Après Gaza, le Liban à feu et à sang
Quelle solution pour résoudre le conflit israélo-palestinien ?
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Après l’attaque du Hamas sur Israël le 7 Octobre 2023, qui a causé la mort de 1200 israéliens et la prise de 240 otages, l’armée israélienne a immédiatement riposté. Ce fût d’abord par des frappes aériennes, et puis des opérations terrestres au Nord, au Centre et au Sud de Gaza. Le bilan des pertes palestiniennes au 11 Septembre 2024 s’élève à 40.972 morts et 94.761 blessés dont 80% sont des femmes et des enfants. A cela s’ajoute la destruction de la quasi-totalité des infrastructures, des écoles, des hôpitaux et des immeubles d’habitation. Alors que Gaza recevait avant la guerre 600 camions par jour, les forces israéliennes ne permettent que le passage d’un nombre réduit de camions, causant une situation de famine faute de nourritures, et de maladies mortelles faute de médicaments.
Dès le lendemain du 7 Octobre 2023, le Hezbollah et l’armée israélienne échangèrent des tirs à la frontière israélo-libanaise, obligeant des milliers d’israéliens de quitter leur domicile au Nord d’Israël. Israël a fait exploser simultanément les 17 et 18 Septembre 2024 des bipeurs et des talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, mais aussi par les civils. En tout, 42 personnes ont été tuées et plus de 3500 blessés. L’ONU a qualifié ces attaques de « Violations du droit international ». L’armée israélienne a procédé dès le 20 Septembre 2024 à des frappes aériennes sur le sud et l’est du Liban, causant la mort de 558 morts dont 94 femmes et 50 enfants, et 1835 blessés. La frappe aérienne la plus forte a eu lieu le 27 Septembre 2024 dans la banlieue sud de Beyrouth, ayant causé la mort du Chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ainsi que d’autres hauts responsables du Mouvement chiite. Ceci alors que les Etats-Unis, la France et certains de leurs alliés, avaient appelé le 25 Septembre 2024 à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours entre Israël et le Hezbollah, tout en exprimant leur soutien à une trêve à Gaza. Le Premier ministre d’Israël Netanyahou a rejeté la trêve proposée par Joe Biden et Emmanuel Macron, car il veut exploiter les récents succès de son armée pour déstabiliser davantage la milice pro-iranienne. Alors que le Liban est à feu et à sang, 120.000 libanais ont quitté le pays pour se réfugier principalement en Syrie.
Le conflit israélo-palestinien est le résultat de plusieurs erreurs commises par différents acteurs. La première erreur est d’avoir encouragé l’instauration de l’Etat d’Israël sur une terre qui était habitée par des Palestiniens, et qui n’était pas « terra nullius » territoire de personne. Ces encouragements provenaient principalement des pays européens qui se sentaient coupables de la Shoah, entreprise d’extermination systématique de 6 millions de juifs menée par l’Allemagne nazie. On peut citer la déclaration de Balfour, ministre des affaires étrangères britannique datée du 2 Novembre 1917, qui stipule « l’engagement du Gouvernement britannique en faveur de l’établissement d’un foyer national juif en Palestine ». De l’autre côté, les Etats-Unis ont toujours accordé à Israël un soutien inconditionnel, dû à la puissance du Lobby pro-israélien AIPAC, qui joue un rôle déterminant tant dans les élections présidentielles que celles du Congrès. Il y a également des raisons religieuses. Les évangéliques américains considèrent que l’existence d’Israël ramènera Jésus sur terre, et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal.
Les Palestiniens et les Arabes en général n’ont jamais admis l’instauration de l’Etat d’Israël. C’est ainsi que la guerre actuelle à Gaza est la 15ème depuis 1948. Cependant, en Septembre 1982 et au Sommet de Beyrouth de 2002, les pays Arabes se sont engagés à reconnaitre Israël s’il accepte la création d’un Etat palestinien dans les frontières d’avant 1967. Les différents gouvernements israéliens qui se sont succédés n’ont jamais accepté le principe de la terre contre la paix. C’est ainsi qu’en 1982, Israël a chassé l’OLP (Organisation de Liberté de la Palestine) du sud du Liban. Le gouvernement israélien n’a fait aucune concession à Mahmoud Abbas qui pourtant a déclaré à plusieurs reprises qu’il était contre les attentats terroristes visant des israéliens. C’est cette politique d’Israël visant à affaiblir les organisations palestiniennes laïques, qui a permis l’émergence des mouvements religieux radicaux à Gaza (Le Hamas) et au Liban (Hezbollah). En outre, et malgré le non respect par Israël des résolutions du Conseil de sécurité, et la mort de milliers de palestiniens civils, Israël n’a jamais été sanctionné, ni par l’ONU, ni par l’Union européenne, ni par les Etats-Unis.
En conclusion, les victoires militaires n’ont jamais pu remplacer une absence de vision. Le gouvernement israélien actuel maximaliste a fait voter la Knesset contre l’instauration d’un Etat palestinien, et encourage l’implantation de nouvelles colonies en Cisjordanie. La seule solution au conflit israélo-palestinien est politique, et passe par la création d’un Etat palestinien qui doit être imposé à Israël par la communauté internationale.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI