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Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech : Quel bilan ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Rappelons tout d’abord que dès 2018, le Maroc a obtenu l’accord de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) pour tenir les Assemblées annuelles de ces deux institutions à Marrakech du 9 au 15 Octobre 2023. Malgré le tremblement de terre survenu au Maroc le 8 Septembre 2023, et suite à une évaluation approfondie des experts, la BM et le FMI ont maintenu la tenue de leurs Assemblées au Maroc. Cet événement auquel j’ai participé, donne l’occasion à la communauté internationale d’apporter son soutien au pays et au peuple marocain, qui font une fois de plus preuve de résilience. C’est ainsi que 12.000 personnes et 189 délégations officielles se sont rendues au village de toile situé à Bab Ighli sur la route de l’Ourika.

Le programme de ces Assemblées a prévu 134 événements du 9 au 15 Octobre 2023, comprenant des rencontres officielles, des groupes, des sessions sur invitation, des séances de haut niveau (Flagships), des séminaires, et des conférences de presse. Tout s’est déroulé d’une façon parfaite et en toute sécurité. Cinq grands thèmes figurent dans le programme : les défis macroéconomiques suite à la pandémie du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. La digitalisation et les Fintechs (entreprises qui développent une technologie numérique innovante pour optimiser un service financier). Le changement climatique qui menace la planète. Sur ce thème, les participants ont insisté sur la réalisation d’efforts soutenus et ambitieux tant par les pays développés qu’en développement. Les pays développés doivent concrétiser la promesse d’aide de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement dans la réalisation de leur transition énergétique.
Le troisième thème est la lutte contre les inégalités, et le quatrième la géoéconomie où dans un monde devenu global, les intérêts politiques des nations se soumettent à leurs intérêts économiques.
Une recommandation qui a été retenue est d’investir dans le capital humain pour booster l’emploi. Les pays en développement abritent actuellement 84% de la population active mondiale. D’ici 2040, l’Afrique devra générer 2 millions d’emplois chaque mois pour absorber la croissance démographique. En outre, dans les pays en développement, 7 personnes sur 10 occupent des emplois, à faible valeur ajoutée et peu rémunérateurs. Investir dans le capital humain, c’est permettre aux individus d’être en bonne santé, et d’acquérir des connaissances et des compétences nécessaires pour occuper les emplois d’aujourd’hui et préparer ceux de demain.
Un autre sujet a retenu l’attention des participants est celui de l’endettement excessif de certains pays à faible revenu ou émergents. Cet endettement freine leur capacité d’investissements dans l’éducation, la santé, la protection sociale, et les infrastructures. Pour remédier à ce fléau, les pays concernés devront faire des réformes nationales indispensables pour stimuler la croissance et renforcer la gestion de la dette. Ces pays surendettés doivent être soutenus par la communauté internationale par des financements concessionnels et aussi une assistance technique. Les prêteurs doivent de leur côté accepter une restructuration de la dette pour alléger le fardeau de son remboursement.
Les Assemblées annuelles des conseils de gouverneurs du Groupe de la BM et du FMI sont l’occasion de réunir des acteurs d’horizon divers autour des grands dossiers mondiaux : conjoncture économique mondiale, lutte contre la pauvreté, développement économique, efficacité de l’aide. C’est ainsi qu’en ce qui concerne l’économie mondiale, il est prévu un ralentissement de la croissance passant de 3,5% en 2022 à 3,0% en 2023 et 2,9% en 2024. Les économies avancées devraient ralentir de 2,6% en 2022 à 1,5% en 2023 et 1,4% en 2024. Les économies émergentes et en développement devraient connaitre une légère baisse de leur croissance passant de 4,1% en 2022 à 4,0% en 2023 et 2024. L’inflation mondiale devrait diminuer passant de 8,7% en 2022 à 6,9% en 2023 et 5,8% en 2024. Cette baisse de l’inflation est dûe au resserrement de la politique monétaire et à la baisse des prix internationaux des matières premières. L’accent a également porté par certains intervenants afin d’éviter de prendre des mesures de protection (augmentation des droits de douane) car le commerce international est un facteur important de la croissance.
Les relations entre le Maroc et le FMI sont excellentes, car le Maroc a toujours respecté ses engagements, notamment le remboursement des crédits à leur échéance. C’est ainsi que le FMI a accordé un prêt de 1,3 milliard de dollars au Maroc pour l’aider dans sa transition énergétique, et a promis une nouvelle aide pour faire face au tremblement de terre du 8 Septembre 2023, dans le cadre de la Facilité pour la résilience contre les chocs systémiques. De plus, le FMI a accordé au Maroc une ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars que le Maroc peut utiliser sans conditions.
En conclusion, la tenue des Assemblées de la BM et du FMI à Marrakech a été pour le Maroc un grand succès à la fois sur le plan financier, sur le plan touristique, et consolide la bonne image de notre pays sur la scène internationale. De plus, le président de la Banque mondiale Mr Ajay Banga d’origine indienne et naturalisé américain, et la Directrice générale du FMI Mme Kristalina Géorgieva d’origine Bulgare, ont assisté physiquement à l’ouverture du Parlement marocain le Vendredi 13 Octobre 2023, et ont été reçus par le Roi Mohammed VI sur place. L’Afrique a été au cœur des discussions et a obtenu un troisième siège au sein du Conseil d’Administration du FMI. Mais la demande du G24 d’annuler la dette des pays les plus vulnérables est restée lettre morte. Seule la Zambie a obtenu une restructuration de sa dette évaluée à 33 milliards de dollars. Dans un monde perturbé, où les mauvaises nouvelles se succèdent les unes aux autres, peu d’annonces concrètes ont été faites pour l’Afrique qui ne connaitra qu’une croissance de 3% en 2023.

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