Halte Ă la guerre Ă Gaza
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Rappelons qu’en 2006 c’est le parti islamiste Hamas qui a gagné les élections palestiniennes, et qu’il a pris le contrôle de Gaza en 2007, une bande de 365 km2 ayant pour voisins l’Egypte et Israël. La victoire électorale de Hamas s’explique par une baisse d’influence de l’Autorité palestinienne, qui n’a obtenu aucune concession du gouvernement israélien, dominé par des partis d’extrême droite et des partis religieux. Dès sa prise de pouvoir à Gaza par le Hamas, la bande de Gaza a fait l’objet d’un blocus total de la part d’Israël, en la transformant en « prison à ciel ouvert ». En 2023, c’est la quatrième guerre de Hamas avec Israël.
Le 7 Octobre 2023, une offensive d’envergure du Hamas a envahi la zone frontalière d’Israël, causant la mort de 1400 israéliens et la prise de 240 otages : hommes, femmes et enfants. Près de 3000 assaillants du Hamas ont intervenu dans cette opération appelée « Déluge d’Al Aqsa ». Le jour même, Israël qui a été prise par surprise, a commencé par des bombardements intensifs du Nord de la bande de Gaza, causant un déplacement forcé de 1,5 million de Gazaouis vers le Sud de la bande. Par la suite, elle a mené une opération terrestre avec le but de « détruire Hamas ». Les pertes du Hamas à ce jour sont considérables : 14.854 morts dont 6150 enfants et 36.000 blessés. Le Nord de la bande de Gaza est entièrement détruit.
Les familles des otages israéliens ont fait pression sur le gouvernement de Netanyahou pour négocier la libération des otages israéliens. Le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis ont servi d’intermédiaires entre le Hamas et Israël, et ont abouti à un accord le Mercredi 22 Novembre 2023. Cet accord prévoit une trêve de 4 jours au cours de laquelle seront libérés 50 otages pris par le Hamas, et 150 prisonniers palestiniens. L’accord prévoit également l’entrée à Gaza de camions par le point de passage de Farah entre la bande de Gaza et l’Egypte. C’est ainsi que du Vendredi 24 au Dimanche 26 Novembre 2023, ont été libérés 58 otages dont 40 israéliens, et 117 prisonniers palestiniens. De même que 248 camions ont pu entrer sur la bande de Gaza contenant de la nourriture, de l’eau, des médicaments, du matériel médical et des hydrocarbures.
On ne peut que se réjouir de cet accord qui a permis la libéralisation d’une partie des otages israéliens et des prisonniers palestiniens. L’accord de Doha prévoit une possibilité de prolonger la trêve au delà des quatre jours. Le Chef du gouvernement israélien Netanyahou a déclaré qu’il reprendrait les combats contre le Hamas à l’issue des quatre jours de trêve qui se terminent lundi 27 Novembre 2023. Il reste près de 177 otages aux mains du Hamas, et les familles israéliennes qui n’ont pas encore accueilli leurs proches, vont faire une pression très forte sur Netanyahou pour ne pas reprendre la guerre contre Hamas.
L’image d’Israël s’est beaucoup dégradée sur le plan international, du fait de la mort de milliers de palestiniens civils suite aux bombardements aériens et à l’opération terrestre. Dans beaucoup de pays, mêmes occidentaux, des manifestations très importantes ont eu lieu en faveur des palestiniens et pour la fin de la guerre. Le Président Biden lui-même a déclaré que « les violences des extrémistes israéliens contre les palestiniens doivent cesser ». Il a ajouté « qu’une solution à deux Etats est le seul moyen d’assurer la sécurité à long terme du peuple israélien et du peuple palestinien ». Il a appelé ce que la trêve à Gaza se poursuive au-delà du lundi 27 Novembre 2023.
En conclusion, la reprise de la guerre par Israël contre le Hamas serait désastreuse. Elle constituerait un risque grave pour les otages israéliens détenus par le Hamas. Elle ne résoudrait pas le problème israélo-palestinien. Israël ne pourra pas « détruire le Hamas », car il renaitra de toutes façons, du fait que les palestiniens ne renonceront jamais à leur terre et à leur indépendance. Aussi la meilleure solution est de mettre fin à la guerre, de récupérer les otages israéliens, et d’ouvrir des négociations avec les palestiniens pour la création d’un Etat-palestinien vivant côte à côte avec Israël.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI