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Sommet de Joe Biden sur le climat
Quelles perspectives ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le changement climatique correspond à une modification durable du climat global de la terre qui peut être due à des processus intrinsèques à la terre, à des influences extérieures, ou aux activités humaines. Depuis la révolution industrielle, les scientifiques ont constaté un réchauffement de la température terrestre, qui résulte de la modification de la composition de l’atmosphère par les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines. Les conséquences directes du changement climatique se traduisent par la hausse des températures et du niveau de la mer, l’intensification des précipitations, la fonte des glaciers. Les conséquences indirectes sont l’augmentation des crises alimentaires et de l’eau, les risques sanitaires, les conséquences économiques, la perte de la biodiversité. L’ONU a créé en 1988 le Groupe d’expertes intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui a pour objectif de fournir des évaluations de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. En 1992, 197 pays ont joint la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques en vue de considérer ce qui pouvait être fait pour réduire le réchauffement global et faire face à la hausse des températures. En 1997, le Protocole de Kyoto fût adopté au Japon et pose une limite aux grandes économies mondiales sur le rejet total des émissions de gaz à effet de serre. En 2016, a été signé à New-York l’Accord de Paris par 187 pays qui s’engagent à prendre des mesures pour maintenir l’élévation de la température mondiale au dessous de 2° C d’ici à la fin du siècle.

En 2017, le Président américain Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l’Accord de Paris qui a continué à être appliqué par les autres parties. Joe Biden lors de sa campagne présidentielle fait de l’écologie un élément important de son programme, et rétablit les Etats-Unis dans l’Accord de Paris dès le 20 Janvier 2021. Afin de marquer solennellement le retour des Etats-Unis, Joe Biden a organisé un Sommet sous forme de visioconférence les 22 et 23 Avril 2021, et a invité les représentants de 40 pays qui sont responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. L’objet de ce Sommet est de relever les engagements des participants et notamment les pays les plus pollueurs.
Le Président Biden commence par donner l’exemple en s’engageant à réduire de 50% à 52% les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis d’ici 2030 par rapport à 2005. C’est le doublement de l’engagement pris par les Etats-Unis dans l’Accord de Paris. Il annonce également la neutralité carbone (Zéro émission nette) d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, il prévoit de mettre en œuvre un plan de 2000 milliards de $ financé par une hausse des impôts : augmentation de l’impôt sur les sociétés de 21 à 28%, taxe de 21% sur les multinationales, lutte contre l’optimisation fiscale des grands entreprises. Ce plan prévoit la rénovation des infrastructures, la promotion de l’électrification du parc automobile, le désenclavement des zones urbaines en difficultés, l’augmentation de la résilience aux catastrophes naturelles. Ce plan permettra la création de 18 millions d’emplois dans les quatre années à venir. Les GAFAS contribuent également à l’effort écologique : Apple crée un fonds de 200 millions de $ pour investir dans les projets forestiers, Facebook utilise 100% d’énergies renouvelables, et Google Earth intensifie les vidéos visualisant les transformations de la nature du fait du changement climatique.
Le Président chinois Jinping qui a participé à la visioconférence a annoncé de son côté la neutralité carbone de son pays en 2060, et une utilisation moindre du charbon à partir de 2025. Il a confirmé sa coopération avec les Etats-Unis dans la lutte contre le changement climatique. L’Union européenne a annoncé une réduction de 55% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2005. Le Royaume-Uni se veut plus ambitieux avec une réduction de 78% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à 1990. Le Japon a annoncé une réduction de 46% de ses émissions des gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2013 et le Canada -40 à – 45% d’ici 2030 par rapport à 2005. Même le Brésil a annoncé la neutralité carbone d’ici 2050, et l’éradication de la déforestation illégale d’ici à 2030. La Russie s’est contentée d’annoncer qu’elle allait respecter ses obligations internationales en matière d’écologie.
En conclusion, on ne peut que se réjouir du retour à l’Accord de Paris des Etats-Unis qui sont le second pollueur de la planète dans le monde après la Chine. Les annonces qui ont été faites pendant le Sommet sont prometteuses, encore faut-il qu’elles soient mises en application par les différents gouvernements. Le Président Biden notamment doit obtenir l’accord du Congrès où il ne dispose que de 50% des membres du Sénat. La Cop26 qui aura lieu à Glasgow en Novembre 2021 va permettre de formaliser ces engagements. Un autre problème qui n’a pas été abordé par le Sommet est l’aide aux pays en développement pour financer leur transition écologique, à part l’annonce du Secrétaire au Trésor américain qui a promis une aide financière supplémentaire de 1,2 milliard de dollars au Fonds vert en 2022.

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