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Sommet Union africaine-Union européenne à Bruxelles
Bilan et perspectives ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le sixième Sommet UA/UE s’est déroulé à Bruxelles les 17 et 18 Février 2022 sous la co-présidence de Charles Michel Président du Conseil européen et Macky Sall Président de l’Union africaine, en présence d’Emmanuel Macon Président actuel du Conseil de l’Union européenne. Ce Sommet n’est pas comme les autres, puisqu’il a évité les discours en séance plénière pour aborder directement les problèmes concrets dans le cadre de panels mixtes. Les thèmes traités par ces panels sont très nombreux. Ils ont concerné le financement de la croissance durable et inclusive, le changement climatique et la transition énergétique et numérique, les transports, la paix, sécurité et gouvernance, le soutien au secteur privé et l’intégration économique. D’autre sujets ont également été abordés tels que l’éducation, la culture et la formation professionnelle, la migration et la mobilité, l’agriculture et le développement durable, enfin les systèmes de santé et la production de vaccins.

Le bilan de ce Sommet a fait l’objet d’une Déclaration finale qui a énuméré les décisions prises. Les deux parties ont insisté tout d’abord sur la nécessité de parvenir à un partenariat renouvelé avec une vision commune à l’horizon 2030. Cette vision inclue la solidarité entre l’Afrique et l’Europe, la sécurité, la paix, le développement économique et social et les valeurs partagées. La première décision concrète concerne la pandémie du Covid-19 où l’Afrique était délaissée, puisque valeur aujourd’hui seuls 11% de la population sont complètement vaccinés. Aussi l’UE s’engage à fournir aux pays africains 450 Millions de doses de vaccins d’ici Juillet 2022. Ce don va coûter 3 milliards de $ qui seront fournis au mécanisme COVAX qui va acheter et distribuer les vaccins. En outre, une somme de 425 millions d’euros va être déboursée en faveur de l’Afrique pour accélérer la vaccination par l’achat des équipements médicaux et la formation. En collaboration avec l’organisation mondiale de la santé (OMS), il a été décidé de produire en Afrique les vaccins par six pays : Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Nigeria, Sénégal et Tunisie. Mais la levée des brevets de fabrication des vaccins n’a pas été acceptée par l’UE. Le Sommet a également décidé de soutenir la dette des pays africains notamment avec la suspension du service de la dette. L’Europe a reçu 55 milliards de $ sous forme de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, dont elle a affecté 13 milliards de $ à l’Afrique. Elle a également promis d’accorder des prêts pour les projets prioritaires concernant la santé, la transition climatique, le respect de la biodiversité, l’éducation et la sécurité en vue de la relance économique de l’Afrique.
L’Union européenne afin de concurrencer « Les routes de la soie » de la Chine, a lancé le programme « Global Gateway : passerelle globale » doté d’un montant de 300 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Il s’agit pour l’UE de développer avec ses partenaires des liens intelligents, propres et sûrs, avec des investissements dans les infrastructures matérielles et immatérielles. Dans le cadre de ce programme, le Sommet a affecté un montant de 150 milliards d’euros à l’Afrique à l’horizon 2030. Les projets d’investissement concernent la santé, l’éducation, le climat des affaires et la sécurité. Pour ce qui est de la migration et la mobilité, le Sommet s’est engagé à traiter ce sujet dans le respect du droit international et des droits humains fondamentaux, tout en prenant des mesures pour prévenir l’immigration irrégulière. Le Sommet souhaite également de parvenir à des améliorations effectives en matière de retour, de réadmission, et de réintégration des migrants illicites dans leur pays d’origine. Le Sommet a marqué son attachement au multilatéralisme et à l’Accord de Paris sur le climat, tout en réclamant la réforme de l’OMC et de l’ONU, notamment le Conseil de sécurité.
Notre pays le Maroc, qui sous l’égide du Roi Mohammed VI, a consolidé fortement ses relations avec l’Afrique subsaharienne durant ces vingt dernières années a participé activement au Sommet UA/UE à Bruxelles. Le Souverain a adressé un discours à ce Sommet où il a loué le partenariat multiforme entre le Maroc et l’Union européenne. Il a indiqué que la priorité du Maroc sont l’éducation, la culture, la formation professionnelle, la mobilité et la migration. Ces thématiques convergent sur la jeunesse qui a beaucoup souffert de la pandémie du Covid-19, et qui constitue 50% de la population africaine. La culture a également beaucoup souffert de la pandémie, d’où la nécessité de rétablir la coopération culturelle entre l’Afrique et l’Europe. Le Souverain a mis en exergue le rôle des migrants dans les pays d’accueil pendant la pandémie, et la création de l’Observatoire africain des migrations à Rabat. En tant que Leader de l’Union africaine sur la question de la migration, le Roi Mohammed VI souhaite dissiper les malentendus concernant la migration, concilier les intérêts de l’Afrique et de l’Europe, et substituer au tout sécuritaire la mobilité développement.
En conclusion, le dernier Sommet UA/UE de Bruxelles a été plus productif que les précédents sur le fonds et la forme. Les décisions prises, notamment sur le plan financier sont généreuses. Il faut maintenant les mettre en œuvre, d’où la nécessité pour le Comité ministériel UA/UE d’assurer le suivi. Concernant la problématique de l’immigration, l’approche de l’Union européenne diverge de celle de l’Union africaine. Il est déplorable que l’Union européenne réduit les visas pour les pays africains qui refusent de signer les Accords de réadmission. L’Afrique riche de ses ressources naturelles est un marché de 1,3 milliard de consommateurs qui deviendra 2,5 milliards en 2050. D’où l’intérêt porté à l’Afrique par les grandes puissances : Chine, Etats-Unis, Russie, Europe. L’Afrique doit profiter de cette compétition pour développer ses infrastructures, en donnant la priorité à l’électrification vu que 600 millions d’Africains ne disposent pas de l’électricité. Le Maroc a fait de très gros efforts pour consolider ses relations avec l’Afrique Subsaharienne sous l’égide du Roi Mohammed VI. Il doit continuer les approfondir en diversifiant ses exportations et ses investissements en dehors de l’Afrique de l’Ouest.

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