Situation désespérée des Palestiniens à Gaza
Un nouveau véto américain contre le Cessez-le-feu
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
A 140 jours de la guerre à Gaza, les bombardements israéliens continuent à Khan Younes et à Rafah, entrainant une situation humanitaire catastrophique. On compte à ce jour 30.000 Palestiniens morts et 70.000 blessés. On déplore les déplacements massifs et répétés de la population civile, la destruction quasi-totale des habitations, et l’apparition de la famine suite à une alimentation très insuffisante.
Un nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité a été présenté au nom des Etats arabes le 20 Février 2024. Cette résolution appelle à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, le rejet de tout déplacement forcé de la population civile palestinienne, l’accès humanitaire sans entrave, et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Cette résolution a obtenu 13 votes pour, un vote contre, et une abstention. Les Etats-Unis ont été les seuls à voter contre, alors que Royaume-Uni s’est abstenu. C’est la troisième fois que Washington bloque une résolution, qui aurait pu éviter la mort de nombreux Palestiniens.
Presque au même moment le 22 Février 2024, Benyamin Netanyahou dévoilait son propre plan pour l’après-guerre à Gaza. Il prévoit qu’Israël conserve le contrôle de la sécurité dans tous les territoires palestiniens, qu’il s’agisse de Gaza ou de la Cisjordanie. Au préalable, il rappelle les objectifs de l’armée israélienne à Gaza : démantèlement du Hamas et du Jihad islamique, et libération de tous les otages encore retenus. Les affaires civiles de Gaza seraient gérées par des fonctionnaires locaux ayant une expérience administrative, et qui ne seraient « pas liés à des pays ou des entités qui soutiennent le terrorisme ». Le projet ne mentionne pas l’Autorité palestinienne au pouvoir en Cisjordanie occupée, et exclut l’établissement d’un Etat palestinien indépendant.
Le plan indique que même après la fin de la guerre, l’armée israélienne aurait la liberté d’opérer dans toute la bande de Gaza pour « empêcher toute résurgence de l’activité terroriste ». Netanyahou prévoit également l’établissement d’une zone tampon de sécurité du côté palestinien de la frontière de la bande de Gaza, précisant que la zone restera en place « tant qu’il y aura un besoin de sécurité ». A noter que les Etats-Unis s’opposent à toute réduction du territoire palestinien après la guerre. Le plan prévoit « la déradicalisation dans toutes les institutions religieuses, éducatives et sociales à Gaza », ainsi que le démantèlement de l’UNRWA, l’Agence des Nations Unies pour le soutien des réfugiés palestiniens. Concernant la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza, le plan prévoit « un bouclage » de la frontière avec l’Egypte pour empêcher la reprise de toute activité terroriste ou de contrebande.
Parallèlement à ces événements, les ministres des affaires étrangères du G20 se sont réunis à Rio de Janeiro (Brésil) les 21 et 22 Février 2024. La réunion a eu lieu au lendemain de la déclaration du Président brésilien Lula comparant le conflit à Gaza à la Shoah. Pendant cette réunion, le ministre brésilien des affaires étrangères a dénoncé « la paralysie inacceptable de l’ONU face aux conflits en cours en Ukraine et à Gaza ». « Cette inaction de l’ONU implique directement la perte des vies humaines » a déploré le ministre. Il a ajouté « le Brésil n’accepte pas un monde qui résout les différents avec l’usage de la force ». Enfin, le Jeudi 22 Février 2024, le ministre brésilien des affaires étrangères a fait état qu’une grande majorité des membres du G20 ont considéré la solution à deux Etats comme la seule possible pour une paix entre Israéliens et Palestiniens.
En conclusion, il s’avère que les dirigeants actuels d’Israël s’entêtent à vouloir détruire le Hamas qualifiée d’organisation terroriste. Or ce sont des résistants à l’occupation israélienne, au même titre que le Fatah. D’ailleurs, les élections palestiniennes de 2006 ont été gagnées par le Hamas, qui a pu prendre le pouvoir à Gaza au détriment de l’Autorité palestinienne, qui a été incapable d’obtenir aucun résultat positif. Il y a deux façons d’obliger Israël à accepter un Etat palestinien. La première est la reconnaissance par les puissances occidentales de l’Etat palestinien. Si cette solution est inopérante, il faut prendre des sanctions contre Israël, dont le boycott de ses produits, à l’instar de ce qui a réalisé contre l’Afrique du Sud et qui a permis l’éradication de l’apartheid.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI