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Sommet des pays du Sud de l’Union européenne
Une Méditerranée tumultueuse

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le 8ème Sommet des pays du Sud de l’Union européenne s’est tenu le Vendredi 17 Septembre 2021 à Athènes. Ce Sommet s’est déroulé en présence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de 9 pays : Chypre, Croatie, Espagne, France, Grèce, Italie Malte, Portugal et Slovénie. Contrairement à l’Union pour la Méditerranée et le Dialogue 5+5 où les pays sud-méditeraneens sont représentés, ce Sommet ne regroupe que des pays européens.

Le Sud de la Méditerranée connaît actuellement des crises qui frappent plusieurs pays, et qui ont des répercussions dans toute la région et notamment en Europe, sous forme de flux migratoires et de terrorisme. Aussi, ce 8ème Sommet des pays du Sud de l’Union européenne a passé en revue plusieurs pays en crise. Il s’agit tout d’abord de la République de Chypre qui occupe la partie Sud de l’Ile, le Nord étant placé sous domination turque. En Novembre 2020, le Président turc considère que la réunification de Chypre est une chimère et propose la partition définitive de l’Ile. Chypre faisant partie de l’Union européenne, le 8ème Sommet déclare que la solution à deux Etats est inacceptable, et propose que le différend soit porté devant la Cour internationale de justice.
Par contre le 8ème Sommet des pays du Sud de la Méditerranée s’est déclaré favorable, en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, à la création de 2 Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. Le Sommet a également exhorté Israël de cesser toute expansion en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Enfin il demande à Israël et à l’Autorité palestinienne de reprendre les négociations. Pour ce qui est de la Syrie, le Sommet préconise l’application du cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire. Il met l’accent sur le volet humanitaire en exigeant l’accès à la population sans entraves. Il demande également à l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU la relance du processus politique afin de trouver une solution définitive à ce problème.
Le Sommet s’est penché par la suite sur la situation dramatique du Liban qui est en crise depuis 2019. Cette crise a été aggravée par l’explosion du 4 Août 2020 dans le port de Beyrouth. Le Sommet a réitéré son soutien à la population libanaise qui souffre également de la pandémie du Covid-19. Il salue la nomination du nouveau Chef de gouvernement Najib Mikati et lui demande d’urgenter les réformes nécessaires pour relancer l’économie. Concernant la Libye, le Sommet s’est félicité de la mise en place d’une nouvelle Autorité exécutive unifiée de transition. Tout doit être mis en œuvre pour l’organisation des élections libres et régulières le 24 Décembre 2021. Pour cela il faudra unifier les institutions, clarifier les fondements constitutionnels, et établir le cadre juridique par les élections. Le Sommet rappelle le respect de l’Accord de Cessez-le-feu, le retrait de tous les combattants notamment étrangers, la prévention des flux migratoires, et le respect de l’embargo sur les armes.
Pour ce qui est de la Tunisie, le Sommet réaffirme la nécessité de préserver la démocratie, les procédures constitutionnelles et l’Etat de droit. Il insiste sur la formation le plus rapidement possible d’un gouvernement capable de faire face à la crise actuelle. Il réaffirme son plein soutien aux efforts de ce pays par juguler la crise économique et sociale aggravée par la pandémie du Covid-19. Le Sommet s’est dit également préoccupé par la situation au Sahel. Il poursuit dans cette région trois objectifs : La lutte contre le terrorisme, le renforcement de la coopération militaire, et la maintien des garanties apportées par les forces internationales, en premier lieu la MINUSMA. Au Mali, il est indispensable que la transition en cours se termine dans les délais avec l’organisation d’élections le 22 Février 2022.
En conclusion, on ne peut que déplorer le grand nombre de foyers de tension au Sud de la Méditerranée. Il faut cependant rendre hommage au 8ème Sommet du pays du Sud de l’Union européenne pour sa position claire sur le conflit israélo-palestinien : solutions à 2 Etats, et arrêt de l’expansion israélienne en Cisjordanie et Jérusalem-Est. On peut aussi regretter que certains Etats du Sud de la Méditerranée n’ont pas été invités, ce qui aurait pu enrichir les débats. Enfin ce 8ème Sommet n’a regroupé que 9 Etats membres de l’Union européenne, il faut convaincre les 18 autres membres de l’Union européenne pour parvenir à une position commune sur ces questions.

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