La politique étrangère du Président Biden
Le retour de l’Amérique sur la scène mondiale
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le Président Biden qui a pris officiellement ses fonctions le 20 Janvier 2021 a défini la politique étrangère des Etats-Unis pendant sa campagne électorale, et surtout dans son discours du 4 Février 2021 au Département d’Etat qui est le Ministère des Affaires étrangères américain. En se rendant très rapidement au Département d’Etat, il veut rendre hommage aux diplomates qu’il a qualifiés comme étant « le cœur et le âmes des Etats-Unis », contrairement à son prédécesseur qui avait négligé cette institution.
Lors de son discours, il a déclaré que l’Amérique est de retour sur la scène internationale pour conduire le monde, comme elle l’a fait depuis la seconde guerre mondiale et jusqu’à l’élection de Donald Trump. Il a insisté sur les valeurs messianiques des Etats-Unis, notamment la défense de la démocratie et des droits de l’homme. Tout en défendant les intérêts de son pays, il a marqué son intérêt pour le multilatéralisme qui a été mis à mal par Donald Trump avec son fameux slogan « America first ».
Pour mettre en pratique ces principes fondamentaux, il a décidé de faciliter le naturalisation des immigrés vivant sur le sol américain, de fixer à 125.000 le nombre d’immigrés qui pourront entrer aux Etats-Unis en 2022 contre 15.000 en 2021, et de réunir les 600 enfants qui ont été séparés de leurs parents qu’il considère comme la honte de l’Amérique. Ce même principe de démocratie et des droits de l’homme, il compte l’appliquer aussi aux relations avec la Russie et la Chine. Il considère la Russie comme une grande menace pour les Etats-Unis du fait de son interférence dans les dernières élections américaines, des cyberattaques contre son pays, et du traitement agressif contre les opposants au régime. Quant à la Chine qu’il a qualifié de plus grand concurrent des Etats-Unis, il lui reproche également son manque de démocratie et de respect des droits de l’homme notamment vis-à-vis des Ouighours, une minorité musulmane dans le Nord-Ouest de la Chine qui subit des sévices insupportables. Le Président Biden reproche également la politique d’extension de la Russie par le rattachement en 2014 de la Crimée à son territoire, et la convoitise de la Chine sur l’île de Taiwan.
Pour mettre en pratique le multilatéralisme, le Président Biden a décidé le retour des Etats-Unis à l’Accord de Paris sur le climat. Il compte aussi investir aux Etats-Unis 2.000 milliards de dollars dans les quatre ans à venir pour un plan collosal contre le réchauffement climatique. Au cours des 100 premiers jours au pourvoir, il compte réunir les dirigeants des nations les plus polluantes pour un sommet sur le climat, où il entend convaincre ces pays de revoir à la hausse leurs engagements. Le Président Biden a également décidé le retour des Etats-Unis à l’Organisation mondiale de la santé et au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Il considère les relations des Etats-Unis avec l’OTAN comme un engagement sacré, et veut rétablir un partenariat transatlantique solide et apaisé. Dans ce sens, il a décidé de stopper le retrait des troupes américaines d’Allemagne, et de se concerter avec l’Union européenne sur les questions économiques pour opposer un front uni contre la Chine. Il compte comme l’ex-président Obama donner la priorité à l’Asie en consolidant les liens avec les alliés traditionnels : le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et Taiwan.
Vis-à-vis du Moyen-Orient, il veut mettre fin aux « guerres éternelles » en Afghanistan et en Irak, et va retirer le soutien des Etats-Unis à l’Arabie Saoudite dans la guerre du Yémen. Il se dit prêt à revenir à l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien si Téhéran se remet à respecter le texte de l’Accord. Sur le conflit israélo-palestinien, tout en continuant à assurer la sécurité d’Israël, il compte renouer avec les Palestiniens en adoptant la solution à deux Etats, et en renouvelant le financement américain à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine).
Pour ce qu’est de l’Afrique qui était négligé par Donald Trump, il a envoyé un message chaleureux au 34ème Sommet de l’Union africaine où il a déclaré vouloir reprendre le dialogue, et consolider le partenariat avec le continent africain dans les domaines de la santé, du climat, du commerce et des investissements. Pour ce qui est des relations avec le Maroc, Joe Biden en tant que Vice-Président de Barak Obama avait visité le Maroc en Novembre 2014 pour prendre part à la cinquième édition du Sommet Global de l’Entreprenariat qui a été organisée à Marrakech. Il avait été reçu par le Roi Mohammed VI à Fès le 19 Novembre 2014 et avait déclaré « le Maroc est le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des Etats-Unis. Le Maroc a une place particulière dans le coeur des Américains ». Etant donné les relations historiques entre le Maroc et les Etats-Unis, le partenariat économique et de sécurité entre les deux pays, la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara ne sera pas remise en cause par le nouveau Président Joe Biden.
En conclusion, on ne peut que se réjouir de la nouvelle politique étrangère des Etats-Unis sous la présidence de Joe Biden qui va être plus morale,plus apaisante, et qui va favoriser la paix et la prospérité dans le monde.
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