Les nouvelles technologies de l’information et de la communication en Inde
Relations entre le Maroc et l’Inde dans ce domaine
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
L’Inde dispose d’une industrie informatique puissante qui a représenté en 2020 250 milliards de dollars soit 7,5% du PIB. Le nombre d’utilisateurs Internet en Inde est estimé à 730 millions grâce à l’adoption rapide de la technologie numérique. De puissantes entreprises indiennes dans le domaine de l’informatique tels que Infosys, Wipro, TCS et Tech Mahindra diversifient leurs offres à leurs clients nationaux et internationaux sous le triptyque : coût peu élevé, haute qualité, et rapidité. Elles présentent des idées novatrices en matière de Blockchain et d’intelligence artificielle, utilisant des Centres de recherches et d’innovation disséminés sur tout le territoire indien. Le Centre le plus prestigieux est « Indian institute of Science » Centre universitaire scientifique qui se trouve à Bangalore, une ville de 8,4 millions d’habitants au sud de l’Inde, et qui compte 2000 chercheurs. L’agglomération est considérée comme la « Silicon Valley » indienne et l’exemple d’un pôle de compétence mondiale. Elle s’est spécialisée dans la sous-traitance dans les domaines des logiciels informatiques, de la biochimie, et de l’aérospatiale. De très nombreuses entreprises technologiques du monde entier y ont installé des unités de recherches, de services (Centres d’appel) et de conception/production. On peut citer à titre d’exemples Google, Microsoft, Yahoo, Amazon, IBM, Axa Business, HP, Accenture, Logica, Capgemini et d’autres. Au Sud-Est de Bangalore a été installé Electronic City qui est un parc d’activité dédié aux technologies de l’information. Ce parc qui s’étale sur 136 hectares compte 100.000 emplois.
L’Inde est la destination principale d’approvisionnement dans le monde représentant environ 55% du marché mondial des services d’approvisionnement représentant 181 milliards de dollars. Les entreprises indiennes ont mis en place 1.000 centres de distribution dans le monde dans environ 80 pays. Les exportations indiennes de technologies de l’information ont atteint 126 milliards de dollars au cours de l’année fiscale 2017-2018, tandis que les revenus intérieurs ont atteint 41 milliards de dollars. Il est prévu que les technologies de l’information (IT) s’élèvent à 350 milliards de dollars en 2025.
Au niveau des IDE, le secteur des logiciels et du matériel informatique a attiré des investissements de l’ordre de 30 milliards de dollars d’Avril 2000 à Décembre 2017. Les réalisations dans le secteur informatique indien sont d’une grande importance. On peut citer l’entreprise NASSCOM qui a lancé une plate-forme en ligne visant à améliorer les compétences de plus de 2 millions de professionnels de la technologie, et à former 2 millions d’employés et d’étudiants potentiels. Plus de 1140 « Global In-house Centers » (Centre global interne) exercent leurs activités en Inde.
Pour arriver à ces résultats exceptionnels, les fournisseurs informatiques indiens suivent les meilleures pratiques internationales et ont adopté plusieurs normes mondiales de certification de suivi de qualité. On peut citer à titre d’exemple le Modèle de maturité des capacités (CMM) qui évalue la capacité des processus des entreprises à mettre en œuvre un projet de logiciel sous contrat. L’ISO 9.000 qui s’applique à l’assurance qualité dans la conception, le développement, la production et la maintenance des logiciels. Le TQM (Total Quality Mangement), le Six Sigma certification de qualité et le COPC (Customer Opérations Performances Center) qui confirme la capacité à fournir un développement de logiciel de qualité à temps. Le gouvernement indien a mis en œuvre afin de promouvoir l’industrie informatique les parcs de technologies logicielles (STPI) et les zones économiques spéciales (ZES).
L’Inde est devenu la plus grande concentration d’ingénieurs et de techniciens anglophones dans le monde. En résumé, l’Inde de simple pôle d’externalisation s’est transformée en acteur technologique mondial. L’écosystème informatique du pays continuera dans l’avenir à croître dans tous les secteurs d’activités, d’autant plus que la pandémie du Covid-19 a démontré que l’outil informatique est incontournable lorsque la mobilité est réduite.
RELATIONS MAROC/INDE
Les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Inde datent de 1957, soit une année après l’indépendance de notre pays. Le Roi Mohammed VI a effectué une visite en Inde en Octobre 2015, ce qui a relancé le partenariat entre les deux pays. Une quarantaine d’Accords et de mémorandums ont été à ce jour signés entre les deux partis. Les échanges commerciaux avec l’Inde s’élèvent en 2019 à 19,4 MM Dh, soit 11,15 MM Dh d’importations et 8,25 MM Dh d’exportations, d’où un taux de couverture de 74%, alors que la balance commerciale était bénéficiaire pour le Maroc les années précédentes. L’Inde est le 11ème fournisseur et le 7ème client du Maroc. Les importations se composent de produits énergétiques (41%), demi-produits (22%), produits finis d’équipement industriel (16%) et produits finis de consommation (13%). Les exportations sont constituées d’acide phosphorique (70%) de phosphates bruts (21%) d’engrais naturels et chimiques (4,3%) et de ferraille (1,3%). Les investissements indiens au Maroc s’élèvent à 200 entreprises dans les secteurs de l’automobile, tourisme, offshoring, NTIC, mines, chimie, textile et industrie pharmaceutique. Il existe un Joint-venture entre l’OCP et le groupe indien Birla. Les IDE indiens ont été très faibles en 2019 (180 millions de dh). Les investisseurs indiens au Maroc sont : Tata Hispano Motors (automobile) Oberoi Hotels & Resorts, Bergguen, Tata (hôtellerie) et Tata consulting services (offshoring).
Il existe une réalisation concrète maroco-indienne CEIT (Centre d’excellence en technologie d’information) situé au Technopark de Casablanca. Ce Centre est équipé de matériels informatiques, licences, progiciels IT, et d’une bibliothèque IT, le tout fourni bénévolement par l’Inde. Le partenaire marocain est l’INPT (Institut national des postes et télécommunications). Le CEIT assure une formation certifiante en anglais au profit de titulaires d’un Bac + 2, sur des thématiques avancées en IT tells que le génie logiciel, la conception des sites Web multimédia, la programmation java, l’administration de système Linux, la gestion des projets IT, et l’administration des bases de données. Le CEIT a lancé le 18 Décembre 2017 ses premiers appels à candidature pour l’inscription. Il est prévu de former 500 stagiaires chaque année.
Un deuxième projet concret de coopération entre le Maroc et l’Inde concerne la conception informatique d’un Registre national pour la population (RNP) à caractère social. Il s’agit d’identifier l’ensemble des ménages marocains afin de déterminer leur revenu, en vue de verser une dotation mensuelle aux plus pauvres, permettant de supprimer la Caisse de Compensation de certains produits : gaz butane, sucre et blé tendre. Un mémorandum a été signé entre le Ministère de l’Intérieur et un Institut International de Bangalore pour la conception et le développement d’une plateforme logicielle open source modulaire dénommée « MOSIP ».
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