Sahara Marocain
La Riposte immédiate à toute provocation
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
La récupération des Provinces du Sud par le Maroc en 1975 a fait l’objet depuis cette date d’une opposition récurrente de l’Algérie. Des avancées importantes ont été obtenues par notre diplomatie sous l’égide du Roi Mohammed VI ces trois dernières années. La plus importante a eu lieu le 22 Décembre 2020, lorsque les Etats-Unis ont reconnu formellement la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Elle fût suivie le 29 Octobre 2021 par la résolution 2062 du Conseil de Sécurité de l’ONU très favorable au Maroc, qui a jugé de nouveau le Plan d’autonomie proposé à l’ONU par le Maroc en 2007 de « sérieux et crédible ». Le 5 Janvier 2022, ce fût le tour de l’Allemagne par l’intermédiaire de son Président Frank-Walter Stenmeier de considérer l’initiative d’autonomie comme une « bonne base » pour la résolution de la question du Sahara.
De son côté, le Président de gouvernement espagnol Pedro Sánchez a adressé au Souverain marocain une lettre datée du 14 Mars 2022 dans laquelle il considère que « l’initiative marocaine d’autonomie présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend ». Tout récemment le 19 Août 2022, le gouvernement Péruvien a décidé de retirer son soutien à la « RASD », et a déclaré « qu’il apprécie et respecte l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc, ainsi que le plan d’autonomie pour régler le différend régional ». Enfin dans son discours du 20 Août 2022, le Roi Mohammed VI a été très clair en indiquant que « le dossier du Sahara est le Prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ». Outre les pays déjà cités, le Souverain a mentionné la Serbie, les Pays-Bas, le Portugal, la Hongrie, Chypre et la Roumanie, comme ayant adopté un positionnement constructif à l’égard de l’initiative d’autonomie. Il a remercié les pays Arabes, l’Afrique et l’Amérique latine pour leur soutien à la position marocaine, dont certains ont ouvert des Consulats dans les Provinces du Sud qui se chiffrent actuellement à une trentaine. Enfin il a demandé aux autres « partenaires traditionnels ou nouveaux du Maroc, de clarifier et de revoir le fond de leur positionnement d’une manière qui ne prête à aucune équivoque ».
Malgré ces grands succès obtenus par le Maroc concernant son Sahara, la bataille n’est pas totalement gagnée. En effet, la Colombie suite au succès aux élections présidentielles d’un ancien guérillero Gustavo Petro a reconnu le « RASD » le 7 Août 2022. Le Président tunisien Kaïs Saied à l’occasion de la TICAD, Forum de coopération organisé avec le Japon à Tunis, a invité et reçu le 26 Août 2022 en grande pompe à l’aéroport, le chef des séparatistes Brahim Ghali, avec le même protocole que celui d’un Chef d’Etat. Le Maroc a immédiatement réagi en renonçant à sa participation à la TICAD, et en rappelant l’Ambassadeur du Maroc à Tunis. Les autorités japonaises ont indiqué qu’elles n’ont pas donné leur accord pour l’invitation de Brahim Ghali à la TICAD.
Plusieurs pays africains ont critiqué cette invitation du chef des séparatistes. Déjà , la Tunisie pour la première fois s’était abstenue lors du vote de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 2062 du 29 Octobre 2021 qui était favorable à la position marocaine. La cause du revirement du président tunisien peut être expliquée par la situation catastrophique de l’économie tunisienne, et l’aide financière apportée par l’Algérie à la Tunisie. Le régime politique actuel de la Tunisie est très instable suite au coup d’Etat constitutionnel de Kaïs Saied du 25 Juillet 2021, qui a été suivi par la suspension de toutes les instituions politiques du pays, et la promulgation d’une nouvelle Constitution qui donne tous les pouvoirs au Président. Il est à craindre que la Tunisie redevienne à un régime dictatorial comme celui de Benali.
Un autre couac sur la question du Sahara marocain de ce mois d’Août 2022, a été la déclaration de Josep Borrel, au Haut-Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, à une chaine de télévision espagnole. Il a dit que « la position de l’Union européenne, y compris celle de l’Espagne, est l’organisation d’une consultation pour que ce soit le peuple sahraoui qui décide de son avenir ». Cette déclaration est en complète déphasage tant avec la position officielle de l’Union européenne sur la question du Sahara, que celle toute récente de l’Espagne. Cette déclaration a été rectifiée par l’Union européenne, qui reste fermement engagée à soutenir le travail du Représentant personnel de Secrétaire Général de l’ONU, Staffan de Mistura, et encourage toutes les parties à s’engager à ses cotés pour la reprise du dialogue politique. Malgré cette rectification, Mr Nasser Bourita a annulé la rencontre qu’il devait avoir avec Josep Borrell en Septembre prochain.
Dans son discours du 20 Août 2022, le Roi Mohammed VI, sans la nommer, s’est adressé à la position française concernant le Sahara marocain. Certes, la France a toujours soutenu la position marocaine lors du vote des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, et notamment celle du 29 Octobre 2021 favorable du Maroc. Cependant, depuis la reconnaissance de la souveraineté du Maroc par les Etats-Unis, la France est restée étrangement silencieuse sur la question du Sahara. De plus, les relations entre les deux pays se sont encore refroidis, suite à l’affaire Pegasus, aux restrictions concernant les visas des Marocains pour se rendre en France, et à la récente visite du Président Emmanuel Macron en Algérie, première visite à l’étranger depuis sa réélection. Notons cependant que la question du Sahara n’a pas été portée à l’ordre du jour de la visite du Président Macron en Algérie, et que la Déclaration commune signée le 27 Août 2022 entre les deux pays ne mentionne en aucune façon la question du Sahara. De plus, le Président Emmanuel Macron a déclaré le Samedi 27 Août 2022 qu’il compte se rendre au Maroc fin Octobre prochain. Si cette visite est confirmée officiellement, ce sera l’occasion pour les deux pays de solutionner tous les problèmes en suspens.
En conclusion comme déjà dit, la bataille du Sahara marocain n’est pas encore totalement gagnée. Aussi il faut rester très vigilant sur cette question primordiale pour notre pays. Toutes les composantes de notre société doivent continuer la bataille, notamment la société civile marocaine qui doit se mobiliser pour la gagner.
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