La Conférence de Glasgow sur le climat
Qu’en est-il du Maroc sur le plan de l’environnement ?
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Repoussée d’un an à cause de la pandémie de Covid-19, la 26ème conférence des parties se tiendra du 31 Octobre au 12 Novembre 2021 à Glasgow en Ecosse. L’objectif de cette Cop26 est de renforcer la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut accélérer la cadence du fait de la multiplication ces dernières années des catastrophes naturelles : inondations, incendies des forêts, sécheresses, désertification, pluies de grêle. D’ailleurs la GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a déclaré dans son dernier rapport en 2021, que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est insuffisante, et que si de nouveaux engagements ne sont pas pris, la température de la terre augmentera de 3°C d’ici la fin du siècle. Or l’accord de Paris lors de la Cop21 en décembre 2015 a prévu de limiter au dessous de 2°C le réchauffement climatique.
Cet Accord a été signé par 195 pays, d’où son caractère universel. La Cop26 sera présidée par le Royaume-Uni, et aura pour objet de renouveler et d’améliorer les NDC (Contributions déterminées au niveau national), c'est-à-dire l’engagement chiffré de chaque pays signataire de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Un autre point à l’ordre du jour est l’aide des pays riches, responsables historiques du réchauffement climatique, au profit des pays les plus pauvres pour financer leur transition écologique. En effet en 2009 à Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à allouer chaque année 100 milliards de dollars pour financer la transition des pays défavorisés. Mais cette promesse n’est tenue que partiellement, c’est ainsi que pour l’année 2019, l’OCDE a chiffré l’aide aux pays en développement à seulement 79 milliards de dollars. L’ONG Oxfam a chiffré l’aide à 51 milliards d’euros en moyenne pour les années 2017-2018. Les autres points à l’ordre du jour de la Cop26 sont de s’accorder sur les derniers détails techniques de l’Accord de Paris, les nouvelles règles des marchés carbone et le cadre de transparence. Assisteront à la Cop26 197 parties (pays ou organisations régionales) signataires de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Les Etats-Unis seront également présent à la Cop26 suite à la décision du Président Biden de revenir à l’Accord de Paris. Vu l’importance de la Cop26, il serait souhaitable que les pays membres soient représentés au plus haut niveau : Chefs d’Etat ou de gouvernement.
Notre pays le Maroc qui subit aussi les effets du changement climatique, s’est engagé résolument dans une politique de développement durable en favorisant en particulier les sources d’énergies propres. Dans son discours à la Nation le 30 Juillet 2009, le Roi Mohammed VI a posé les principes fondateurs de la politique environnementale du Maroc. Une Charte de l’environnement a été élaborée et adoptée en 2011. Cette charte tient compte de la faiblesse des ressources en eau et de la dépendance des énergies fossiles importées. Le Royaume s’est fixé comme objectif d’atteindre la production de 52% de sa capacité électrique grâce aux énergies renouvelables d’ici 2030. Les atouts du Maroc sont le bénéfice d’un ensoleillement de 300 jours par an, d’une vitesse des vents qui atteint en moyenne 9m/s dans les régions du littoral, et de ressources hydriques non négligeables.
C’est ainsi que pour les parcs solaires, le programme Noor prévoit la construction de cinq centrales solaires d’une capacité totale de 2000MW. Pour les parcs éoliens, il est prévu également une capacité de 2000MW, permettant une production annuelle qui correspond à 26% de la production électrique actuelle du Royaume, et qui évite l’émission de 5,6 millions de tonnes de CO2 par an. Pour ce qui est de l’électricité hydraulique, la construction de nouveaux barrages permettra de passer de 139 à 170 grands ouvrages d’ici 2030. Afin de mettre en œuvre ces programmes solaire et éolien, il a été créé deux institutions : Agence nationale de l’énergie solaire (Masen) et une Agence dédiée à l’efficacité énergétique (ADEREE). D’autre part le Maroc s’est engagé à atténuer ses émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 32% d’ici 2030. Enfin le Maroc a abrité à Marrakech la 22ème conférence des parties (Cop22) qui s’est tenue du 7 au 18 Novembre 2016.
En conclusion, le changement climatique est une réalité qui se manifeste par la multiplication des catastrophes naturelles. La lutte contre ce fléau ne peut se faire que sur le plan global. Il y a actuellement une prise de conscience de la communauté internationale sur les dangers qui menacent notre planète. L’ONU joue un rôle décisif sur cette question, et pousse les Etats à faire plus d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La Cop26 va permettra de faire le point, et d’enregistrer les nouveaux engagements des Etats. Notre pays le Maroc est sur la bonne voie concernant la lutte contre le changement climatique, notamment à travers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Il faut cependant sensibiliser davantage le grand public à l’écologie, afin que chaque individu puisse tenir compte du changement climatique et agir en conséquence.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI