Le Sommet international sur les Océans à Brest
One Ocean Summit
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Une Conférence internationale sur les océans a eu lieu sous présidence française à Brest du 9 au 11 Février 2022. Ont participé à cette conférence 30 Chefs d’Etat et de gouvernement dont 50% en présentiel, et 50% sous forme de vidéo-conférence. Outre le président Emmanuel Macron en tant que président du Conseil de l’Union européenne, ont également participé Mme Ursula Von der Leyen présidente de la Commission européenne, le secrétaire général de l’ONU António Guterres, le président de l’Egypte et du Portugal, l’américain John Kerry, et les représentants de la Chine, Japon, Royaume-Uni, Inde, Côte d’Ivoire. Le Maroc était représenté par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch.
Le but de cette conférence est de réagir à la dégradation des Océans et des Mers qui représentent ¾ de la surface totale de la terre. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a déjà légiféré sur les eaux territoriales de 12 milles marins (22,2 km), et sur les zones économiques exclusives de 200 milles marins (370,4 Km). Ce sont des espaces maritimes sur lesquels un Etat côtier exerce des droits souverains et économiques. Par contre au-delà des 200 milles marins, les eaux internationales sont des zones de non-droit notamment sur le plan écologique. Le Traité international sur la haute mer est débattu par l’ONU depuis dix ans, mais n’est pas encore conclu. Aussi lors de la conférence de Brest, quarante pays dont les 27 Etats membres de l’Union européenne et 13 pays tiers dont le Maroc, ont décidé la création d’une Coalition pour œuvrer à la conclusion dès cette année 2022, d’un accord opérationnel et mondial sur l’utilisation durable de la haute mer et la protection de sa biodiversité. Les détails de cet accord seront discutés lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui aura lieu à Lisbonne du 27 Juin au 1er Juillet 2022.
La deuxième décision du Sommet de Brest est de poursuivre l’exploration scientifique des fonds marins. De grandes missions d’exploration des fonds marins seront lancées à la fois sur le plan national et international. A titre d’exemple, l’UNESCO s’est engagé à ce que 80% des fonds marins soient cartographiés d’ici 2023. Le Sommet de Brest a également décidé de mettre en œuvre une modélisation intégrée, pour éclairer les décisions politiques, et permettre une économie de la mer dans le respect des écosystèmes et dans le dialogue entre les parties prenantes et le public.
D’autres sujets ont été traités par le Sommet de Brest, tels que la création d’aires marines protégées, où sera érigée une réglementation comme l’interdiction de la pèche ou l’instauration de quotas de pêche. Des mesures ont été proposées pour préserver les côtes et lutter contre la pollution des océans et des mers. L’accent a été mis sur la pollution par le plastique, dont la production a été de 8,3 milliards de tonnes depuis les années 50, et qui sont les principaux vecteurs de pollution. Les Etats-Unis ont donné leur soutien à des négociations sous l’égide de l’ONU pour la conclusion d’un accord international contre la pollution par le plastique. Sur ce thème, l’Union européenne a pris une initiative « Clean Ocean » pour réduire la pollution des fleuves et des mers par le plastique, dotée d’un budget de 4 milliards d’euros d’ici 2025. Le Sommet de Brest a également encouragé le verdissement des transports maritimes, par le remplacement du fuel par du gaz ou d’autres énergies renouvelables, et préconisé l’arrêt des pêches illicites et prédatrices.
Notre pays le Maroc a été représenté à ce Sommet par une délégation de haut niveau présidée sur le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Dans son intervention, il a mis en avant les efforts ainsi que les progrès réalisés par le Maroc en matière de préservation des ressources halieutiques et de lutte contre la pêche illicite. C’est ainsi que 95% des ressources pêchées sont sans contrôle avec des plans d’aménagement. Il a ajouté que le Maroc assure la traçabilité de ses ressources pêchées, et qu’il a réalisé d’énormes progrès grâce au plan Halieutis notamment sur l’Océan Atlantique. Il a préconisé de doter la Méditerranée d’un plan pour la reproduction et la reconstitution de la ressource. Il a confirmé que le Maroc souscrit à la problématique majeure du plastique, en interdisant son utilisation dans plusieurs secteurs. Il a enfin indiqué que le Maroc va continuer de multiplier les aires marines protégées, et de développer la recherche scientifique dans le domaine maritime.
En conclusion, on ne peut que rendre hommage à l’ONU qui a pris sérieusement en mains la protection des océans et des mers qui assurent 50% de l’oxygène et 50% de l’alimentation de l’humanité. Il faut souhaiter que le Traité international sur la haute mer soit conclu cette année sous les auspices de l’ONU. Enfin on ne peut que se féliciter de la présence du Maroc à cet important Sommet de Brest, d’autant plus que nous disposons de 3.500 km de côtes donnant l’accès à la fois à l’Océan Atlantique et à la Mer Méditerranée. Le Maroc a été le seul pays d’Afrique du Nord qui a participé à ce Sommet de Brest.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI