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Bombardement et opération terrestre annoncée à Rafah
Pour des mesures concrètes de l’Occident afin d’éviter une catastrophe humanitaire

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Après l’opération en Israël du Hamas du 7 Octobre 2023 qui a causé la mort de 1160 israéliens et la prise de 240 otages, la riposte de l’armée israélienne a été sanglante causant la mort valeur aujourd’hui de 27.947 Palestiniens, et la destruction quasi-totale des habitations et des infrastructures de Gaza. Après Gaza City et Khan Younes qui ont subi des frappes aériennes et terrestres, plus d’un million de Palestiniens se sont déplacés vers Rafah à l’extrême sud de la bande de Gaza. Cette dernière ville ne comptait que 280.000 habitants avant la guerre, et accueille actuellement 1,5 million de Gazaouis, qui vivent dans des conditions déplorables sans nourriture et sans médicaments. Rafah est devenue un Camping géant où des tentes ont été dressées partout, même sur la plage, les rues, et tout terrain disponible.

Après des frappes aériennes intensives sur Rafah, Netanyahou a ordonné le 7 Février 2024 à l’armée israélienne de préparer une opération terrestre sur la ville. Le 9 Février, il a demandé à l’armée d’établir un plan d’évacuation des civils afin de détruire le Hamas. L’annonce de l’opération terrestre sur Rafah s’est traduite par une réprobation générale de la communauté internationale. Le Président Biden a déclaré que « la riposte d’Israël à Gaza est excessive ». Il a ajouté « Il y a beaucoup d’innocents qui meurent de faim, beaucoup d’innocents qui sont en difficulté et qui meurent, il faut que cela cesse ». Le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a déclaré de son côté : un assaut à Rafah augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire ». Josep Borrel le Chef de la diplomatie européenne a déclaré « Le projet d’un assaut sur Rafah est alarmant : un tel assaut aurait des conséquences catastrophiques, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse et un bilan civil insupportable ». L’Autorité palestinienne a condamné avec véhémence l’opération terrestre sur Rafah, et a affirmé « que les Palestiniens n’abandonneront pas leur terre, et n’accepteront pas d’être déplacés de force hors de leur patrie ». L’Arabie Saoudite a confirmé que cette opération se traduirait par une catastrophe humanitaire.
Human Rights Watch a déclaré « Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller, serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques ». Le Comité international de la Croix rouge a indiqué que les conditions de vie à Rafah, et dans toute la bande de Gaza, sont déplorables. Il a ajouté que le système de santé s’est effondré, obligeant les rares médecins qui restent dans les hôpitaux, à amputer les personnes souffrant de plaies infectées, faute de médicaments. Le Représentant humanitaire de l’ONU a déclaré « La densité très forte de la population à Rafah rend impossible la protection civile. C’est comme un « cocotte minute » qui risque d’exploser si l’opération terrestre a lieu ».
On ne peut que se réjouir de cette réprobation unanime de la communauté internationale contre l’opération terrestre de l’armée israélienne sur Rafah. En effet, la population de cette dernière ville n’a pas où aller pour être en sécurité. L’Egypte qui a une frontière avec Rafah refuse d’accueillir les Palestiniens, car ce serait aubaine pour Israël de dépeupler la bande de Gaza. Remonter vers le Nord de la bande de Gaza est très difficile, du fait des routes coupées, et même au Nord les frappes aériennes et les soldats israéliens sur place sont un danger pour les civils. On n’ose même pas imaginer les soldats et les chars israéliens investir le vaste Camping qu’est devenue la ville de Rafah.

Certes, les déclarations faites par les hauts responsables mondiaux font chaud au cœur. Mais Netanyahou est sourd à toutes ces déclarations. C’est ainsi qu’il n’a tenu aucun compte de l’arrêt de la Cour internationale de justice qui « a appelé à protéger les Palestiniens contre un risque réel et imminent de génocide ». Seuls les Etats-Unis et l’Europe peuvent faire pression sur Israël pour éviter l’opération terrestre à Rafah. Et cela pas par des paroles, mais par des actes. Les Etats-Unis peuvent menacer Israël de cesser leur aide politique, financière et militaire, si l’opération terrestre sur Rafah à lieu. De plus, l’opération terrestre risque de mettre en grand danger les 128 otages qui sont encore entre les mains du Hamas. L’Union européenne peut de son côté menacer Israël de suspendre l’Accord d’association entre les deux parties. Rappelons qu’Israël n’a jamais reçu de sanctions de l’Occident, même quant il a enfreint le droit international, comme par exemple la colonisation de la Cisjordanie qui est administrée par l’Autorité palestinienne.

En conclusion, on est meurtri par cette guerre à Gaza qui est une catastrophe humanitaire, et qui n’épargne ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants. Le pêché original est l’instauration d’Israël en Palestine, qui n’était pas « terra nullius » mais habité par une population autochtone. Depuis 1948, les gouvernements successifs d’Israël soutenus inconditionnellement par les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas accepté l’établissement d’un Etat palestinien viable vivant côte à côte avec Israël, qui est la seule solution à ce conflit qui dure depuis d’un demi-siècle.

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