INDIGNEZ-VOUS !
Par Michael F. LANGSTAFF Membre du Conseil d’Administration de l’IMRI
Un grand Monsieur de 93 ans – Stéphane Hessel – portrait et incarnation de l’ « honnête homme » des XXème et XXIème siècles, vient de lancer un appel, sous la forme d’un opuscule de 13 pages (plus deux pages de « notes de l’éditeur en accord avec l’auteur » et une postface de l’éditeur), intitulé : « INDIGNEZ-VOUS !». Cet appel a reçu un accueil retentissant et inattendu (700.000 exemplaires vendus en quelques semaines seulement), inversement proportionnel à son volume, et valu à son auteur de nombreuses interviews de la presse écrite et d’invitations à participer à divers débats télévisés.
De qui et de quoi s’agit-il ? Stéphane Hessel, élevé à la dignité d’Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d’Honneur, après une longue carrière au service de son pays, l’expérience de la Résistance et des camps de concentration allemands, la co-rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 (1), lance un appel pour une indignation NON VIOLENTE et à la « conciliation des cultures différentes », face à l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l’état de la planète et de l’environnement, le traitement infligé aux sans papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers, la situation de la Palestine…Il rappelle le programme élaboré il y a 66 ans par le Conseil National de la Résistance, fondement de son engagement politique, et considère que ce programme reste toujours (et peut-être plus encore aujourd’hui qu’hier) d’actualité : la résistance à l’injustice est un devoir de citoyen pour Stéphane Hessel qui justifie son appel par cette citation d’Albert Camus : « les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience ».
La menace des dictatures et la colère contre l’injustice n’ont pas disparu et Stéphane Hessel de conclure par un appel à une véritable « insurrection pacifique » contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour la jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. « Créer c’est résister ; résister c’est créer », telle est l’épitaphe que Stéphane Hessel donne, in fine, à son opuscule.
Cet appel semble avoir reçu un écho encore plus inattendu et quasi-immédiat, à la lumière des évènements récents, auprès de la population – et, en particulier, de la jeunesse - tunisienne et algérienne : légitimement indignées, celles-ci se sont insurgées et révoltées contre la dictature politique et la kleptomanie économique et financière d’un clan qui s’est accaparé les principales richesses de leur pays. Gageons que cet appel sera entendu, écouté et suivi sous d’autres cieux, tels que ceux de la Côte d’Ivoire, de la Corée du Nord ou de la Birmanie, où la liberté individuelle et la démocratie politique et économique sont encore bafouées.
(1)Stéphane Hessel a également été, avec René Cassin, prix Nobel de la Paix, à l’origine de la création de l’Association Française des Experts de la Coopération Technique Internationale (AFECTI), devenue par la suite l’Association Francophone des Experts et Consultants de la Coopération Technique Internationale (AFECTI).
Conseiller spécial du Président de l’Institut Marocain de Relations Internationales (IMRI), ancien vice-président de l’Association Francophone des Experts et Consultants de la Coopération Technique Internationale (AFECTI, 1990-2010), Conseiller du Commerce Extérieur de la France, Conseiller spécial du Président de l’Académie Diplomatique Africaine, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.
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