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G20
Les ambitions du Président Sarkozy

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI
Institut Marocaine des Relations Internationales


Rappelons tout d’abord que le G20 est un groupement de 19 pays et de l’Union européenne, dont le rôle est de favoriser la concertation internationale principalement en matière économique et financière. Le G20 représente 90% du PIB mondial, et a déjà tenu cinq sommets entre 2008 et 2010, qui ont joué un rôle primordial dans la résorbtion de la grave crise financière internationale de 2008. Le prochain sommet du G20 aura lieu à Cannes en France les 3 et 4 Novembre 2011.

Le Président français Nicols Sarkozy dans une conférence de presse tenue à l’Elysée le 24 Janvier 2011 a donné les grandes orientations qu’il compte défendre au prochain Sommet du G20 de Cannes. En premier lieu, on peut citer la réforme du système monétaire international mis en place en 1977. Ce système a largement montré son incapacité à empêcher la grave crise financière internationale qui a frappé la planète en 2008. Le Président français précise qu’il ne souhaite pas remettre en cause le rôle du dollar en tant que monnaie internationale, pas plus qu’il n’est favorable au contrôle des capitaux, et au retour du système de changes fixes. Il propose de réfléchir à réduire l’instabilité monétaire internationale, notamment par la mise en œuvre d’indicateurs permettant d’analyser les déséquilibres persistants. Il préconise également l’émergence de nouvelles monnaies internationales.



Le second problème auquel s’attaque Sarkozy est la gestion des flux de capitaux. Il propose d’établir avec les autres membres du G20 un code de conduite fixant des règles multilatérales, à même de mieux réguler les flux des capitaux internationaux. Ceci afin d’éviter que les pays émergents n’accumulent des réserves de changes excessives pour se prémunir des mouvements brutaux de capitaux. Dans le même sens, il préconise la taxation des transactions financières afin de dissuader la spéculation. Cette taxation permettrait également de trouver de nouvelles ressources pour le développement, avec une priorité pour l’Afrique. Le Président français propose également de lutter contre la volatilité des prix des matières premières notamment agricoles, qui risque de provoquer des émeutes de la faim dans les pays pauvres. Le dernier problème abordé par le Président du G20 est d’ordre social. Il préconise l’instauration d’un socle de protection sociale universel. Certes pas un modèle unique, mais un système dont pourrait profiter la majeure partie de la population mondiale. Il propose également le développement du rôle de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans la gouvernance mondiale, et la ratification par tous les pays du G20 des conventions de l’OIT. Enfin, il souhaite élargir le rôle du FMI afin de le charger d’une mission de surveillance des déséquilibres mondiaux et des flux de capitaux.



Quelle appréciation peut-on faire de ces propositions, en tant que pays en développement ?



On ne peut qu’y souscrire, et espérer que le Président français puisse convaincre les autres membres du G20, et notamment les mastodontes les Etats-Unis et la Chine. Afin d’équilibrer le système monétaire international, les Etats-Unis doivent réduire leur déséquilibre commercial et financier, et ne plus vivre au-dessus de leurs moyens. Ils doivent s’orienter davantage vers l’exportation et réduire la consommation intérieure. Quant à la Chine, elle doit faire l’inverse : réévaluer sa monnaie, augmenter sa consommation intérieure pour réduire ses exportations. Elle doit également atténuer son dumping social qui lui permet de conquérir tous les marchés du monde. Au niveau des monnaies, la guerre des dévaluations compétitives doit cesser, et d’autres monnaies doivent jouer un plus grand rôle international, tels que l’euro, le yuan, le yen et la roupie indienne.



Les pays en développement ne peuvent qu’être favorables à la taxation des transactions financières afin de réduire la spéculation qui mine leur économie, du fait de l’augmentation vertigineuse des prix des matières premières, aussi bien du pétrole pour les pays non producteurs, que les produits agricoles, dont ils sont presque tous importateurs. De plus cette taxation leur permettra de se développer, et de faire face au coût considérable du développement durable. Elle permettra également aux pays développés de tenir leurs engagements vis-à-vis des pays en développement, quand à l’aide financière qu’ils doivent leur apporter. Pour ce qui est de social, on ne peut qu’approuver la proposition d’un socle de protection sociale universel. Dans beaucoup de pays en développement, il n’y a ni indemnité de chômage, ni assurance maladie, ni système de retraite. Au moindre incident (perte de travail, maladie) l’individu se retrouve dans la misère, et termine sa vie dans le dénuement faute de système de retraite.



En conclusion, il y a lieu de soutenir favorablement les propositions du Président actuel du G20, d’une part par les pays en développement membres du G20, mais également pour les pays non-membres, en donnant un large écho à ces propositions, et en sensibilisant l’opinion publique internationale sur ces importantes questions.





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