La vaccination contre le Covid 19 au Maroc
Quelle leçon en tirer ?
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le Vendredi 22 Janvier 2021 le Maroc a reçu 2 millions de doses du vaccin AstraZeneca contre le Covid 19 en provenance de l’Inde. Il est prévu une livraison le 27 Janvier du vaccin chinois de Sinopharm. Rappelons que le Maroc a été touché par le Covid 19 le 2 Mars 2020, après que ce virus est apparu à Wuhan en Chine en Décembre 2019.
Pendant toute l’année 2020, les autorités marocaines ont pris des mesures préventives pour réduire la prorogation de virus dans la population. Elles ont concerné la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres. Les mesures de confinement total ou partiel ont été également prises suivant le degré de contamination et de décès dans le pays. Il s’est agi de tous les espaces où un rassemblement de personnes est possible : écoles, cafés-restaurant-hôtels, administrations, entreprises privées et publiques. Ces mesures ont été accompagnées du port obligatoire du masque, de la distanciation d’au moins un mètre, et du lavage fréquent des mains. L’Etat marocain a ainsi privilégié la santé au détriment de l’économie, en veillant tout particulièrement à la non-saturation des hôpitaux publics. Ces derniers ont fait l’objet d’une mise à niveau aussi bien sur le plan matériel que sur le plan du personnel soignant. Différents traitements ont été utilisés pour lutter contre le Covid 19, notamment la chloroquine qui a donné de bons résultats au début de la pandémie. Sur le plan général, la gestion du Covid 19 au Maroc a été assez satisfaisante aussi bien au niveau du gouvernement, qu’à celui de la population qui malgré de nombreux sacrifices s’est pliée aux injonctions des autorités. Le bilan du Covid 19 à ce jour 25 Janvier 2021 est honorable par rapport à de nombreux pays. En effet on ne déplore que 466.289 cas de contamination et 8.150 décès. Malheureusement, sur le plan économique l’année 2020 s’est achevée avec une récession de 7,6% et une perte d’emplois de 1,2 million de postes, malgré une aide publique substantielle tant au niveau des consommateurs qu’au niveau des entreprises.
Pour mettre fin à la pandémie du Covid 19 les traitements utilisés ne suffisent pas, d’où la nécessité de vacciner massivement la population pour obtenir une immunité collective. Sous l’égide du Roi Mohammed VI, une stratégie de vaccination gratuite au Maroc a été mise au point dès le début de l’apparition du virus dans notre pays. Le choix s’est porté sur le vaccin chinois de Sinopharm et le vaccin anglo-suédois AstraZeneca. En effet pour le transport et leur stockage, ces vaccins n’ont besoin pour garder leur efficacité que d’une température entre 2°C et 8°C contrairement aux vaccins américains Pfizer et Moderna qui nécessitent -71°C et -20°C. Des contrats commerciaux ont été signés par le Maroc avec les laboratoires Sinopharm et AstraZeneca pour 40 millions et 26 millions de doses. Les essais cliniques ont eu lieu au Maroc concernant le vaccin de Sinopharm. A raison d’une double dose par vaccination, 80% de la population marocaine pourrait être vaccinée assurant l’immunité collective. Alors que les premières livraisons au Maroc auraient dû être réalisées au mois de Décembre 2020, ce n’est que le 22 Janvier 2021 que le Maroc a reçu le vaccin de AstraZeneca, et qu’il est prévu une livraison de Sinopharm le 27 Janvier. A ce jour le planning des livraisons n’est pas connu, d’où l’impossibilité de fixer avec précision la période de vaccination. Cependant ayant préparé minutieusement la vaccination, les autorités marocaines vont commencer dès cette semaine débutant le 25 Janvier 2021. La vaccination se fera donc progressivement en fonction des livraisons, et doit concerner en premier lieu les autorités publiques, le personnel de santé, les enseignants, puis les personnes vulnérables de plus de 75 ans.
La leçon à tirer de cette pandémie du Covid 19 est qu’en cas d’urgence sanitaire, les producteurs de vaccins servent d’abord leur population avant d’exporter le reliquat. D’où la nécessité pour le Maroc de produire ses propres vaccins afin de lutter contre les pandémies à venir. Il faut dès maintenant s’attacher à cette grande tâche, par l’orientation de nos étudiants vers les matières scientifiques, la promotion de la recherche/développement, et une coopération Sud/Sud étroite avec les grands producteurs de vaccins que sont l’Inde et la Chine. Le Maroc pourrait non seulement satisfaire ses besoins, mais exporter vers les autres pays d’Afrique qui ne produit que 3% de la production mondiale de médicaments.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI