C�te d�Ivoire, Libye, Syrie
Le d�ni de la d�mocratie
Par Jawad Kerdoudi
Pr�sident de l�IMRI
Institut Marocaine des Relations Internationales
A regarder le monde en ce d�but de XXI�me si�cle, on constate que plusieurs pays ont encore un r�gime non-d�mocratique. On peut citer le Belarus, la Birmanie, La Chine, la Cor�e du nord, Cuba, l�Iran, sans oublier plusieurs Etats Arabes du Moyen-Orient. Tous ces pays ne b�n�ficient pas de la d�mocratie selon la d�finition � le gouvernement du peuple par le peuple �. Trois pays connaissent actuellement un v�ritable d�ni de d�mocratie.
En C�te d�Ivoire, longtemps pays phare de l�Afrique de l�Ouest, une guerre civile s�vit depuis plus de quatre mois. Laurent Gbagbo qui a pr�sid� le pays depuis l�ann�e 2.000, refuse de c�der le pouvoir. Cependant son adversaire Alassane Ouattara a bien gagn� les �lections pr�sidentielles du 28 Novembre 2010 avec 54% de voix. Il a �t� reconnu vainqueur par l�Union africaine, l�ONU et les principales puissances occidentales. Malgr� la m�diation africaine, et les appels � la d�mission le 1er Avril 2011 de la France et des Etats-Unis, Gbagbo persiste et r�siste aux attaques de son adversaire, transformant la capitale Abidjan en ville d�vast�e et abandonn�e.
Dans un autre pays africain, la Libye, un autre dictateur Mouammar Khaddafi a pris le pouvoir par un coup d�Etat en 1969. Depuis cette date, il gouverne sans partage ce malheureux Etat qu�il a d�nomm� pompeusement � La Grande Jamahiria Libyenne Populaire et Socialiste �. "Jamahiria" veut dire en arabe � �tat des masses �, ce qui veut dire que ce sont les masses qui doivent exercer le pouvoir. En fait Khaddafi, sa famille et ses proches se sont accapar�s les richesses du pays, et ont utilis� en partie l�argent pour commettre des attentats terroristes et financer des mouvements pseudo- r�volutionnaires. A l�instar de la Tunisie et de l�Egypte, le peuple Libyen s�est soulev� pour demander un changement de r�gime. Au lieu de quitter le pouvoir comme Benali ou Moubarak afin d��viter un bain de sang, Khaddafi a choisi de mener une guerre contre son propre peuple. Heureusement l�ONU, gr�ce � la r�solution 1973, a pu �tablir une zone d�exclusion a�rienne afin d��viter que les avions libyens n�attaquent les r�volutionnaires. La Conf�rence de Londres du 29 Mars 2011 n�a pas abouti � des r�sultats concrets, et une guerre civile s�vit dans ce pays entra�nant chaque jour des morts, des bless�s, et des destructions.
Au Moyen-Orient et suivant l�exemple de la Tunisie et de l�Egypte, le peuple syrien a manifeste � Deraa dans le sud du pays, et a demand� des r�formes �conomiques et sociales et plus de libert�. Le pouvoir a r�pondu par une augmentation des salaires, la promesse de lever l�Etat d�urgence, et le changement de gouvernement. Cela n�a pas suffi, puisque le vague de r�voltes s�est �tendue jusqu�� Damas. La r�pression depuis le d�but du mouvement a �t� dure, et a caus� la mort de plus de 130 personnes. Le Pr�sident de la Syrie Bachar el-Assad a succ�d� en 2000 � son p�re Hafez-el-Assad, qui lui-m�me a pris le pouvoir par un coup d�Etat en 1970. Hafez-el-Assad �tait membre du parti Bass (en arabes Ba�at), qui avait �t� cr�� en 1947 � Damas, et qui pr�voyait la r�surrection et l�unification du monde arabe. La doctrine bassiste combinait le socialisme arabe, le nationalisme pan-arabe et la la�cit�. Apr�s plusieurs p�rip�ties, le Baas syrien actuellement a peu � voir avec l�id�ologie originelle, abandonnant l�id�e de l�unit� arabe, et ne gardant qu�une conception autoritaire du r�le de l�Etat dans l��conomie pr�tendument � socialiste �. Un autre aspect � souligner est que le Pr�sident Bachar el-Assad appartient � la communaut� alaouite, qui est une branche minoritaire chiite qui ne repr�sente que 12% de la population. Le reste des syriens sont sunnites (75%), chr�tiens (10%), chiites et druzes. Ceci explique le soutien au r�gime actuel syrien de l�Iran, du Hisbollah libanais et du Hamas palestinien.
On peut se poser la question pourquoi certains pays sont parvenus � �tablir un r�gime politique d�mocratique et d�autres pas ?
Il y a tout d�abord les raisons historiques qui ont favoris� l�instauration de r�gimes politiques autoritaires. La r�volution marxiste-l�niniste a �tendu son pouvoir totalitaire en Russie, puis dans une partie de l�Afrique, de l�Am�rique latine, de l�Europe de l�Est et de l�Asie. Le colonialisme europ�en a maintenu pendant des si�cles sous son emprise plusieurs pays africains et asiatiques. L�Iran est l��manation de la r�volution islamique. Les monarchies h�r�ditaires du Moyen-Orient n�ont pas �galement permis l�instauration de la d�mocratie. Le pan-arabisme a �galement �t� l�occasion de confiscation des libert�s.
Cependant on a not� tout au long du XX�me si�cle des progr�s de la d�mocratie : chute de l�Ex-URSS et de ses satellites, progr�s d�mocratiques en Afrique, Am�rique latine, et Asie. Les effets de la mondialisation et les progr�s des techniques de l�information et de la communication ont jou� un grand r�le dans la d�mocratisation de plusieurs r�gimes politiques. Une vision optimiste consiste � dire, qu�avec les progr�s de l��ducation et du d�veloppement �conomique et social, la marche vers la d�mocratie mondiale sera irr�versible. Peut-�tre qu�en 2050, la d�mocratie triomphera dans tous les pays de la plan�te.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI