Les relations internationales du Maroc
Bilan 2022 et Perspectives 2023
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Les relations internationales du Maroc en 2022 ont été concentrées comme les années précédentes sur la question du Sahara. Plusieurs avancées ont été constatées grâce à la politique de fermeté et de clarté du Roi Mohammed VI relayée par une diplomatie marocaine efficace.
C’est ainsi qu’en Février 2022 a eu lieu à l’Etat Major des FAR une réunion groupant plusieurs pays dont le Maroc et les Etats-Unis, consacrée à l’opération « Africa Lion ». Cette opération militaire s’est effectivement déroulée en Juin 2022, mobilisant plus de 7.500 soldats originaires de dix nations. Les manœuvres qui ont eu lieu également dans les provinces du Sud marocain ont pour objectif de contrer les menaces transnationales et les organisations extrémistes violentes. C’est également une opération de dissuasion vis-à -vis de l’Algérie qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en Août 2021.
Après la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara en Décembre 2020, douze pays européens dont l’Allemagne et l’Espagne, ont apporté leur soutien au Plan d’autonomie du Sahara présenté par le Maroc à l’ONU en 2007. Dans son discours du 20 Août 2022, le Souverain marocain a déclaré « Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ». Il a lancé un appel à certains pays de clarifier leur position sur la question du Sahara. Cet appel a été entendu par la France qui a délégué au Maroc sa ministre des Affaires étrangères en Décembre 2022, laquelle a réitéré son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc à l’ONU. En outre, la résolution 2654 du 27 Octobre 2022 du Conseil de sécurité de l’ONU a rappelé que l’Algérie est partie prenante du conflit du Sahara, et l’a invité à participer avec la Mauritanie, le Maroc, et le Polisario aux Tables rondes organisées pour trouver un règlement politique au différend. L’Algérie qui n’a pas cessé son opposition à l’intégrité territoriale du Maroc, a voulu se servir du Sommet de la Ligue Arabe qui a eu lieu à Alger en Novembre 2022 pour nuire au Maroc. Elle a dû déchanter, puisque le Communiqué final du Sommet a exigé le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats membres de la Ligue. Le Sommet a également souligné sa préoccupation vis-à -vis du soutien iranien au Polisario via le Hizbollah libanais.
Un autre succès de la diplomatie marocaine a eu lieu en Mai 2022 à Marrakech suite à la réunion de la Coalition mondiale contre Daesh qui a regroupé 80 pays et organisations internationales. A cela, il faut ajouter l’installation à ce jour à Laâyoune ou Dakhla de 28 Consulats généraux étrangers dont 22 pays africains. Le Maroc est également très actif au sein de l’Union africaine, et a réussi son élection au Conseil de paix et de sécurité qui était la chasse gardée de l’Algérie. Autre satisfecit de la diplomatie marocaine en Novembre 2022, est le rejet par le Conseil nordique qui regroupe la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande et l’Islande, d’une recommandation visant à imposer des restrictions à l’importation de produits marocains en provenance des Provinces du Sud.
Sur le plan économique, il faut souligner le rôle de l’Office chérifien des phosphates qui est devenu un acteur majeur de la sécurité alimentaire au niveau mondial, grâce à la production d’engrais et de fertilisants. L’OCP joue un rôle très actif pour couvrir les besoins de l’Afrique pour ces produits, et contribue au « Soft power » du Maroc. De même le projet du Gazoduc Nigeria/Maroc va permettre d’approvisionner le Maroc en gaz ainsi que les 13 pays africains qu’il va traverser, alors que le surplus pourrait être exporté en Europe.
Le Maroc a terminé l’année 2022 par l’épopée de l’équipe marocaine lors de la coupe du monde de football à Doha. C’est un événement sportif immense, puisque le Maroc est arrivé en demi-finale après avoir battu des équipes européennes de renom : Belgique, Espagne, Portugal. Son écho a été mondial et a rempli de joie et de fierté les peuples arabes, africains et maghrébins. Nul doute que cet exploit a renforcé l’unité de notre pays et augmenté le rayonnement du Royaume dans le monde entier. A condition de la capitaliser intelligemment, il peut contribuer au développement du tourisme et des investissements étrangers dans notre pays.
En conclusion, la question du Sahara restera prioritaire pour la diplomatie marocaine en 2023, car les ennemis de notre intégrité territoriale n’ont pas désarmé jusqu’à maintenant. Elle devra continuer à lutter sur plusieurs fronts. D’abord au niveau de l’ONU qui est en charge du dossier, et au niveau des pays qui reconnaissant encore la pseudo « Rasd ». Elle doit augmenter le nombre de soutiens au Plan d’autonomie présenté par le Maroc à l’ONU en 2007, et encourager l’installation du Consulats étrangers à Laâyoune ou Dakhla. Le développement des Provinces du Sud doit continuer et s’accélérer au profit des habitants de cette région. Puisse l’année 2023 solutionner définitivement ce conflit artificiel et permettre le renouveau de l’Union du Maghreb.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI