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Cour internationale de justice
Guerre Ă  Gaza
Un verdict juste mais incomplet

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Rappelons que le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud a présenté à la Cour internationale de justice une requête accusant Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens de Gaza. Elle justifie sa requête par les actions d’Israël à partir du 7 octobre 2023 « visant à produire la destruction d’une partie substantielle du groupe national racial et ethnique palestinien ». A ce jour, les pertes palestiniennes s’élèvent à 26.083 morts en majorité des femmes et des enfants, ainsi que 65.000 blessés. La Cour internationale de justice a examiné la requête de l’Afrique du Sud le 11 janvier 2024. Le lendemain c’était au tour des israéliens de répondre aux accusations de l’Afrique du Sud.

Le 26 janvier 2024 la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu sa décision concernant la requête de l’Afrique du Sud. Tout d’abord, « Conformément aux obligations lui incombant au titre de la Convention sur la génocide », la CIJ ordonne à Israël de prévenir toutes les situations à l’encontre desquelles les Palestiniens pourraient être victimes d’un génocide, et à veiller à ce que l’armée israélienne ne commette aucun de ces actes à l’encontre de la population palestinienne. Elle ajoute « la Cour considère qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ». Elle fait certainement référence aux déclarations publiques de trois ministres du gouvernement israélien qui ont préconisé le retour des colons israéliens à Gaza et le départ massif et forcé des Palestiniens.
D’autre part, la CIJ ordonne à Israël de « prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de tout urgence, afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ». Elle demande à Israël de prévenir la destruction, et de conserver les éléments relatifs aux allégations d’actes de génocide commis contre les membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza. Enfin la Cour donne à Israël un délai d’un mois afin de « fournir un rapport sur l’ensemble des mesures qu’il aura prises pour exécuter la présente ordonnance ».
On ne peut que se féliciter de ce verdict de la CIJ qui fait apparaitre le risque de génocide à Gaza, et qui ordonne la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Cependant, elle a omis d’ordonner le cessez-le-feu, qui seul permettra l’exécution du verdict. En effet, Israël continue ses frappes aériennes et son opération terrestre qui font de plus en plus de victimes civiles. D’autre part, il est très difficile de distribuer l’aide humanitaire aux Palestiniens, car toute la bande de Gaza est sous les bombes de l’armée israélienne. Le seul espoir d’un cessez-le-feu est la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU du mercredi 31 janvier 2024 pour donner un effet exécutoire au verdict de la Cour internationale de justice. Les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité seront devant un dilemme. Soit ils utiliseront à nouveau leur droit de véto, ce qui augmentera leur isolement sur la scène internationale. Soit ils s’abstiendront pour que la résolution du cessez-le-feu soit adoptée, hypothèse qui parait peu probable par le président Biden, vu la puissance du lobby pro-israélien et l’élection présidentielle américaine de novembre 2024. Une autre question va se poser après le verdict de la CIJ, c’est la livraison d’armes à Israël par les Etats-Unis et la France qui va accentuer le risque de génocide.
En conclusion, il est temps que cette guerre à Gaza s’arrête, vu le grand nombre de victimes civiles palestiniennes et les destructions massives. L’Occident doit respecter ses propres valeurs, notamment les droits de l’homme et le droit à la vie. Rendons hommage à Pedro Sanchez Chef du gouvernement espagnol qui demande aux parties d’appliquer les mesures provisoires que la Cour a décrétées. Egalement à Josep Borrell chef de la diplomatie européenne qui a affirmé que les décisions de la CIJ sont contraignantes pour les parties, et celles-ci doivent s’y conformer.

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