L’Afrique Atlantique : Pour une région continentale
intégrée, inclusive, et prospère
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le titre de cette chronique est le thème choisi pour la septième édition du « Morocco Today Forum » qui s’est tenue le 5 Juillet 2024 sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Palais des Congrès de Dakhla. Ce Forum a été organisé par le Groupe « Le Matin », l’Agence marocaine de coopération internationale, et le Conseil de la Région Dakhla-Oued Eddahab. Plusieurs ministres et ambassadeurs marocains et africains ont participé à ce Forum, dont de hauts représentants du Burkina-Faso, du Cameroun, du Niger et du Tchad, et deux membres de l’IMRI.
Le thème de ce Forum fait référence au Discours Royal du 6 Novembre 2023 commémorant le 48ème anniversaire de la Marche Verte. Le Souverain a indiqué qu’outre la façade Méditerranéenne où le Maroc est solidairement arrimé à l’Europe et au reste du monde grâce au Port de Tanger-Med, le versant Atlantique ouvre un accès complet sur l’Afrique, et une fenêtre sur l’Amérique. L’objectif est de transformer la façade atlantique africaine en un haut lieu de communauté humaine, un pôle d’intégration économique, et un foyer de rayonnement continental et international.
Pour atteindre cet objectif, le Roi Mohammed VI a préconisé la création d’un cadre institutionnel regroupant les 23 pays africains qui bordent l’océan Atlantique. Malgré ses ressources humaines et l’abondance de ses richesses naturelles, l’Afrique atlantique accuse un important déficit en matière d’infrastructures et d’investissements. C’est ainsi que 600 millions d’Africains ne disposent pas d’électricité, indispensable pour le développement économique et social. Afin de contribuer au développement de l’Afrique atlantique, le Maroc et le Nigeria se sont mis d’accord pour la construction d’un Gazoduc long de 5.600 km dont le coût est estimé à 25 milliards de dollars, qui partira du Nigeria et traversa 13 pays de la Côte Ouest-africaine, pour atteindre le Maroc où il sera connecté au Gazoduc Maghreb-Europe pour approvisionner l’ensemble du réseau gazier européen. Les premières études topographiques sur l’axe Maroc-Mauritanie-Sénégal ont déjà été lancées et dureront jusqu’au printemps 2025.
Le second projet préconisé également par le Roi Mohammed VI consiste à permettre l’accès à l’océan aux pays enclavés du Sahel. Ce projet permettra aux pays du Sahel de stimuler les échanges commerciaux, générer des investissements, et créer des emplois. Le Maroc mettra à la disposition de ce projet ses infrastructures routières, portuaires, ferroviaires et aériennes. Le Burkina-Faso, le Mali, le Niger, et le Tchad ont donné leur accord à ce projet. Une réunion concernant ce projet a eu lieu le 23 Décembre 2023 à Marrakech où les premières actions à mener ont été fixées. La gouvernance du projet consistera en la création d’une Task Force dans chaque pays concerné, qui soumettra ses propositions aux Chefs d’Etat de chaque pays. Une fois les études de faisabilité terminées, des Appels d’offre seront lancées vis-à -vis des bailleurs de fonds internationaux publics et privés. Madame Leila Benali ministre de la Transition énergétique et du développement durable présente au Forum, a insisté sur le respect de l’environnement tout au long de la réalisation du projet.
Afin de compléter le dispositif de désenclavement des pays du Sahel, sera érigé à l’horizon 2029 le port du Dakhla Atlantique. Ce port commercial en eau profonde sera construit à 70 km au nord de Dakhla. Le taux d’avancement des travaux est actuellement de 20%, sous la direction de l’ingénieure d’Etat en hydraulique et en géotechnique Madame Nisrine Iouzzi. Le budget alloué au port de Dakhla Atlantique est de 12,5 milliards de dirhams, et c’est le Consortium marocain SGTM-SOMAGEC qui a décroché le marché. Outre le port proprement dit, une zone industrielle lui sera adossée d’une surface totale de 2650 hectares. Enfin le port de Dakhla Atlantique devrait générer à terme 35 millions de tonnes et dépasser Casablanca qui ne génère que 27 millions de tonnes, mais sans atteindre Tanger-Med qui a manipulé 120 millions de tonnes en 2023.
En conclusion, l’Afrique Atlantique, l’accès à la mer des pays enclavés du Sahel, et le port de Dakhla Atlantique viennent couronner une politique africaine du Roi Mohammed VI, qui n’a cessé depuis son intronisation à donner la priorité à l’Afrique à la fois sur le plan politique et sur le plan économique.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI