avaient bloqué la route entre les deux pays voisins et vers l’Afrique subsaharienne. Cette opération a été approuvée par la majorité des pays de la communauté internationale. Le 10 Décembre 2020, le Président américain Donald Trump a promulgué un Décret présidentiel reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Dans ce même décret, est affirmé le soutien des Etats-Unis à la proposition d’autonomie du Maroc comme seule base pour une solution juste et durable du différend sur le territoire du Sahara. En outre, les Etats-Unis ont ouvert un Consulat général à Dakhla le 10 Janvier 2021. Cette décision est historique pour notre pays, car il s’agit de la première puissance économique et militaire du monde. D’autre part, les Etats-Unis sont un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, et sont chargés de rédiger les projets de résolution concernant le Sahara. Une autre dynamique dans le processus de règlement de la question du Sahara a été l’ouverture de 20 Consulats généraux étrangers à Laâyoune et Dakhla en vue de développer les relations économiques avec le Maroc.
Le quatrième événement favorable sur la question du Sahara a été l’organisation le 15 Janvier 2021 par le Maroc et les Etats-Unis d’une Conférence ministérielle virtuelle. Ont pris part à cet événement 40 pays en provenance de l’Afrique, de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Amérique. Dans la note de synthèse de cette conférence, les participants ont exprimé leur soutien à l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara comme seule base pour une solution juste et durable de ce conflit régional. Les participants ont par ailleurs souligné la nécessité de faire progresser le processus politique mené sous les auspices exclusifs des Nations Unies. Ils ont souligné que l’ouverture de Consulats étrangers au Sahara va favoriser les opportunités économiques et commerciales de la région et pour l’ensemble du continent africain. Ils ont enfin salué les projets de développement lancés par le Maroc dans le cadre du « Nouveau modèle de développement des Provinces du Sud ».
Il est temps que l’Europe s’implique davantage dans la question du Sahara pour la résoudre définitivement. D’ailleurs la France était présente à la visioconférence du 15 Janvier 2021 et a toujours apporté son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc. D’autre part, l’Ambassadeur d’Allemagne au Maroc a déclaré « qu’il est difficile de trouver une solution plus réaliste et plus fiable » au différend régional autour du Sahara que la proposition d’autonomie présentée par le Maroc, notant que la communauté internationale s’accorde à la qualifier de solution réaliste et pratique. Le Maroc dès son indépendance s’est associé étroitement à l’Union européenne et a obtenu en 2008 le statut avancé. L’Union européenne a fait un pas en avant en intégrant les provinces sahariennes dans les Accords agricoles et de pêche qui la lie au Maroc. L’Europe est également très soucieuse de la stabilité de la rive sud de la Méditerranée afin d’éviter l’immigration clandestine et le terrorisme. Aussi l’Europe a–t-elle intérêt à l’instar des Etats-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
En conclusion, la résolution du conflit du Sahara qui n’a que trop duré permettra l’édification de l’Union maghrébine qui apportera des avantages à tous les pays de l’Afrique du Nord. Elle contribuera à la stabilité de cette région qui est déjà troublée par le terrorisme au Sahel.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI