« Que retenir du Gitex Dubaï, le plus grand salon technologique du monde ? »
Mr Mohamed El Ouahdoudi (Président Convention Europe Afrique du Nord)
Le Maroc construit sa réputation grâce à des événements et à un savoir faire d’organisation de plus en plus sophistiqués. Ainsi dès l’an dernier le pays a réussi à attirer à Marrakech une édition africaine du Gitex Dubaï, et vient de confirmer une seconde édition à Marrakech en mai 2024. L’importance des nouvelles technologies pour le développement n’est plus à démontrer, le Maroc doit accélérer sa digitalisation pour réussir l’épreuve de la Coupe du monde de football en 2030 et ainsi consolider ses infrastructures.
Cette rencontre technologique mondiale tient à Dubaï depuis des décennies avec régularité, et ne cesse de s’étendre, comme la ville de Dubaï qui conquiert chaque année des pans entiers du désert dont elle fait partie.
26 halls présentent chacun des d\'exposants du monde entier. Des dizaines de milliers de professionnels du digital et de l\'informatique - électronique saturent les allées durant cinq jours. Chaque visiteur ne peut espérer rencontrer qu\'un petit pourcentage de professionnels tant l\'offre du Gitex dépasse les capacités des visiteurs.
Il est intéressant de voir de près quelles leçons on peut tirer de la dernière édition du Gitex Dubaï tant sur les plans géostratégique qu’économique.
1- Le centre du monde est désormais asiatique : Dubaï a réussi à s'inscrire dans cet axe et à en devenir la vitrine. Certes l'Europe et les Amériques continuent à influencer le monde , mais c'est bien la Chine et l'Inde qui mèneront la danse de plus en plus. La première a le "hardware", la seconde le "software".
2- Les technologies continuent à libérer les humains du joug des autres humains : le pouvoir que l'informatique procure aux jeunes des pays pauvres est une véritable aubaine qui leur donne accès au travail sous toutes ses formes et à la liberté. Tous les peuples opprimés ont une chance de s'en sortir mieux qu'avec le "machin" de l'ONU grâce aux claviers. Rien n'arrêtera leur libération.
3- L'intelligence artificielle est encore un gadget : elle ne bouleverse pas la vie humaine hormis dans certains usages limités. Le Gitex avec sa formule de rencontres physiques montre que l'humain a besoin de parler à l'humain. Et pour longtemps. Seuls on peut être impressionnés par l'IA. Collectivement, les humains reprennent les choses en main et soumettent l'IA.
4- Honneur à l’industrie :Les fabricants et les industriels ont toujours une longueur d'avance sur les "intellectuels" qui vivent de leur savoir. Comme le corps qui "héberge" l'âme et l'esprit. Une nation industrielle a plus de revenus si elle innove en permanence. Les usines sont les indispensables leviers de tous pays.
5- Capacité financière et innovation :Investir massivement et innover restent les seules garanties d'un développement constant. Et pour ce faire, un environnement des affaires professionnel, digitalisé, et sans corruption est l'unique alternative pour réussir. L’externalisation des services non essentiels fait émerger des entreprises nouvelles et crée des emplois.
6- La desoccidentalisation du monde : cette nouvelle réalité de la mondialisation se voit bien dans cette grande Mecque technologique mondiale. Ou plutôt l'occidentalisation du monde sans l'Occident, devenu un client parmi d'autres et un joueur parmi. A voir un Macron haleter derrière des caméras des pays du sud, ou un Biden ravagé par les médicaments se tenir la tête au milieu de chefs d’états du sud, en pleine forme.
7- La cyber sécurité enjeu planétaire :parmi des milliers d’innovations présentées au Gitex Dubaï, la société SentinelOne se distingue par une offre imbattable : payer un million de dollars à toute société cliente qui serait attaquée avec succès par des cyber criminels. En dix ans un seul cas s’est présenté mais en réalité la société n’avait pas activé ses licences (comme si elle n’avait pas branché son ordinateur avec l’électricité). La cyber sécurité est la technologie qui est appelée à se développer tant pour les états que pour les entreprises et les particuliers. C’est devenu un argument de poids pour investir dans tel pays plutôt qu’un autre.
Ce nouveau monde sino-indou qui compte un tiers de l'humanité fabrique tout pour tout le monde et moins cher et à qualité égale ou supérieure quand l'usage en dicte la nécessité. C'est une arme redoutable que les pays occidentaux auront du mal à affronter chaque jour qui passe. Et c'est bien grâce à ce binôme asiatique que le continent africain monte progressivement dans le train du progrès technologique grâce à des tickets d'entrée beaucoup plus accessibles que ceux proposés par un Occident habitué à des monopoles qui n'ont plus leur place dans la nouvelle mondialisation.
Et le Maroc dans tout cela ?
Le Maroc ne se laisse pas distancer et met en rang ses atouts naturels et humains. On sent bien une accélération à tous les niveaux afin d'éradiquer les lourdeurs et mettre tout le pays en ordre de marche. Même le tremblement de terre semble finalement une nouvelle opportunité pour reconstruire et aller de l'avant.
Le second rendez-vous du Gitex à Marrakech en mai prochain va consolider cette stratégie technologique du Maroc qui a un effet d'entraînement sur l'ensemble du continent africain.
La présence sur le pavillon du Maroc au Gitex Dubaï d'une fintech de Mauritanie, aux côtés de sociétés digitales marocaines, et qui installe à Casablanca son premier bureau hors de Nouakchott est un symbole de ces nouvelles synergies indispensables à notre continent.
Cette année Dubaï s'inspire du succès du Gitex Africa de Marrakech et annonce une édition à Berlin en 2024. Ainsi pour une fois Berlin marchera sur les pas de Marrakech et lancera une édition européenne. Du sud vers le nord. On n'a pas fini d'être surpris par la révolution technologique qui fait avancer les pays du sud.
On l’aura compris, c’est la généralisation des technologies de l’information qui va garantir au Maroc une cadence soutenue pour être au rendez-vous qu’il s’est fixé avec lui-même afin de rejoindre le top 50 mondial des pays développés
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI