Sommet du G7 en Angleterre
Le sursaut du monde occidental
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Les membres du G7 se sont réunis en Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement du 11 au 13 Juin 2021 à Carbis Bay en Cornouailles au Sud-Est de l’Angleterre. Rappelons que les membres du G7 sont les pays les plus développés du monde occidental : Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Japon, Etats-Unis. C’est la première fois que le Président américain Joe Biden participe à un G7. La chancelière Angela Merkel a salué sa présence qui va donner un nouvel élan au G7 basé sur la démocratie, l’ouverture et le multilatéralisme. En effet sous Donald Trump, le G7 avait perdu de son dynamisme du fait que l’ex-président américain avait pratiqué une politique bilatérale avec son fameux slogan « America first ».
Il faut reconnaître que le Sommet du G7 en Angleterre a pris plusieurs mesures de haute importance. Il a examiné tout d’abord la pandémie du Covid-19 née à Wuhan en Chine en Décembre 2019, et qui a causé à ce jour 176 millions de cas de contamination et 3,8 millions de décès. La pandémie du Covid-19 a entraîné une régression de l’économie mondiale de 4,9% en 2020. Grâce à la conception et la fabrication de vaccins, les pays développés ont fait un grand effort de vaccination qui va permettre une croissance de 5,6% en 2021. Mais cette vaccination a été très inégalitaire, les pays pauvres n’ont pu faire vacciner qu’un petit pourcentage de leur population. Afin d’atteindre le plus rapidement possible une immunité mondiale, le G7 a décidé de mettre à la disposition des pays défavorisés 1 milliard de doses de vaccins d’ici la fin de 2022 dont 50% offerts par les Etats-Unis. Ce transfert sera fait à travers les organismes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ACT-A et COVAX. La France s’est engagée à doubler sa contribution à hauteur de 60 millions de doses de vaccins d’ici la fin de cette année 2021.
Le G7 a décidé également de mettre en œuvre des mécanismes pour prévenir les futures pandémies afin de s’y préparer à l’avance. Il a chargé l’OMS qui va être réformée, pour faire une enquête sur l’origine de la pandémie du Covid-19, et sur les mesures de prévention des futures crises sanitaires. Les dépenses pour la lutte contre la pandémie du Covid-19 vont atteindre 10 milliards d’euros, dont 1,3 milliard d’euros pour les pays pauvres, afin de vacciner 20% de la population de 92 pays d’ici la fin 2021. La France et les Etats-Unis ont donné leur accord pour la levée des brevets concernant les vaccins anti-Covid 19, mais l’opposition de l’Allemagne n’a pas permis de prendre une décision sur cette question. En attendant, le G7 a encouragé les licences volontaires et le transfert de technologie et de savoir-faire en faveur des pays en développement, afin d’augmenter la capacité de production mondiale des vaccins. Le Sommet a souhaité également une coopération mondiale pour lutter contre les nouveaux variants du Covid-19. Alors que les membres du G7 ont apporté une aide à leur économie de 6.000 milliards de dollars, ils se sont engagés à accompagner financièrement les pays en développement pour la relance de leur économie et pour la suspension temporaire du service de leur dette extérieure.
Le Sommet du G7 s’est penché également sur la lutte contre le changement climatique pour préparer la conférence de l’ONU sur le climat la Cop26 qui aura lieu à Glasgow en Ecosse du 1er au 12 Novembre 2021. Il a réaffirmé l’engagement de limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 1,5 degré par rapport à l’ère industrielle. Les membres du G7 se sont engagés à réduire de 50% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et la neutralité carbone d’ici 2050. Ils ont décidé l’annulation dès cette année de toute aide publique aux investissements utilisant le charbon ou une énergie fossile. Sur le plan financier, le Sommet a décidé de mettre à la disposition des pays en développement 2 milliards de dollars pour les accompagner dans leur transition verte. Les membres du G7 ont également réitéré leur accord pour contribuer au financement à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2025 des politiques climatiques des pays défavorisés.
Sur le plan international, ils ont reproché à la Chine le non respect des droits humains au Xinjiang concernant la minorité Ouïghour, et également à Honk Kong. Ils ont également reproché à la Russie ses activités déstabilisatrices telles que les cyberattaques. Enfin pour contrer « les Nouvelles routes de la soie de la Chine», ils ont décidé de mettre en œuvre un vaste plan de 100 milliards de dollars intitulé « Mieux reconstruire le monde » en faveur de l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, pour les infrastructures, la santé, le numérique et la lutte des inégalités.
En conclusion, on ne peut que se féliciter du retour de l’Amérique sur le plan international, et saluer les promesses du G7 en faveur des pays en développement, tant pour la lutte contre la pandémie du Covid-19 que pour la transition climatique. Il faut maintenant que ces mesures soient mises en œuvre concrètement le plus rapidement possible. Il faut aussi noter que le monde est dorénavant divisé en deux blocs : le monde Occidental d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre.
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