La guerre en Ukraine et Ă Gaza
Halte au massacre des civils
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Rappelons que l’armée russe a envahi le 24 Février 2022 l’Ukraine par air, mer et terre. Les pertes humaines majoritairement civiles ont été selon les sources américaines : 120.000 morts et 180.000 blessés pour la Russie, 700.000 morts et 130.000 blessés pour l’Ukraine.
Donald Trump pendant la campagne présidentielle américaine avait déclaré qu’il ramènerait la paix dans la guerre d’Ukraine en 24 heures, et que cette guerre n’aurait pas pu avoir lieu s’il était président en 2022. Réélu en Novembre 2024 à la présidence des Etats-Unis, il a eu un entretien téléphonique avec Poutine le 12 Février 2025, alors que ce dernier était considéré comme un paria par l’Occident depuis qu’il a déclenché la guerre en Ukraine. Une première réunion entre les Etats-Unis et la Russie a eu lieu le 18 Février 2025 à Riad en Arabie saoudite pour examiner les conditions d’une paix en Ukraine, et cela en absence du président Zelenski et des représentants de l’Union européenne. Le président ukrainien fût reçu par Donald Trump à la Maison Blanche le 28 Février 2025 pour signer un accord d’exploitation des terres rares ukrainiennes par les Etats-Unis, en compensation de l’aide américaine à l’Ukraine pendant la présidence de Joe Biden. Cependant, Zelenski a été sévèrement humilié tant par le président Trump que par son vice-président Vance, qui lui ont reproché de n’avoir aucune carte en mains pour la négociation, et qu’il aurait pu entrainer une troisième guerre mondiale. Finalement après avoir présenté ses excuses, Zelenski a accepté le 11 Mars 2025 un plan de cessez-le-feu de 30 jours à la suite de pourparlers avec les Etats-Unis en contrepartie de la reprise de l’aide américaine à l’Ukraine.
Alors que cet Accord a été transmis par Trump à Poutine, ce dernier a posé de nombreuses conditions pour l’accepter, et a continué ses attaques contre l’Ukraine. La plus meurtrière a eu lieu le Dimanche 13 Avril 2025, où deux missiles balistiques ont visé le centre de la ville ukrainienne de Soumy au Nord-Est du pays. Cette attaque a causé 35 morts civils dont deux enfants, et 119 personnes blessés dont dix enfants. Cette attaque a été condamnée par Keith Kellogg, Emissaire américain pour l’Ukraine, estimant qu’elle « dépasse les limites de la décence ». Le président américain a estimé « qu’ils ont fait une erreur » sans incriminer directement la Russie. Cette attaque a suscité l’indignation des alliés européens de Kiev.
Rappelons que c’est le 7 Octobre 2023 que le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, a attaqué Israël causant 1200 morts, 5431 blessés, et la prise de 251 otages. Israël a répliqué immédiatement par des frappes aériennes puis plusieurs opérations terrestres sur la bande de Gaza. Les pertes palestiniennes sont à ce jour de 50.810 morts et 115.688 blessés, 1,9 millions de déplacés, sur une population totale de 2,4 millions. La bande de Gaza est presque entièrement détruite et n’est plus qu’un champ de ruines.
Les Etats-Unis ont apporté une aide financière et militaire considérable à Israël, tant sous la présidence de Joe Biden que celle de Donald Trump. Le Mardi 4 Février 2025, lors d’une visite de Netanyahu à Washington, le président américain a proposé une idée farfelue, consistant à transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », en déplaçant les 2,4 millions de Gazaouis en Egypte et en Jordanie, et en prenant le contrôle de Gaza. Cette proposition est contraire au droit international, qui prévoit que tout déplacement forcé de population est considéré comme un crime de guerre. Dès le lendemain 5 Février 2025, la Jordanie et l’Egypte ont rejeté toute annexion de Gaza par les Etats-Unis et tout déplacement forcé des Gazaouis. L’Egypte a convoqué le 4 Mars 2025 un Sommet extraordinaire arabe qui a adopté un plan de relèvement et de reconstruction de Gaza pour un montant de 53 milliards de dollars sur cinq ans. Le 8 Mars 2025, l’Organisation de Coopération islamique (OCI) forte de 57 pays musulmans a adopté à Jeddah le plan arabe pour la reconstruction de Gaza.
Le Sommet du Caire a également dénoncé le revirement d’Israël concernant le plan de cessez-le-feu signé le 15 Janvier 2025 et entré en vigueur le 19 Janvier. Ce plan prévoit en trois phases de suspendre les opérations militaires dans la bande de Gaza, et de faciliter l’échange d’otages et de prisonniers. La première phase a respecté le cessez-le-feu, et a permis l’échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Elle s’est achevée le 27 Février 2025. Cependant, Israël a refusé d’appliquer la deuxième phase qui prévoit le retrait de son armée de la bande de Gaza, et la libération des derniers otages israéliens. Le 2 Mars 2025, Israël interdit tout passage de l’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne, et reprend les bombardements de Gaza le 18 Mars 2025.
En conclusion, On ne peut que déplorer la continuité de la guerre en Ukraine et à Gaza, qui fait de nombreuses victimes civiles dont des femmes et des enfants innocents. Aussi bien Poutine que Netanyahu justifient les dernières attaques, en indiquant faussement que leur armée vise des militaires ennemis, qui se servent de la société civile comme bouclier humain. Il faut regretter l’impuissance des Nations Unies qui sont incapables d’imposer la paix, du fait de la structure du Conseil de sécurité et du fameux droit de véto qu’il faut supprimer. Alors que des sanctions très sévères visent la Russie pour son agression en Ukraine, Israël ne subit aucune sanction, malgré l’émission de mandats d’arrêt le 21 Novembre 2024 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale, visant le premier ministre israélien Netanyahu et le ministre de la défense Gallant.
Le seul point positif à relever est la visite du président français Emmanuel Macron en Egypte du 6 au 8 Avril 2025, où il a condamné la reprise des frappes israéliennes à Gaza, et l’interdiction de l’acheminent humanitaire à la population gazaouie meurtrie par la pénurie de nourriture, d’eau, d’électricité, et de médicaments. Il a aussi promis la reconnaissance par la France de l’Etat palestinien au mois de Juin 2025. Ce n’est pas le cas des autres chefs d’Etat occidentaux qui restent silencieux, ou comme le président Trump apporte son soutien inconditionnel à Israël, et une position très laxiste vis-à -vis de Poutine.
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