Le Maroc leader de la lutte contre le terrorisme
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le Maroc comme plusieurs pays dans le monde a subi des attentats terroristes d’origine islamiste à partir de Mai 2003. Sa réponse à ces attentats a été multiforme sur les plans idéologique, sécuritaire, économique et social. La lutte du Maroc contre le terrorisme s’est déroulée à la fois sur le plan national et international.
Sur le plan idéologique le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants, dans son discours du 20 Août 2016, a dénoncé la perversion de l’image de l’Islam par les attentats terroristes qui ont coûté la vie à plusieurs personnes. Il a dans ce sens condamné vigoureusement le meurtre d’innocents, et rappelé que l’Islam a recommandé de bien traiter les « Gens du Livre ». Il a considéré les terroristes comme des non-musulmans, des individus égarés condamnés à l’enfer. Il a fustigé les attentats-suicide du fait que l’Islam n’autorise aucune forme de suicide pour quelque motif que ce soit. Il a rappelé que l’Islam est une religion de paix, et que le jihad est soumis à des conditions rigoureuses, et qu’il n’est envisageable que par nécessité d’autodéfense. De plus, l’appel au Jihad ne peut émaner d’aucun individu, ni d’aucun groupe, et qu’il est du ressort de la Commanderie des Croyants. La vraie mécréance est celle des instigateurs et des acteurs des attentats terroristes. Les combattants étrangers, notamment ceux venus d’Europe, sont des jeunes qui ne maitrisent pas la langue arabe et l’Islam véridique, et qui sont dévoyés à travers les réseaux sociaux. Le Discours Royal conclut que face à la prolifération des obscurantismes, les musulmans, chrétiens et juifs doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes. Enfin pour promouvoir un Islam ouvert et modéré, a été créé en 2014 à Rabat l’Institut Mohammed VI de Formation des Imams Mourchidines et Mourchidates. Le nombre de Marocains diplômés s’élève jusqu’à présent à 2100 imams instructeurs et 500 instructrices. L’Institut est également ouvert aux étrangers dont le nombre de diplômés a atteint 1534 venant des pays africains : Sénégal, Côte d’Ivoire, Nigeria, Gabon, Tchad, Niger et également de France.
Sur le plan sécuritaire et en vue de lutter contre le terrorisme, le Maroc a créé en 2015 le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) basé à Salé, et dépendant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Ce Bureau surnommé le « FBI marocain » a pour charge de lutter contre les cellules terroristes, les enlèvements, la contrebande d’armes et le grand banditisme, ainsi que le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Le bilan de cet organisme au 20 Juillet 2021 est très positif. Un total de 84 cellules terroristes ont été démantelées, dont 78 en lien avec Daech. Ce bureau a permis également de traduire en justice 1357 individus liés à des affaires de terrorisme. D’autre part, 137 individus de retour des zones de combat ont été déférés à la justice provenant d’Irak, de Syrie, et de Libye. Le BCIJ collabore étroitement avec les organismes similaires en Europe et aux Etats-Unis notamment par des renseignements concernant les terroristes. Il a permis d’éviter des attentats terroristes tant au Maroc qu’à l’étranger.
Les jeunes sont attirés par le terrorisme principalement par ignorance ou parce qu’ils ne trouvent pas d’emplois leur permettant de disposer d’un revenu pour vivre. Conscientes de cette situation, les autorités marocaines ont procédé à la généralisation de la scolarité, et ont pris des mesures pour lutter contre la pauvreté et le chômage. On peut citer à titre d’exemple l’initiative nationale pour le développement humain (INDH) qui a été lancée par le Roi Mohammed VI le 18 Mai 2005. Cette initiative a pour objet d’améliorer les conditions de vie des personnes en situation de précarité, et d’améliorer le revenu et l’inclusion économique des jeunes. Une autre initiative : le programme national FORSA s’adresse à toutes les personnes âgées de plus de 18 ans porteuses d’idées ou de projets d’entreprenariat. Ce programme combine l’accompagnement et le financement, et dispose d’un budget de 1,25 Milliard de dirhams au titre de l’année 2022, et cible 10.000 porteurs de projets. Tous les secteurs de l’économie sont inclus dans ce projet, tout en assurant les principes d’équité régionale et de genre. En Avril 2021 a été lancée la couverture sociale généralisée. Cette nouvelle initiative intègre le secteur informel et les indépendants. Elle tend à faire bénéficier de l’assurance maladie 9 millions de personnes en 2022, et 22 millions à terme. L’objectif final est la généralisation effective de la protection sociale à tous les citoyens marocains.
Le Maroc est aussi très actif sur le plan international. C’est ainsi qu’il a organisé avec les Etats-Unis le 11 Mai 2022 à Marrakech la 9ème réunion ministérielle de la « Coalition mondiale contre Daech ». Cette rencontre qui a connu la participation des représentants de 79 pays, a exprimé sa préoccupation quant à la prolifération des mouvements séparatistes qui affaiblissent les Etats africains, et favorisent l’implantation de Daech et d’autres organisations terroristes. Sous les auspices de la Coalition mondiale, le Groupe de Travail Africa Focus Group renforcera les capacités antiterroristes des membres africains de la Coalition, et favorisera les synergies au sein de ce groupe. Les participants ont également rappelé l’approche civile adoptée par la Coalition dans la mise en œuvre des efforts en Afrique, en soutenant les initiatives sous-régionales et régionales sur le continent africain. Ils ont mis en exergue la lutte contre le financement de Daech et contre les combattants terroristes étrangers.
En conclusion, on ne peut que louer les efforts de notre pays le Maroc dans la lutte contre le terrorisme, reconnu comme leader en Afrique. Les attentats terroristes jihadistes portent atteinte à l’image de l’Islam et des musulmans. Les partis d’extrême droite occidentaux s’empressent de faire l’amalgame entre l’Islam, religion d’ouverture et de paix, et une infime minorité radicalisée. On note malheureusement que beaucoup de pays musulmans n’attachent pas d’importance à l’Islam radical et ses actions néfastes. Alors que le Maroc condamne systématiquement tout acte terroriste perpétré dans n’importe quel pays, d’autre pays musulmans gardent le silence. Il serait souhaitable que l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui groupe tous les pays musulmans, s’attèle à la lutte contre le terrorisme jihadiste, en dénonçant l’idéologie de l’Islam radical, et en mettant tout en œuvre par lutter contre ce fléau.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI