Attaque d’Israël par l’Iran
Quelles perspectives ?
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Rappelons tout d’abord l’évolution des relations entre Israël et l’Iran. De 1948 à 1979 les relations ont été cordiales sous la dynastie Pahlavi, avec en 1950 la reconnaissance d’Israël par l’Iran. Une coopération économique et militaire existait entre les deux pays jusqu’à la révolution islamique iranienne en 1979. L’ayatollah Khomeini a rejeté la reconnaissance d’Israël avec l’arrêt de toute relation, en qualifiant Israël « ennemi de l’Islam », et en transformant l’Ambassade d’Israël en Ambassade de Palestine. Il a décrété le dernier jour du Ramadan « Jour d’Al Qods », et il a envoyé les Gardiens de la Révolution au Liban pour constituer la milice chiite Hezbollah. Par la suite d’autres milices ont été constituées par l’Iran : le Hamas en Palestine, les Houtis au Yémen, les milices chiites en Irak et en Syrie, le tout dénommé « l’axe de la résistance » contre Israël. En 1989, le Guide de la Révolution Ali Khamenei a traité Israël de « tumeur cancéreuse », qui doit être supprimée. Les présidents de l’Iran Khatami, Ahmadinejad et Rohani, ont maintenu la même perception négative d’Israël. De son côté, Israël qui craint que l’Iran ne se dote de la bombe atomique a fait assassiner cinq physiciens iraniens spécialisés dans le secteur du nucléaire.
Le 1er Avril 2024, Israël a opéré une frappe à l’encontre du Consulat de l’Iran à Damas, qui a causé treize morts dont sept Gardiens de la Révolution parmi lesquels deux généraux de la Force Al Qods qui intervient hors frontières. Comme à son accoutumée, et dans le cadre de la politique de deux poids, deux mesures, aucun pays occidental n’a condamné cet attentat. Le guide de la Révolution Ali Khamenei a déclaré qu’Israël sera puni pour cet attentat. Se basant sur l’Article 51 de la Charte de Nations Unies relatif à la légitime défense, l’Iran a procédé dans la nuit du Samedi 13 Avril en Dimanche 14 Avril à une attaque inédite sur Israël d’environ 300 projectiles comprenant des drones, des missiles de croisière, et des missiles balistiques. D’après les autorités iraniennes, l’Iran aurait informé au préalable les Etats-Unis de cette attaque nommée « Promesse honnête », et leur aurait demandé de se tenir à l’écart de cette opération.
L’attaque iranienne a ciblé le Centre de renseignements israélien, ainsi que la base aérienne Nevatim dont ont décollé les F-35 qui ont procédé à la frappe du 1er Avril. Grâce au « Dôme de fer » le bouclier anti-missiles israélien, et aussi aux avions de chasse israéliens, américains, anglais et français, 99% des projectiles ont été interceptés et détruit avant d’atteindre le sol d’Israël. Aussi les dégâts de l’attaque iranienne ont été minimes sur le plan humain et matériel. Seuls une petite fille a été touchée ainsi que 35 blessés légers, alors que la base Nevatim a subi un petit dommage.
Le camp occidental a unanimement condamné l’attaque iranienne en apportant son soutien à Israël, et en s’inquiétant du risque d’embrasement régional. La Chine et la Russie, ainsi que l’Arabie saoudite et l’Egypte ont manifesté leur préoccupation et ont appelé à le retenue, en utilisant les moyens politiques et diplomatiques. Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon, Union européenne) réunis le Dimanche 14 Avril ont exprimé « leur solidarité et leur plein soutien à Israël et à son peuple, et en affirmant leur engagement en faveur de sa sécurité ». Ils ont fait part de leur crainte d’un embrasement régional, ont exigé de l’Iran et des ses alliés de cesser leurs attaques contre Israël, et se disent prêt à prendre de nouvelles mesures en réponse à de nouvelles initiatives de déstabilisation.
Suite à ces réactions de la communauté internationale, l’Iran a indiqué que l’attaque contre Israël a atteint ses objectifs, et qu’il n’a aucune intention de poursuivre cette opération, et considère l’affaire comme close. De son côté, le président Biden a prévenu le Premier ministre israélien que les Etats-Unis ne participeront pas à une éventuelle attaque directe contre l’Iran. Le Secrétaire d’Etat à la défense Lloyd Austin a déclaré que les Etats-Unis ne recherchent pas un conflit avec l’Iran. Au Conseil de sécurité de l’ONU réuni Dimanche 14 Avril dans l’après-midi, le représentant israélien a demandé des sanctions contre l’Iran, dont le représentant a indiqué que l’action de son pays était une réponse adéquate à la frappe israélienne contre son Consulat en Syrie. Dans un esprit d’apaisement le Conseil n’a pris aucune résolution officielle à l’encontre de l’Iran, et rappelé que sa priorité était un cessez-le-feu à Gaza et la libération de tous les otages.
En conclusion, il faut d’abord espérer qu’Israël ne lancera pas une riposte armée contre l’Iran, qui ne fera qu’envenimer les choses et provoquer un conflit généralisé au Moyen-Orient. Les relations conflictuelles entre l’Iran et Israël ont pour cause le problème palestinien qui dure depuis 76 ans. La faute originelle a été commise par Balfour, secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, qui par une lettre datée du 2 Novembre 1917, indique « que le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l’Etat d’Israël. Or la Palestine n’était pas « Terra nullius », terre qui n’appartient à personne, mais était habitée par des Palestiniens. L’instauration de l’Etat d’Israël en Palestine a donné lieu à sept guerres israélo-arabes : 1948, 1956 (Suez), 1967 (six jours), 1967 (usure), 1973 (Kippour), 1982 (Liban), 2006 (Liban). Nous vivons actuellement une huitième guerre à Gaza qui a débuté le 7 Octobre 2023, et qui a causé la mort de 1200 Israéliens et 33.500 Palestiniens. La seule solution de ce problème est l’instauration d’un Etat palestinien vivant à côte à côte avec Israël. La communauté internationale et notamment l’Occident doivent imposer cette solution à Israël, dont le gouvernement actuel continue la colonisation de la Cisjordanie et refuse la création d’un Etat palestinien.
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