34ème Sommet de l’Union africaine
Le Continent fait face à de nombreux défis
Des élections favorables au Maroc
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Sous forme de visioconférence, le 34ème Sommet de l’Union africaine a eu lieu les 6 et 7 Février 2021. Le thème de cette session est « Arts, culture, et patrimoine : des leviers pour construire l’Afrique que nous voulons ». L’ordre du jour de ce Sommet est assez chargé puisqu’il comporte l’examen de la réponse de l’Union africaine à la pandémie de la Covid-19 en Afrique, le rapport du président rwandais Paul Kagame sur la réforme institutionnelle de l’Union africaine, la mise en œuvre de la ZLECAF et les activités liées au thème de l’année 2021. Il comporte également le passage de la présidence de l’Union africaine du Sudafricain Cyril Ramaphosa au Congolais Félix-Antoine Tshisekedi. Enfin il a donné lieu à l’élection du Président de la Commission de l’Union africaine, de la Vice-Présidente et des présidents des six Commissions thématiques.
Très peu touché par la première vague du Covid 19 au début de l’année 2020, le continent africain subit actuellement une seconde vague plus importante. Le Sommet a décidé la mise en œuvre du « Fonds africain du Covid-19 » : une plateforme pour l’acquisition de matériels de tests Covid-19. Il a évalué le travail effectué par le Task force africaine chargée de l’acquisition des vaccins, et pris des mesures pour renforcer le CDC : Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses en Afrique. Valeur actuelle (Février 2021) on déplore en Afrique 3,6 millions de contaminations et plus de 94.000 décès. Seuls cinq pays ont commencé la vaccination contre le Covid-19 : Iles Seychelles, Maroc, Ile Maurice, Afrique du Sud et Egypte. Le COVAX mécanisme créé sous l’égide de l’OMS pour acquérir et distribuer les vaccins anti-covid aux pays défavorisés, ne dispose que de 90 millions doses alors qu’il faudrait 1,5 milliards de doses pour vacciner 60% de la population africaine sur la base de 2 vaccins par vaccination. Les prévisions indiquent que seule 30% de la population africaine sera vaccinée pendant l’année 2021. Le Maroc conformément aux instructions Royales a octroyé une assistance en produits médicaux et de protection à 21 pays africains, et est disposé à partager son expérience en matière d’organisation et de planification d’une campagne de vaccination de grande ampleur à tous les pays africains intéressés.
Au sujet de la réforme institutionnelle, le Sommet a examiné le Rapport intérimaire présenté par le président rwandais Paul Kagame, et a adopté des recommandations tendant à finaliser la question de répartition des tâches, à donner effet aux conclusions de l’audit comptable de la Commission de l’Union africaine, à rechercher de nouveau mécanismes de financement des activités de l’Union africaine, et ne procéder à des recrutements qu’en fonction des critères de mérite. Le Sommet s’est félicité de la mise en œuvre le 1er Janvier 2021 de la ZLECAF (Zone de libre-échange du Continent africain) et a exhorté les membres à accélérer les questions en suspens, telles que l’offre concernant le désarmement douanier et la définition du certificat d’origine. Concernant le thème de l’année 2021, il s’agit du rapatriement des œuvres d’art africains gardés hors du continent, de participer à la deuxième réunion de Luanda sur le culture de la paix qui se tiendra en Angola en 2021, et de soutenir les projets de musée en Algérie, Egypte et Sénégal.
Lors de la clôture du Sommet le dimanche 7 Février 2021, le nouveau président de l’Union africaine M. Félix-Antoine Tshisekedi a souligné l’impératif de faire face aux défis sécuritaires qui pèsent sur les actions entreprises pour bâtir une Afrique solide dans ses fondations. Il a cité dans ce sens la prolifération des groupes armés locaux et étrangers, ainsi que la montée en puissance des groupements terroristes. Ces hors-la-loi agissent notamment en République Centre-africaine, dans l’Est et le Nord-Est de la République démocratique du Congo, dans la zone Sahélo-saharienne ainsi que dans le Sud du continent au Mozambique. D’où la nécessité d’éradiquer ces phénomènes et d’imposer coûte à coûte la paix.
Le Sommet a procédé également à des élections qui ont abouti à la réélection du Tchadien Moussa Faki Mohamat à la présidence de la Commission de l’Union africaine, de la Rwandaise Dr Monique Nsanzabaganwa à la Vice-Présidence de la Commission. L’importante Commission des affaires politiques, de la paix et de la sécurité a été dévolue au diplomate nigérian Bankole Adeoye, tandis que la Commission de l’Agriculture du développement rurale et de l’économie bleue a été attribuée à l’Angolaise Josefa Sacko. Mr Albert Muchanga de la Zambie a été reconduit en tant que Commissaire Chargé du développement économique, du commerce, de l’industrie et des mines, et l’égyptienne Madame Amani Abou Zeid a été réélue Commissaire chargé des infrastructures et de l’énergie. Les deux Commissaires restant : Education, sciences, technologie et Affaires sociales et santé seront élus en Juin 2021.
En conclusion, l’Afrique doit faire face à de nombreux défis. Le plus immédiat est la réponse à la pandémie du Covid-19, et notamment la disponibilité des vaccins pour parvenir à l’immunité le plus rapidement possible. Le second défi est la mise en œuvre effective de la ZLECAF et de la réforme institutionnelle. Le troisième défi est le développement économique et social sans oublier la lutte contre l’insécurité et le changement climatique. Depuis son retour à l’Union africaine le 30 Janvier 2017, le Maroc apporte une contribution substantielle à tous ces défis, tout en défendant sur place sa souveraineté sur le Sahara marocain. Les pays les plus irréductibles à notre intégrité territoriale sont l’Algérie et l’Afrique du Sud, qui ne manquent aucune occasion pour s’opposer au Plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 à l’ONU pour résoudre définitivement cette question. Le 34ème Sommet de l’Union africaine est favorable au Maroc du fait du remplacement du Sud africain Cyril Ramaphosa par le Congolais Félix-Antoine Tshisekedi à la tête de la présidence de l’Organisation. De même, le remplacement de l’Algérien Smail Chergui par le Nigérian Bankole Adeoye. On ne peut que féliciter la diplomatie marocaine devant ces résultats, mais elle doit persévérer pour obtenir l’élection d’un marocain à la présidence d’une des Commissions qui restent à pouvoir en Juin 2021. Il est en effet important que le Maroc intègre si possible au plus haut niveau les instances de l’Union africaine.
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